Les Amans anglais

Les Amans anglais, drame en trois actes et en vers, de Jospeh Aude, 27 octobre 1791.

Théâtre Montansier.

Le nom de l'auteur est donné par le Mercure universel, tome 10, n° 274 du jeudi 1er décembre 1791, p. 16 : elle est « de M. Aude » (à deux reprises, le même journal donnera comme nom d'auteur M. Audel...)

Mercure universel, tome 8, n° 243 du samedi 29 octobre 1791, p. 448-449 :

[La première représentation a été un succès (plus loin, le critique dira que la pièce a déjà été jouée), d'autant que l'auteur, dont le nom n'est pas donné, a joué dans sa pièce. L'intrigue est résumée rapidement : un père qui refuse que son fils se marie avec celle qu'il aime, à cause de ses préjugés aristocratique, malgré les conseils d'un ami. Le père ne cédera que lorsqu'il verra que son fils, qui a fait un mariage secret, risque de se suicider. Tout finit heureusement, la réconciliation familiale étant présentée comme la victoire de la nature qui « reprend ses droits ». Le jugement du critique insiste d'abord sur le caractère austère d'une pièce très morale, présentée comme « un code de sentiment », appréciée seulement par ceux qui « préfèrent force tirades à un dialogue vif et coupé » (manière délicate de dire que la pièce est ennuyeuse).Déjà jouée, à Versailles comme à Paris, elle montre que l'auteur a autant d'esprit que de cœur (un joli compliment)  deux citations le montrent. Félicitations aux interprètes. Et le spectacle s'est achevé par un « petit opéra » comique, juste compensation des pleurs que le drame avait fait verser.

Les Amans anglais a en effet déjà été joué, une fois à Versailles en 1778, trois fois à Bruxelles, en 1781 et 1782, d'après la base César : la pièce s'appelait alors l'Héloïse anglaise. Elle est disponible dans Gallica (la couverture de la brochure publiée en 1788 situe la première en 1779, « devant leurs Majestés ». et donne une liste de villes où elle a été joéue : « Rouen, Nantes, les principales villes de France »]

Theatre de Mademoiselle Montensier.

La première représentation des Amans Anglais, drame en 3 actes et en vers, donnée hier, à [sic] obtenu beaucoup de succès ; le début de l’auteur dans son ouvrage ajoutoit un nouveau degré d’intérêt à la pièce.

On pourroit appeller ce drame le triomphe de la nature sur les préjugés ; en voici le fonds : deux amans s’aiment éperduement ; le pere entiché de fausses idées de noblesse s’oppose fortement à leur union ; les conseils d'un ami sensible et généreux ne pouvant vaincre sa résistance obstinée ; les amans s’unissent secrètement ; fureur du pere, qui ne s’appaise que par la vue du danger que court le jeune époux, qui veut se brûler la cervelle ; la nature reprend ses droits, et les époux obtiennent grace.

Ce drame est un code de sentiment, chaque couplet une dissertation philosophique ; cette pièce à [sic] beaucoup plû à ceux qui aiment ce genre, et préfèrent force tirades à un dialogue vif et coupé. Cette production, (jouée déjà à Versailles avec succès et depuis à Paris sur un petit théâtre) fait honneur au cœur du poëte autant qu'à son esprit ; pour en juger il suffit de citer ces vers :

« L’honnête homme croit voir ses vertus dans un antre.

« L’hymen doit unir deux amans vertueux
» L’un fut-il roi du monde, et l’autre sans ayeux.

M. Damas à déployé beaucoup d’intelligence dans le rôle de Fonrose ; nous suivons avec plaisir ce jeune acteur dans ses rapides progrès. Mademoiselle Mars à répandu de l’intérêt sur celui de Clarie.

On donnoit ensuite un petit opéra, intitulé L'à-propos de la nature ; il est venu fort à-propos pour faire rire, après un drame pleureur, que l’on sentiroit bien plus vivement si tous les spectateurs étoient des amans.

La base César ne connaît pas l'auteur des Amans anglais. Elle fournit une liste de 23 représentations au Théâtre de Montansier, du 27 octobre 1791 au 22 août 1793 (13 représentations en 1791, 7 en 1792, 3 en 1793). S'y ajoute une représentation supplémentaire, le 5 septembre 1793, au Théâtre National.

L'attribution à Aude est d'autant plus évidente que, selon Casimir-Alexandre Fusil, La contagion sacrée, ou Jean-Jacques Rousseau de 1778 à 1820 [Paris, 1932], « doué d'une admirable ténacité, Aude intercale les Amans Anglais dans une pièce intitulée l'Acteur embarrassé. Curieux emboîtage : cet acteur est un jeune homme qui a la passion du théâtre ; elle est contrariée par la jeune veuve qu'il aime ; et pour gagner sa cause, il lui joue les Amans Anglais. La pièce, représentée au théâtre de Mlle Montansier, en février 1792, fut assez bien accueillie, nous dit le Journal des Théâtres. »

D'après Alexis DUREAU, Notice sur Joseph Aude, etc. (Extrait du volume 5 des Annales de la Société Littéraire et Scientifique d'Apt, 1871), les Amans anglais serait une reprise de l'Héloïse anglaise, créée au Théâtre de la Ville à Versailles en 1778.

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