L'Auteur d'un moment, comédie en un acte, en vers & en vaudevilles, de François-Pierre-Auguste Léger, 24 février 1792.
Théâtre du Vaudeville.
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Titre :
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Auteur d'un moment (l’)
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Genre
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comédie
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Nombre d'actes :
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1
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Vers / prose
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envers
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Musique :
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non
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Date de création :
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17 février 1792
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Théâtre :
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Théâtre du Vaudeville
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Auteur(s) des paroles :
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Pierre-Auguste Léger
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Les Folies d'un mois, à deux liards par jour. Quatrième mois. N° 20, p. 1 :
[Journal hostile aux Jacobins, qui montre ici quelle ambiance pouvait régner dans les salles de théâtre, même auteur d'une pièce assez innocente... La date de rédaction de cet article ne m'est pas connue.]
On donnoit, au théâtre du Vaudeville, l'Auteur du moment. Les Jacobins, qui portent le désordre par-tout, voulurent troubler le spectacle, et faire la loi au plus grand nombre. Un officier municipal observa que les honnêtes-gens, qui demandoient qu'on répétât un couplet, formoient la majorité ; un Jacobin répondit naïvement que cela n'étoit pas vrai.
A ce même théâtre, un Jacobin eut l'audace d'avouer qu'il l'étoit, et de défier tous les spectateurs.C'est l'affaire du bourreau, répondit quelqu'un, et on se le tint pour dit.
L'Esprit des journaux français et étrangers, vingt-unième année (1792), tome VI (juin 1792), p. 349-352 :
L'Auteur du moment, comédie en un acte, en vers & en vaudevilles.
Damis, jeune poëte à la mode, a pour ami & pour appui, Baliveau, vieillard qui a la manie de protéger, & qui s’est amusé jadis aux dépens-des hommes célebres du siecle, de Rousseau lui-même. Ces deux amis se congratulent modestement, & Baliveau ne craint pas de chanter à Damis, sur l'air : Va-t'en voir s'ils viennent, Jean :
Entre nous, sans nul débat,
Partageons la pomme.
Chacun de nous, dans l'état,
Doit être un grand homme :
Nous ferons par-tout la loi
Dans notre carriere :
Tu seras Racine, & moi
Je serai Moliere.
Cependant Damis aspire à la main de Mde de Volnange , jeune veuve, qui se moque de lui Sa suivante même, en apprenant le projet qu'elle a conçu pour éconduire l'auteur, chante ce couplet malin , que le public a fait répéter :
Air : Regards vifs & joli maintien.
Je suis au comble de mes vœux ;
Enfin, Madame, je respire :
Il faut que le fat à nos yeux
De honte & de fureur expire.
Se voir berné par un pédant
Est bien fâcheux sur ma parole :
Des rois quoiqu'il soit le régent,
Sans respect pour son rudiment,
Il faut l'envoyer (bis) à l'école.
Le jardin de Mde. Volnange eſt orné des bustes des plus grands auteurs. Un piédestal isolé semble en attendre encore un ; Damis se flatte d'y voir poser le sien, lorsque Lourdet, son valet, garçon blême & maigre, attendu, dit-il, que
Plus le maître vit de gloire,
Plus le valet meurt de faim.
Lourdet vient lui apprendre qu'une troupe d'auteurs vouloit de son nom décorer une rue :
Air : Tout roule aujourd'hui dans le monde.
Mais hélas ! ils venoient nous dire
Que, malgré leur peine & leur soin,
lls n'avoient pu, pour vous inſcrire,
Trouver de rue un petit coin ;
Tout étoit occupé d'avance :
Mais, si ça peut vous convenir,
Ils ont encor, pour récompense,
Un cul-de-sac à vous offrir.
Enfin, un cousin de Mde. Volnange vient persiffler l'auteur à la mode & son défenseur :: on apporte en effet un buste ; mais c’est celui de Rousseau Nos deux amis se voyant dupés se retirent furieux, sur-tout Baliveau, qui venoit de tracer des vers pour son cher Damis, & à qui l'on dit :
A merveilles, Monsieur ; envers l'auteur d'Emile
Vous n'avez pas toujours usé du même style.
Lourdet, lui-même, quitte le poëte son maître, pour aller servir un traiteur, & tout le monde rit à leurs dépens. Cette jolie pieee, écrite moitié en vers & moitié en vaudevilles, est remplie de couplets piquans & d'un excellent persifflage. Le public, qui l'a applaudie avec transport, a fait répéter plusieurs couplets très-ingénieux, & a demandé l'auteur : M. Léger, qui y joue avec beaucoup de comique le rôle de Lourdet, est venu dire que l'auteur désiroit garder l'anonyme : en voyant M. Léger, on n'a pas eu besoin de savoir son nom. Mlles. Barral, Sarra-Lescot, & Mrs. Chapelle, David & Vertpré, prouvent, dans cette piece, que les sujets de ce théatre, font tous les jours des progrès. Le public n'a pas manqué de faire des applications dans cet ouvrage malin ; mais décent. Au surplus, si quelques auteurs à la mode, croient se reconnoitre dans Damis & Baliveau, qu'ils se rappellent, pour s'en consoler, qu'Aristophane mit autrefois sur la scene, d'une maniere plus sanglante, Socrate & Euripide, qui valoient bien nos grands hommes du jour, & que tout ce qui tient au genre d'Aristophane, est du domaine du vaudeville
Agréable, indiscret, qui, conduit par le chant,
Vole de bouche en bouche & s'accroît en marchant.
Je n'ai pas trouvé trace de cette pièce dans la base César.
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