Les Amans en poste ou la Magicienne supposée, comédie en trois actes, de Caigniez, 22 ventôse an 12 [13 mars 1804].
Théâtre de l’Ambigu-Comique.
Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba,an 12 (1804) :
Les Amans en poste, ou la Magicienne supposée, comédie en trois actes ; Par M. Caigniez. Représentée à Paris, pour la première fois, sur le théâtre de l’Ambigu-Comique, le 22 ventôse an XII.
Courrier des spectacles, n° 2573 du 123 ventôse an 12 [14 mars 1804], p. 2 :
[Le théâtre de l'Ambigu-Comique est tellement accoutumé aux mélodrames que le critique en vient à croire qu'il a perdu la faculté de rire. L'auteur de la pièce nouvelle a dû le constater à ses dépens, bien que sa pièce, sans être un chef-d'œuvre, n'est pas sans valeur. Mais on peut lui reprocher une certaine monotonie née de la répétition d'une même situation. Il faudrait aussi supprimer un air et un récitatif, qui exigent des moyens que l'interprète ne possède pas. Sinon, elle est bien jouée. Le critique peut maintenant résumer une intrigue plutôt simple, une sorte de course poursuite entre l'amant qui va à Paris pour se marier, et sa maîtresse qu'il croit abandonner pour épouser celle que lui a choisi son oncle. Mais celle que le sous-titre désigne comme une magicienne a tout fait pour arriver à Paris en même temps que son amant, et à l'arrivée, elle se révèle être celle que l'oncle a choisi comme épouse pour lui : tout n'était que quiproquo... L'auteur a été nommé, et une autre de ses pièces, gage de son talent, est citée.]
Théâtre de l'Ambigu-Comique.
Première représentation des Amans en poste.
Les succès prodigieux des mélodrames joués depuis trois ans à ce spectacle, ont tellement accoutumé les habitués à n’y voir que dus choses fortes, des accidens romanesques, des aventures extraordinaires, que la plupart en lisant sur l’affiche le nom d’une comédie, et surtout d’une comédie en trois actes, se persuadent d’avance qu’ils auront moins de plaisir qu’à un mélodrame, et il est difficile de les faire revenir de cette prévention. Ils aiment tressaillir, pleurer, frémir ; ils ne savent plus rire.
L’auteur de la comédie des Amans en poste a dû s’appercevoir de cette vérité, son ouvrage n'est point un de ceux qui font époque, mais il n'est pas sans mérite. Le style en est soigné, plusieurs scènes sont remarquables par le ton de gaité qui y regne, mais on a observé qu’en gênéral la même situation se reproduisoit trop souvent et que les rôles des deux principaux personnages se réduisoient l’un à étonner, l’autre à être étonné. Ce défaut s’est fait sentir sur-tout dans le rôle de Florville, que l’on auroit pu se dispenser de faire marcher d’une maniere trop uniforme de surprises en surprises.
Ce qu’il falloit éviter, et ce que l’on supprimera sans doute aux représentations suivantes, ce sont un air et un grand récitatif chantés par la Magicienne supposée ; mais ici ce n’étoit point la faute de l’auteur, mais de l’actrice, à qui un petit échec dans une pièce précédente, auroit bien dû apprendre à se méfier de ses moyens.
Du reste l’ouvrage est monté avec beaucoup de soin, et les divers acteurs, sur-tout M. Corse dans le rôle d’un valet peureux, ont bien rempli les intentions de l'auteur. Voici le sujet de cette comédie.
Florville amoureux d’une belle qu’il a connue à Bruxelles sous le nom de Lucinda, ne quitte qu’à regret cette ville pour venir à Paris contracter avec Emilie un mariage arrangé par son oncle. En partant il croit avoir laissé Lucinda dans le Brabant, mais celle-ci, qui a prévu ce voyage, a dépêché en avant Florine sa suivante, qui a répandu l'or par-tout, gagné les postillons, les aubergistes ; en sorte que quittant Bruxelles aussi-tôt que son amant, Lucinda arrive en même temps que lui dans tous les lieux où il est obligé de s’arrêter.
Enfin il arrive à Paris. Il écrit à son oncle qu’il aime une autre qu’Emilie, mais il est au comble de ses vœux, lorsqu’il voit que cette Lucinda qui s'est attachée à ses pas, n’est autre que celle dont on lui avoit destiné la main et qui avoit voulu éprouver son amour et sa constance.
L’auteur a été demandé et nommé : c’est M. Caigniez, qui a donné au même théâtre le Jugement de Salomon.
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