L'Athée, ou l'Homme entre le vice et la vertu, drame en 4 actes, en vers, de Lombard, de Langres.
Pièce non représentée.
L'auteur la dit écrite quand il avait vingt-quatre ans (il est né vers 1765 : environ 1789 donc). Publiée en 1818, dédiée au roi de Prusse.
Sur la page de titre de la brochure, à Paris, librairie grecque-latine-allemande, 1818 :
L'Athée, ou l'Homme entre le vice et la vertu ; drame en quatre actes, Par Lombard de Langres.
. . . . . . . Il n'est point de dieu ! non !
– Va, de ce dieu déjà tu ressens la puissance ;
Le temps est écoulé, l'éternité commence.
L'Athée, derniers vers de la pièce.
Dédicace au roi de Prusse :
A SA MAJESTÉ
LE ROI DE PRUSSE.
Sire,
A une époque désastreuse de notre révolution, l'athéisme fut proclamé et dans les assemblées du peuple et du haut de la tribune nationale. Ce système fit, pour le moment, d'autant plus de prosélytes, qu'il étoit offert par l'ignorance à la cupidité.
Bien jeune encore, et foible par conséquent, j'entrepris de lutter contre le monstre. Pour le tenter avec quelque succès, il ne s'agissoit pas de l'attaquer dans l'ombre à l'aide d'écrits polémiques, qu'on eût couverts de ridicule s'ils eussent trouvé des lecteurs, mais bien de l'affronter publiquement sur la scène, là où la multitude affluoit plus que jamais.
Dans cette intention je composai la pièce de l'Athée. Les comédiens l'accueillirent; ils alloient la jouer, lorsque le procureur de la commune de Paris, qui s'étoit arrogé la censure de tous les ouvrages dramatiques, me déclara que le mien ne seroit-représenté qu'autant que je consentirois à changer le caractère des deux principaux personnages ; c'est-à-dire, que de l'Athée ferois un homme de bien, et du Déiste un scélérat. Pour toute réponse je saluai Chaumette et me retirai. Si j'avois accepté sa proposition, j'aime à croire, quelle que fût la démoralisation du jour, que le public assemblé auroit fait justice d'une pareille infamie.
Quoi qu'il en soit, des gouvernemens qui se succédèrent depuis lors, aucun ne consentit, soit pour une raison, soit pour une autre, que l'on jouât l'Athée.
De 1793 à 1818, les hommes et les choses se sont tellement pressés chez nous et refoulés sur eux-mêmes, que ce qui étoit vraiment pieux hier, seroit irréligieux aujourd'hui. Le déisme, enfant de la raison et de la reconnaissance, qui eût été pour la France un bienfait à certaine époque, y seroit maintenant un attentat contre le culte dominant. Quels que soient les argumens de l'Athée, ce n'est pas d'eux dont on me ferait un crime, et j'en sais bien la cause, mais on ne laissera pas jouer un drame dont la morale repose sur des maximes telles que celles-ci:
Tous les cultes sont bons, quand ils ont Dieu pour base.
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Dieu ne nous juge pas d'après notre croyance,
Ce sont nos actions qu'il met dans la balance,
.....................................................................
Oui, des peuples divers, si l'Éternel lui-même
Eût voulu recevoir un hommage pareil,
Pour qu'on n'altérât point sa volonté suprême,
Il eût gravé sa loi dans l'orbe du soleil.
Il faut donc que je renonce à voir jouer cette pièce ; l'amour-propre de l'auteur y gagne beaucoup peut-être en ce qu'elle eût pu ne point avoir de succès. Si au contraire elle renferme quelque chose de bon, d'utile, je me consolerai de sa non représentation, par l'espoir que VOTRE MAJESTÉ voudra bien agréer l'hommage respectueux que je lui fais de cet ouvrage, comme à un prince religieux qui, ne faisant acception d'aucun culte quand il repose
sur la Divinité, est loin d'adopter pour sa religion celle qui prononce anathème contre les autres.
Je suis, avec le plus profond respect,
SIRE,
DE VOTRE MAJESTÉ,
Le très-humble et très-obéissant serviteur
LOMBARD DE LANGRES,
ancien ambassadeur à la Haye.
NOTE SUR L'ATHÉE.
Une pièce allemande m'a donné l'idée de cet ouvrage. J'avois vingt-quatre ans quand je l'achevai : il y en a vingt-cinq qu'il fut reçu à l'unanimité par deux théâtres, celui des François et celui de la République.
Les rôles en furent distribués, à différentes époques, à MM. Monvel, Talma, Damas, Dugason et Michaud du théâtre de la République ; MM. Molé, Saint-Prix, Saint-Fal, Dazincourt et La Rochelle du théâtre Français ; mais, toujours au moment de jouer la pièce, les divers gouvernemens qui se succédèrent en arrêtèrent la représentation.
Sans parler des autres reproches qu'on pourra lui faire, l'Athée peut paroître défectueux sous plusieurs rapports ; c'est un drame; il n'a qu'une étendue de quatre actes ; les rimes en sont croisées ; je n'y ai point introduit de femmes.
Avec du travail, plusieurs de ces défauts eussent disparu, peut-être, sans les conseils d'un homme dont les talens, comme acteur et comme auteur, furent pour moi une autorité; je veux parler de Monvel. Si je citois ce qui me fut dit par lui au comité après la lecture de cette pièce, je serois un fat. Ce que je me permettrai de rapporter, c'est que, cette lecture finie, l'ouvrage reçu, il prit le manuscrit et me pria de l'accompagner. Arrivé chez lui, il en fit la lecture à haute voix et me dit ensuite : « Cette production est extraordinaire ; elle est d'un seul jet, retouchez quelques vers, mais gardez-vous d'y rien changer. »
Si, en fait d'ouvrage dramatique, l'opinion de Monvel, je le répète, étoit alors pour moi d'un grand poids, elle peut être nulle pour beaucoup. Je m'attends donc à des critiques, je dis à des critiques amères. Par le temps qui court, en littérature comme en politique, la décence et l'impartialité ne sont guère de mise.
Liste des personnages :
PERSONNAGES.
TERVILLE, athée.
LE LORD VARMON, déiste.
BELFORT, jeune homme entre le vice et la vertu.
JERWICK, vieillard, valet de Belfort.
THOM, valet de Terville.
WILLIAM, fripon aux gages de Terville.
Deux annonces.
La scène se passe à une lieue de Londres.
Trois personnages donc, un athée et un désiste, et un jeune homme hésitant entre vice et vertu. Deux d'entre est sont accompagnés d'un double le jeune homme est accompagné d'un vieillard, l'athée a à ses côtés un valet, et un fripon...
L'intermédiaire des chercheurs et curieux, Volume 28, n° 635 du 10 novembre 1893, p. 491 :
[Dans un revue érudite, une précision sur le destin de la pièce :]
La pièce dont il s'agit est, en effet, l'Athée ou l'Homme entre le vice et la vertu, drame en 5 actes, en vers, par Vincent Lombard de Langres, imprimée seulement en 1818, in-8°. Paris, H. Nicolle.
Reçu par le théâtre de la République, qui avait représenté en 1797 le Journaliste ou l'Ami des Mœurs, comédie en un acte, en vers, du même auteur, l'Athée fut relu et réinscrit le 6 messidor an VIII au Théâtre-Français, nouvellement réorganisé ; mais des ordres supérieurs en ont toujours arrêté la représentation.
G. Monval.
Le 6 messidor an 8 correspond à notre 25 juin 1800.
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