L'Aventurier

L'Aventurier, opéra-comique en trois actes, de Leber, musique de Catruffo, 13 novembre 1813.

Théâtre de l'Opéra-Comique.

Titre :

Aventurier (l’)

Genre

opéra-comique

Nombre d'actes :

3

Vers / prose

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

oui

Date de création :

13 novembre 1813

Théâtre :

Théâtre de l’Oéra Comique

Auteur(s) des paroles :

Leber

Compositeur(s) :

Catruffo

Almanach des Muses 1814.

Imitation de l'Aventuriere onorato de Goldoni.

Poëme faible ; musique agréable, mais qui prouve que l'auteur a besoin encore d'étudier la scène.

Double début ; succès d'encouragement.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 18e année, 1813, tome VI, p. 186-189 :

[Comme l’emprunt est évident, et affirmé même par l’auteur, comment ne pas rendre compte de la pièce nouvelle en la plaçant en regard de celle de Goldoni (qui devient même le personnage central de la pièce nouvelle ?) Une fois l’intrigue résumée, le critique montre les différences de la pièce française : il a fallu modifier (ou supprimer ?) « quelques scènes qui auroient été réprouvées par la délicatesse de nos convenances théatrales. Réduction aussi du nombre de gens qui reconnaissent l’aventurier, et remplacement du personnage italien, trop sulfureux, par « une Hortense insignifiante » qui veut le tromper par vengeance. Le poème n’attire pas de commentaires : il est tellement proche de celui de Goldoni. La musique, elle, recueille de beaux compliments : elle «  est simple et chantante, peu chargée d'accompagnemens » (c’est un compliment !), de beaux morceuax sont signalés, avant de faire l’éloge de deux des interprètes.

THÉATRE DE L'OPÉRA COMIQUE.

L'Aventurier, opéra comique en trois actes, joué le 13 novembre.

Goldoni donna une comédie intitulée : l'Avventuriere onorato, dans laquelle on imagina qu'il s'étoit peint lui-même sous le nom de Guglielmo, Il en convient dans la dédicace qu'il fit de cette pièce à la marquise Lucrezia Bentivoglio-Rondinelli, ainsi que l'atteste le passage suivant que nous traduisons :

« Quelques-uns de ceux qui ont vu représenter sur le théâtre mon Honnête Aventurier, reconnoissant dans ses aventures quelques-unes de celles qui me sont arrivées à moi-même, ont cru que j'avois choisi ma propre personne pour sujet d'une comédie. Je n'assure pas que cela soit vrai, mais je ne nie pas non plus qu'il ne se trouve qnelqu'analogie entre le protagoniste et l'auteur. La patrie, le caractère, les diverses professions de mon pauvre Guillaume, et même « jusqu'à ses persécutions peuvent facilement se retrouver en moi. »

L'auteur français étoit assez autorisé par ce demi-aveu à faire jouer à Goldoni lui-même le rôle de l'aventurier.

La scène se passe à Gênes. Un homme, distingué par ses manières, sa tournure et son esprit, est parvenu à gagner le cœur de Livie, veuve, jolie, jeune et riche. Elle ne le connoît pourtant que sous un nom de baptême ; elle ignore son pays, sa naissance, son état ; mais elle l'aime. Tout-à-coup, elle en apprend beaucoup plus qu'elle n'en voudrait savoir; des vieillards ridicules, qui aspirent à sa main, reconnoissent l'étranger, l'un pour un avocat de Pise, l'autre pour un médecin de Bologne ; un jeune page de la veuve retrouve en lui le régent sévère qu'il a vingt fois donné au diable au collège de Pavie ; cette triple contradiction jette dans les idées de Livie un trouble qui s'accroît encore quand son amant convient de bonne grâce qu'il est celui que chacun reconnoît.

Bientôt les deux amans surannés, s'aperçoivent qu'ils ont dans l'aventurier un rival préféré, s'unissent pour lui susciter des persécutions et le forcer à quitter le pays: mais les raisons qui l'obligeoient à garder l'incognito n'existent plus ; on a reconnu la fausseté d'une accusation portée contre lui ; le Podesta le dédommage des désagrémens auxquels il a été exposé, par les égards dûs au talent et à la vertu ; et la main et la fortune de Livie deviennent pour lui une récompense plus douce et plus solide.

Cette analyse est tout-à-la-fois celle de la comédie de Goldoni et de l'opéra nouveau, à l'exception de quelques scènes qui auroient été réprouvées par la délicatesse de nos convenances théatrales. On a réduit de six à trois le nombre des personnages qui reconnoissent l'aventurier, et par conséquent celui des diverses professions qu'il a exercées : on a encore supprimé une Eleonora qui trafique, pour ainsi dire, de son amant; mais elle n'est remplacée que par une Hortense insignifiante à laquelle l'aventurier a fait jadis la cour à Livourne, et qui veut, pour s'amuser, lui faire essuyer une petite mystification.

L'auteur de cet opéra est M. Leber. La musique de M. Catruffo est simple et chantante, peu chargée d'accompagnemens. On y a remarqué un joli petit air et un morceau plein d'esprit et d'originalité : c'est une scène dans laquelle Goldoni, dont on veut mettre à l'épreuve les divers talens, dicte à la fois une consultation d'avocat, une ordonnance de médecin, et fait à Livie une déclaration d'amour en lui donnant une leçon de poésie.

Quelle musique n'embelliroit pas la voix et le goût de Madame Duret ! On peut lui attribuer une partie du succès de l'Aventurier, dont Huet a joué le rôle avec beaucoup d'intelligence.

Mémorial dramatique, ou Almanach théâtral pour l'an 1814, huitième année (1814), p. 81 :

[A noter : les deux auteurs sont des débutants, et cela leur vaut « l'indulgence qu'on a pour les débutans » : leur succès tient aussi à cela.]

L'Aventurier, opéra-comique en 3 actes, paroles de M. Leber, musique de M. Catruffo (13 novembre.)

L'auteur nous a fait connaître avant la représentation, l'emprunt qu'il a fait à Goldoni, du sujet de son Aventurier. Ainsi nous nous dispenserons de donner l'analyse de la pièce française, qui peut s'appliquer avec la plus rigoureuse exactitude à la comédie vénitienne.

M. Leber a cru pouvoir faire de Goldoni le héros de sa pièce, parce que Goldoni paraît s'être peint lui-même dans l'Aventurier, et que le personnage de l'opéra devient plus intéressant.

Le poëme et la musique de cet ouvrage sont de deux auteurs inconnus, et qui ont fait ensemble leurs premières armes ; le succès qu'ils ont obtenu est flatteur sans doute, mais ils le doivent un peu à l'indulgence qu'on a pour les débutans.

Selon Nicole Wild et David Charlton, Théâtre de l'Opéra-Comique Paris : répertoire 1762-1972, p. 150, l’Aventurier a été joué jusqu’en 1815, avec une reprise dans une réduction en un acte le 15 juin 1814.

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