L’Auteur dans son ménage

L’Auteur dans son ménage, opéra comique en un acte, d'Étienne Gosse, musique d’Antonio Bartolomeo Bruni, 8 germinal an 7 [28 mars 1799].

Théâtre Feydeau.

Titre :

Auteur dans son ménage (l’)

Genre

opéra comique

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

oui

Date de création :

8 germinal an 7 [28 mars 1799]

Théâtre :

Théâtre Feydeau

Auteur(s) des paroles :

Étienne Gosse

Compositeur(s) :

Antonio Bartolomeo Bruni

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Huet et chez Caron, an 7 

L'Auteur dans son ménage, comédie en un acte, en prose, mêlée d'ariettes, Paroles du C. Gosse ; Musique du C. Bruni : Représentée pour la prmeière fois sur le théâtre Feydeau, le 8 germinal an sept de la République.

Courrier des spectacles, n° 766 du 9 germinal an 7 [29 mars 1799], p. 2 :

[La pièce montre les plaisirs qu'éprouve l'écrivain, mais aussi les difficultés qui naissent de la présence des autres, qui « viennent à rompre le fil de ses idées ». On a là une comédie de caractère, rare dans la production moderne, selon le critique. Un poète, bon père, s'occupe beaucoup de la formation morale et intellectuelle de sa fille. C'est le point de départ d'une intrigue amoureuse : la jeune Célestine est amoureuse, et son père ne s'en aperçoit pas. Il faut qu'un ami lui fasse écrire un poème vantant les mérites de celui qu'elle aime pour qu'il finisse par prendre conscience que sa fille est amoureuse, lorsque l'amant de sa fille glisse le nom de celle qu'il aime dans le poème que le père a composé pour ce charmant jeune homme. D'abord réticent le poète et père se laisse convaincre de « consentir à l'union des deux amans ». Le sujet est jugé faible, mais la pièce est gaie, drôle, pleine de détails qui suscitent l'intérêt. La musique est à l'image de toutes les productions de Bruni, « pleine de grace, d'un style facile ». Les auteurs ont été demandés et nommés. L'auteur des paroles est un débutant prometteur. Et le rôle de l'Auteur es tjoué de façon remarquable par Rézicourt : « chaleur, enthousiasme, variété, finesse ». Le public lui a fait une ovation. Demain, un article sur les autres acteurs...]

Théâtre Feydeau.

L’Auteur dans son Ménage, opéra donné hier pour la première fois à ce théâtre, est un tableau tout-à-fait agréable des douceurs que l’homme de lettres puise dans son enthousiasme pour la poésie, et en même tems des contrariétés qu’il éprouve lorsque les objets dont il est entouré, viennent à rompre le fil de ses idées.

Tel est le fonds de l’ouvrage qui vient d'obtenir un succès mérité : en un mot, c’est un caractere, avantage que présentent rarement les productions modernes.

Gérald, livré à tout l’enthousiasme de la poésie, donne cependant des soins assidus à l’éducation de Célestine sa fille, et la forme lui-même aux préceptes de la morale et de la philosophie ; a cette étude Célestine joint celle du dessin et de la musique. Parmi les savans qui composent la société de son pere, elle a distingué le jeune Alexis, neveu de Mainfroi, mathématicien, que Gérald affectionne particulièrement. Alexis a découvert à son oncle l’amour qu’il ressent pour Célestine ; mais celle-ci n’a osé faire qu’à sa mere l’aveu du retour dont elle paie les feux d’Alexis. Mainfroi emploie une ruse innocente pour instruire Gérald de l’ardeur dont brûlent les jeunes gens ; il vient prier le poëte de composer des couplets pour Alexis qui n’a d’autre talent que celui d’aimer sans oser déclarer son amour. Gérald se charge de composer cette déclaration ; non sans avoir vanté le mérite de la poésie et sa supériorité sur les mathématiques, ce qui amène une discussion d’un comique assez bon entre les deux enthousiastes. Mainfroi sort et Gérald emploie quelques instans à donner des leçons à Célestine, mais aux réponses de sa fille, et sur-tout à l’explication qu'elle donne d’un dessin allégorique ; il a lieu de s’appercevoir qu'elle a reçu secrètement d’autres préceptes de l’amour.

Gérald après s’être acquité de ce devoir se livre de nouveau à toute la chaleur de sa verve et compose la déclaration qu’Alexis a demandée pour celle qu'il aime. Mde Gérald a le malheur de venir annoncer l’arrivée d’Alexis, dans un instant où le compositeur est très-occupé ; l’impatience et l’humeur de Gérald vont si loin qu’il parle de divorcer ; ce mot cruel fait naître des alarmes que Gérald repentant a bientôt dissipées. Alexis paroit, Gérald lui lit les vers qu’il a composés pour lui : ils sont trouvés parfaits ; Alexis ravi demande à les chanter, et dans son délire y fait entrer le nom de Célestine : ce nom éclaire entièrement le pere sur les sentimens de sa fille : il les désapprouve. Mais Mainfroy survient et décide Gérald à consentir à l’union des deux amans.

Ce sujet, tout foible qu’il est, peut-être, est traité avec beaucoup de goût : il y règne une gaité vraie, une morale douce, un comique réel et des détails légers en augmentent l’intérêt : la musique est pleine de grâce, d’un style facile, et de cette aimable simplicité qui caractérise toutes les productions du cit. Bruni. Les auteurs ont été demandés et nommés : celui des paroles est le cit. Gosse qui, par ce premier ouvrage, annonce des dispositions avantageuses. On ne peut dépeindre l’étonnante originalité avec laquelle le cit. Rézicourt rend le rôle de l'Auteur : chaleur, enthousiasme, variété, finesse, tout dans son jeu prouve, l’acteur consommé : aussi a-t-il été obligé de se rendre aux acclamations du public qui l’a vivement applaudi. Nous parlerons dans un numéro prochain du jeu des autres acteurs.

Courrier des spectacles, n° 767 du 10 germinal an 7 [30 mars 1799], p. 2 :

[Après avoir repris les compliments faits à la pièce (vérité des caractères, détails choisis, bon comique et qualité de l'écriture compensant un plan faible et les inévitables longueurs), c'est le jeu des divers acteurs qui est commenté en termes très positifs : tout le monde joue bien !]

Théâtre Feydeau.

Théâtre Feydeau. La seconde représentation de l'Auteur dans son ménage a été aussi favorablement accueillie que la premiere. C’est un ouvrage auquel, si l’on peut reprocher la faiblesse du plan et quelques longueurs dans les premières scènes, on doit accorder de justes éloges pour la vérité des caractères, pour l’agrément des détails, le bon comique de quelques scènes, et le style soigné et souvent éloquent. En un mot, l’auteur, le citoyen Gosse, s’est vivement pénétré du caractère de son principal personnage. Nous ne parlerons pas du jeu excellent du citoyen Rézicourt, dans le rôle de l’Auteur, c’est celui d’un comédien consommé, et l’on ne peut trop le louer sur la maniere originale et piquante avec laquelle il a créé le personnage de Gérald. La citoyenne Auvray y fait preuve d'un aplomb admirable dans le petit rôle de Mde Gérald, et la citoyenne Augustine Lesage rend celui de Célestine avec une candeur, une ingénuité, et une vérité qui fait honneur au talent distingué de cette aimable actrice. Les autres rôles, très-peu importans, ont été remplis avec ensemble par les citoyens Lebrun et Dessaules.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 4e année, 1799, tome VI, p. 412-413 :

[Opéra comique qui a obtenu du succès, sur un sujet que le critique juge « foible ». Il vaut surtout par « des tableaux et des situations qui ont fait plaisir » (le fameux « qui ont fait plaisir », qui n'engage pas beaucoup). Sont cités l’acteur principal et les deux auteurs, l’un débutant, l’autre auteur d’une musique «  agréable et gracieuse ».]

L'Auteur dans son ménage, Opéra à Feydeau.

Ce petit opéra a obtenu du succès : en voici le sujet.

Gerald, livré à la poésie, donne cependant tous ses soins à l'éducation de Célestine sa fille : celle-ci, parmi les savans qui composent la société de son père, a remarqué Alexis, neveu de Mainfroi, mathématicien, que Gerald affectionne particulièrement. Alexis n'ose déclarer sa flame au père, et Mainfroi s'en charge : il emploie pour cela une ruse innocente, et prie Gerald de lui composer deux couplets pour son neveu, qui est amoureux. Gerald les fait et les donne à Alexis, qui les admire, demande à les chanter, et y place étourdiment le nom de Célestine. Gerald s'irrite ; mais Mainfroi survient, et le décide à consentir à l'union des deux amans. Ce sujet étoit foible ; mais l'auteur a su y faire entrer des tableaux et des situations qui ont fait plaisir. La scène entre le poète et le mathématicien, qui disputent sur la supériorité de leur art, est d'un bon comique ; et celle où Gerald, interrompu par sa femme, s'emporte, veut divorcer, au moment même où il composoit une pièce sur les douceurs de. l'hymen, est on ne peut pas plus plaisante, sur-tout par la manière dont il entremêle ces mots : Céleste hymen ! Au diable ma femme !

Le citoyen Rezicour a parfaitement joué le rôle du poëte. Les auteurs sont le citoyen Gosse, dont cet opéra est le premier ouvrage, et le citoyen Bruni, dont la musique est agréable et gracieuse.

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