L'Avènement de Mustapha au trône, ou le Bonnet de vérité

L'Avènement de Mustapha au trône, ou le Bonnet de vérité, comédie en un acte, en vers ; par M. Riouf, couplets de M. Dugazon, 11 octobre 1792.

Théâtre de la République, rue de Richelieu.

La base César, comme la Biographie rouenaise de Th. Lebreton (Rouen, 1865), p. 325, disent que la pièce est en 3 actes. Et Lebreton orthographie le nom de l’auteur Riouffe.

Titre :

Avènement de Mustapha au trône (l’), ou le Bonnet de vérité

Genre

comédie

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

en vers

Musique :

oui (couplets)

Date de création :

11 octobre 1792

Théâtre :

Théâtre de la République, rue de Richelieu

Auteur(s) des paroles :

Riouf, Dugazon (pour les couplets)

Mercure universel, tome 20, n° 589 du dimanche 14 octobre 1792, p. 223 :

[Encore une pièce un peu particulière, à laquelle il faut accorder un traitement peu sévère, car elle n'a pas « un sujet purement dramatique ». Elle combine deux caractères qu'on retrouve souvent : elle se situe dans un Orient de fantaisie, reconnaissable au nom du personnage principal et aux fonctions ottomanes citées ; et elle utilise le procédé du talisman, ici un bonnet qui force l'interlocuteur à dire la vérité. Il fonctionne parfaitement, et son propriétaire l'emploie en présence de Mustapha, le souverain, et tous lui disent « les vérités les plus dures ». Mustapha se désole d'être aussi mal entouré, et traite le propriétaire du bonnet de Jacobin. La pièce dit des choses qui auraient eu tout leur poids si elle avait été jouée avant le 10 août, quand on pensait pouvoir encore « convertir les rois », mais ce temps d'illusions est terminé. Les couplets, oeuvre de Dugazon, ont été applaudis : « ils ont relevé la pièce » (qui en avait donc besoin). Le plus applaudi est celui qui « proclame l'abolition » de ce que le critique juge un usage quasi féodal, « le salut des acteurs à la fin de chaque pièce » : on ne doit plus « s'incliner que devant la loi ». L'auteur; demandé, a été nommé.]

Theatre de La Republique.

On a donné jeudi la première représentation de l'Avénèment de Mustapha au trône, ou le Bonnet de vérité.

Le motif louable de cette production doit exclure la sévérité avec laquelle nous traiterions un sujet purement dramatique.

Un Arménien possède un petit bonnet bien précieux : toute [sic] les fois qu'il le place sur sa tête, ce bonnet a la vertu de faire dire la vérité aux personnes présentes. D'après cette donnée, on conçoit toute la pièce. Un harangueur qui fait un discours à Mustapha, commence par un éloge pompeux, et dès que l’Arménien se couvre, notre orateur débite les vérités les plus dures ; un muphti et un pacha éprouvent successivement le même sort, le tyran voit qu’il n’est entouré que de frippons, il gémit sur sa destinée, il taxe l’Arménien de Jacobin envoyé comme missionnaire dans ses états.

Cette production renferme des sentences qui eussent été exellentes [sic] avant l’époque du 10 août, lorsqu'on croyoit encore possible de convertir les rois ; mais aujourd'hui que le meilleur passe pour un fléau, elles ne sont que des contre-vérités.

La pièce est terminée par des couplets de la façon du citoyen Dugezon. Ils ont relevé la pièce. On a beaucoup applaudi celui par lequel l’auteur demande et proclame l’abolition de cet usage antique et presque féodal du salut des acteurs à la fin de chaque pièce. Depuis que ces citoyens sont rentrés dans leurs droits, ils ne doivent s’incliner que devant la loi.

On a demandé l’auteur de la pièce ; c’est le citoyen Rioufle [sic].

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1793, volume 1 (janvier 1793), p. 373-375 :

[Article repris du Journal encyclopédique ou universel, année 1792, tome VIII; 10 novembre, n° XXXI, p. 381-383 (Journal encyclopédique, tome LXXIV, juillet-décembre 1792, Slatkine Reprints, 1967).

Ce compte rendu semble d’abord présenter une sorte de féerie, mais apparaît assez l’intention politique de l’auteur : les différentes interventions critiquent tour à tour les religieux, puis les conspirateurs assoiffés d’argent, avant que le bonnet magique fasse dire à l’épouse du sultan des « vérités fâcheuses pour un mari ». Mais tout finit pour le mieux : chacun, encouragé à dire ce qu’il pense par ce merveilleux bonnet, fait l’éloge de la nouvelle situation politique de la France. Après cette présentation d’une pièce purement anecdotique, le jugement, sévère : la pièce n’a pas réussi, et la cause invoquée, ce sont les habituelles longueurs, faciles à faire disparaître. L’auteur est encouragé : « son but est louable & sa morale parfaitement à l'ordre du jour : à ce titre seul, il mériteroit des éloges ». A la fin, évocation du rôle de Dugazon, chanteur plein d’énergie, et auteur des couplets, dont certains sont qualifiés de « patriotiques ».]

THÉATRE DE LA RÉPUBLIQUE, RUE DE RICHELIEU

Cette piece n'a pas eu un un très-grand succès, malgré l'excellente morale & le patriotisme qui y regnent. Un docteur arménien arrive à Bysance précisément le jour de l'avénement du grand-sultan au trône. Ce docteur possede un bonnet magique qui a la propriété , lorsqu'il le met sur sa tête, de forcer tous ceux avec qui il est en scene, à dire la vérité, à dévoiler le fonds de leur pensée. Celui qui doit complimenter le sultan, est le premier qui fait l'épreuve de ce bonnet singulier. Mustapha paroît avec toute sa cour, l'orateur vent le haranguer ; mais soudain l'Arménien met son bonnet, & l'orateur, forcé par un pouvoir surnaturel, débite au prince, non les flatteries d'usage en pareil cas, & qu'il avoit préparées, mais les vérités les plus dures pour lui. Le sultan s'emporte : le pouvoir du bonnet est reconnu, & Mustapha veut en faire l'épreuve sur le grand muphti, sur le visir, &c. &c. Le muphti soudain dépose son masque, & découvre au sultan tout le secret des prêtres, leur ambition & les moyens qu'ils emploient pour dominer les esprits des crédules mortels. Le grand-visir fait connoître un plan de conjuration qu'il a formé avec les principaux bachas, pour s'enrichir aux dépens du sultan & du peuple. Mustapha, indigné de se voir entouré de traîtres, ordonne qu'on leur inflige des punitions terribles ; mais bientôt il fait lui-même l'épreuve du bonnet : entraîné par la force de la vérité, il ne peut y résister ; mais il s'emporte contre le docteur arménien, &, pour le punir de lui en avoir donné une trop forte dose, il le dévoue à la mort. La femme de l'orateur éprouve à son tour le fameux bonnet qui lui fait dire les vérités les plus fâcheuses pour un mari : enfin le sultan, aveuglé une seconde fois par ses flatteurs, fait grace à tous les coupables, &, pour achever gaiement la cérémonie, il ordonne à l'Arménien de mettre son bonnet, afin que tout le monde puisse dire ce qu'il pense. Ceci amene des couplets où chacun exprime le désir qu'il a de quitter sa terre d'esclavage, pour aller habiter la république françoise, y combattre les ennemis de ce peuple généreux, & jouir en un mot des bienfaits de la liberté & de l'égalité.

Cet ouvrage a été écouté froidement, peut-être parce qu'il y a quelques longueurs que l'auteur peut faire aisément disparoître ; mais son but est louable & sa morale parfaitement à l'ordre du jour : à ce titre seul, il mériteroit des éloges. Le public l'a demandé : le citoyen Perlet est venu dire que la piece étoit du citoyen Riouf, mais que les couplets de la fin étoient du citoyen Dugazon. Le citoyen Dugazon rend d'une maniere très-comique le rôle de l'orateur, & ses couplets sont très-bien adaptés à la situation de chaque personnage. Le public en a redemandé plusieurs, ainsi que d'autres couplets patriotiques qui sont apparemment aussi de sa composition , & que le citoyen Dugazon a chantés avec beaucoup d'énergie.

A.A.F. Babault, Menegault, Annales dramatiques, ou Dictionnaire général des théâtres, Volume 1, p. 429-430 :

AVÉNEMENT DE MUSTAPHA (1'), ou le BONNET DE VÉRITÉ, comédie en un acte et en vers, de MM. Riouffe et Dugazon, au Théâtre de la Rue de Richelieu, 1792.

Cet ouvrage d'un genre singulier, dont la Queue de Vérité a probablement fourni le sujet, fut écouté très-froidement par le public, et n'obtint que fort peu de succès.

La Queue de vérité est une pièce de Lesage, Fuzelier et d'Orneval, créée sur le Théâtre de la Foire en 1720.

D’après la base César, la pièce est appelée l'Avènement du [sic] Mustapha au trône. La pièce serait en trois actes (mais les sources contemporaines la disent en un acte seulement). Elle est considérée comme d’auteur inconnu. Elle aurait eu deux représentations : 11 et 12 octobre 1792.

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