L'Avare et son Ami, comédie en un acte, de Radet et Raboteau, 19 germinal an 9 [9 avril 1801].
Théâtre du Vaudeville.
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Titre :
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Avare et son ami (l’)
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Genre
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comédie
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Nombre d'actes :
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1
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Vers / prose
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en prose, avec des couplets en vers
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Musique :
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vaudevilles
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Date de création :
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19 germinal an 9 [9 avril 1801]
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Théâtre :
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Théâtre du Vaudeville
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Auteur(s) des paroles :
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Radet et Raboteau
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Almanach des Muses 1802
Sur la page de titre de la brochure, Paris, au Théâtre du Vaudeville et chez Barba, an ix :
L'Avare et son ami, comédie en un acte et en prose, mêlée de vaudevilles. Par les Citoyens Radet et Raboteau. Représentée pour la première fois sur le Théâtre du Vaudeville, le 19 Germinal, an 9.
Courrier des spectateurs, n° 1502 du 20 germinal an 9 [10 avril 1801], p. 2-3 :
[La pièce a connu le succès, malgré les longueurs de l'exposition (reproche plus que récurent !), et grâce à « de jolis détails, des couplets agréablement tournés » qui compensent les défauts remarqués. L'intrigue tourne autour d'une somme d'argent volée à un avare, récupérée par un ami de l'avare qui ne la rend pas, mais la fait fructifier. Cet argent permettra de rendre possible le mariage des enfants de l'avare et de son ami. Les auteurs ont été nommés, un sifflet ayant troublé cet instant important. L'article s'achève par deux couplets « généralement redemandés », chantés par l'ami de l'avare, et qui sont idéologiquement loin d'être neutres : ils insistent sur le rôle du « guerrier qui défend nos droits », du « sage qui fonde nos loix » (un personnage ou deux ?), et dont le rôle dans la société est jugé si important. Le second couplet revient sur la profondeur de la transformation que la société connaît, du fait de la nature, mais aussi « Du Ciel l'éternelle bonté ». Décryptage difficile ! Les dernières lignes soulignent la qualité de l'interprétation : qualité de leur jeu, l'acteur qui joue l'avare ayant rendu son rôle « avec beaucoup de vérité ».
Théâtre du Vaudeville.
L'Avare et son ami, en un acte, donné hier pour la première fois à ce théâtre, obtint un succès mérité. Ce n’est pas que cet ouvrage ne présente des longueurs dans les scènes d’exposition, mais viennent ensuite de jolis détails, des couplets agréablement tournés, qui ont fait oublier les défauts qu’on y avoit d’abord remarqués.
Sainville a reçu chez lui et nourrit depuis un an son ami, nouvel Harpagon à qui un jeune homme a volé alors une somme considérable. Mais le voleur a eu des remords et il a rapporté l’argent non à son propriétaire, mais à Sainville. C’est avec le produit de la somme mise en circulation dans le commerce que cet homme généreux gardant ce dépôt sous le sceau du secret, entretient son ami et sa fille, pour laquelle le jeune Sainville n’est pas indifférent. Ils doivent être unis précisément le jour de l’anniversaire du vol fatal.
L’Avare a fait quelques réflexions d’après lesquelles il s’oppose à l’union projettée ; il trouve que Sainville n’est pas assez économe, et que le fils d’un dissipateur ne pourra que ressembler à son père. Mais Sainville combat ses raisons, lui avoue qu’il est possesseur de son argent, et lui explique l’usage qu’il en a fait. L’Avare se rend à tant de générosité.
Les auteurs ayant été demandés, un sifflet se fit entendre ; on nomma les citoyens Raboteau et Radet.
Voici deux couplets chantés par Sainville, et qui furent généralement redemandés :
Air : de Molière à Lyon.
Au guerrier qui défend nos droits
L'état vengé doit la victoire,
Au sage qui fonde nos loix
Il doit une plus belle gloire.
Pour le nourrir, de toutes parts
Du laboureur le bras s'exerce ;
Sa parure est dans les beaux arts,
Mais son ame est dans le commerce.
Air : Femmes, voulez-vous éprouver ?
Le soleil pompe les vapeurs
Qu’exhale la terre embrâsée.
La tendre Aurore sur nos fleurs
La distille en douce rosée.
Du Ciel l’éternelle bonté
Réglant ses dons avec mesure,
Impose à la société
Les mêmes loix qu’à la nature.
Les cit. Vertpré, Lenoble et Hippolite, et mesdames Blosseville et Arsène contribuèrent par leur jeu au succès de l’ouvrage ; le citoyen Chapelle sur-tout, chargé du rôle de l’Avare, le rendit avec beaucoup de vérité.
F. J. B. P. G***
Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, VIe année (an ix-1801), tome VI, p. 412-413 :
[La pièce est placée sous l'invocation de la pièce de Molière, que le couplet d’annonce invite à ne pas comparer avec la faible esquisse qui va être jouée. Bref résumé de l’intrigue (un peu moralisatrice, mais le critique n’en dit rien, assez invraisemblable, mais le critique n'en dit rien), jugement modéré : « Les couplets sont peu saillans, mais les contrastes bien établis, et le rôle de l'Avare assez bien fait ». Trois acteurs sont mis en avant (et en particulier une jeune débutante, qui est pleine de promesses, mais qui doit continuer à travailler si elle veut les tenir.]
Théâtre du Vaudeville.
L'Avare et son ami.
Un petit succès a suivi cette pièce jouée le 10 germinal.
Couplet d'annonce.
Air du vaudeville d'Honorine.
Notre annonce est bien téméraire,
Je suis, vraiment, forcé d'en convenir.
Traiter l'Avare après Molière,
Comment jamais pouvoir y parvenir.
Pour que votre bonté propice
Protège l'Harpagon nouveau,
En voyant la petite esquisse,
Ne songez pas au grand tableau.
L'Avare, à qui on a volé sa cassette, il y a un an, loge chez un de ses amis, dont le fils est amoureux de sa fille. Cet ami est, non pas prodigue, mais bienfaisant et généreux. Notre Avare ne veut pas donner sa fille au fils de son ami, par la raison qu'il doit se ruiner par sa conduite extravagante, surtout en exposant, comme il le fait, ses fonds dans le commerce. Il est forcé de consentir à tout, quand il apprend que sa cassette, qui lui avoit été volée, a été remise à son ami, qui a fait valoir son argent, et lui a acheté la maison dans laquelle il loge depuis un an. Il se corrige subitement, et tout le monde est content. Les couplets sont peu saillans, mais les contrastes bien établis, et le rôle de l'Avare assez bien fait. Il est très-bien joué par le C. Chapelle, ainsi que celui de l'ami par le C. Verpré. La jeune Arsène, qui a débuté depuis peu à ce théâtre, et qui joue le rôle de la fille de l'Avare, joint, à une charmante figure, beaucoup de graces et de décence, et promet beaucoup, si elle continue à travailler.
La pièce est des CC. Rabotot et Radet. T. D,
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