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Les Amans sans amour, ou la Persuasion intéressée (Radet, 1806)

Les Amans sans amour, ou la Persuasion intéressée, comédie en deux actes, en prose, mêlée de vaudevilles, de Radet ; 2 vendémiaire an 13 [24 septembre 1804].

Théâtre du Vaudeville.

Titre :

Amans sans amour (les), ou la Persuasion intéressée

Genre

comédie mêlée de vaudevilles

Nombre d'actes :

2

Vers / prose ?

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

2 vendémiaire an 13 [24 septembre 1804]

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Jean-Baptiste Radet

Almanach des Muses 1806.

Pièce à ne pas confondre avec la pièce de Monnet de 1790, les Amans sans amour.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, 1811 :

Les Amans sans amour, ou la Persuasion intéressée, comédie En deux Actes et en Prose, mêlée de Vaudevilles, Par M. Radet ; Représentée, pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre du Vaudeville le 2 Vendémiaire an XIII ; et reprise avec des changemens le 18 mai 1811.

Dans la Bibliothèque de M. de Soleinne, tome III, Théâtre français, n° 3438, Répertoire du Théâtre du Vaudeville, pour l’année 1804, pas trace d’une pièce intitulée les Amans sans amour. Elle n’est pas mentionnée non plus en 1811, lors de sa reprise.

Courrier des spectacles, n° 2767 du 3 vendémiaire an 13 [25 septembre 1804], p. 2 :

[C'est la mort dans l'âme que le critique annonce la chute de la pièce, lui qui aime tant parler des succès de ce qu'il va voir, surtout quand il s'agit du valeureux Théâtre du Vaudeville. Mais il faut se résigner : la pièce a été sifflée, elle est faite de détails «  longs, froids et ennuyeux ». Les interprètes n'y sont pour rien : c'est donc l'auteur qui est en cause...]

Théâtre du Vaudeville.

Première représentation des Amans sans amour.

Nous ne pouvons qu'être satisfaits de nos veilles, lorsqu’elles sont consacrées à l’annonce d’un succès, lorsque sur-tout ce succès appartient à ce spirituel et laborieux théâtre où la gaîté française survit à tout ce qu’on fait ailleurs pour la déconcerter ou pour l'anéantir.

Mais quand nous sommes réduits à ne pouvoir parler que d’une chûte, et sur-tout d’une chute méritée, nous regrettons alors que les engagemens que nous avons contractés envers le public nous forcent à parler les premiers d’un évènement aussi désagréable.

Nous n’hésiterons cependant point à confesser que les Amans sans amour ont été sans succès ; les détails de l’ouvrage sont longs, froids et ennuyeux ; et les sifflets du public en ont fait justice, malgré le talent des acteurs, qui n’ont rien négligé pour la gloire de l’auteur.

Journal de l’Empire, mardi 21 mai 1811 :

[On croit Geoffroy incapable d’indulgence, et pourtant il s’en montre prodigue dans cet article, où il dit bien des gentillesses envers cette « petite comédie dans le genre de Marivaux », comme il se montre indulgent envers une pièce plus ancienne à laquelle il la compare selon les rituels de la critique du temps. Pas grand chose à reprocher à l’intrigue, tout à fait conventionnelle, et aux principaux caractères : les deux jeunes filles sont un peu trop niaises, l’amant un peu trop égoïste, et le jeune couple se fait traiter de nigaud pour lui et de niaise pour elle. La situation, elle, est peu « naturelle, et par conséquent un peu froide ». Mais on reconnaît là un des traits banals de toutes les critiques, le recours à la règle du trop ou du pas assez, selon les besoins. Les personnages secondaires sont jugés de façon positive : une caricature de musicien allemand comme il y en a tant à Paris, une cousine des jeunes filles, peu utile à l’action, mais si bien jouée (relevons la métaphore filée des amours de l’actrice avec le public, presque audacieuse sous la plume de Geoffroy). Les acteurs, tous nommés, sont jugés de façon plus ou moins positive (les plus mal jugés étant simplement nommés, sans commentaire, tandis que les autres sont couverts d’éloges). Il manque toutefois un nom dans cet article, celui de l’auteur de la pièce, omis, quand celui de la pièce qui sert de point de comparaison, le Rendez-vous, la vieille pièce de Fagan (de 1733) a un auteur. L'intrigue de cette dernière est évoquée avec nostalgie, tout comme les détails de la pièce, « pleins d’esprit et de délicatesse ».

Théâtre du Vaudeville.

Première représentation de la reprise des Amans sans amours ou la Persuasion intéressée.

C'est moins un vaudeville qu'une petite comédie dans le genre de Marivaux, mêlée de couplets, qui ressemblent à des airs, et qui élèvent l'ouvrage presqu'à la dignité d'opéra comique : il eut du succès dans la nouveauté, et fut joué onze fois de suite. Le jeu de Mad. Belmont et de Julien fit beaucoup de plaisir : la rentrée de Julien a donné lieu à cette reprise, qui a été très favorablement accueillie.

Il n'est pas rare d'aimer et de croire qu'on n'aime pas ; il est bien plus extraordinaire de ne pas aimer, et de croire qu'on aime ; c'est ce qui arrive dans celle pièce. Les amans sans amour sont un jeune nigaud et une petite niaise, à qui l'on persuade qu'ils s'aiment, parce qu'on a intérêt de le leur persuader.

Mad. de Blainville a deux filles, Louise et Juliette : elle entend que Louise, qui est l'ainée. se marie avant la cadette. Valbelle, qui aime la cadette, veut faire épouser l'aînée à son ami Verseuil, jeune imbécille, incapable d'aimer et même de vouloir quelque chose : le comique naît de l'embarras de Louise et de Verseuil, qui ne s'aiment point et qui croient s'aimer, parce qu'on le leur dit ; mais on leur a donné une dose de niaiserie un peu trop forte ; la situation n'est pas bien naturelle, et par conséquent un peu froide. Ces amans sans amour se marient à la fin comme les autres : Louise obéit à sa mère, Verseuil à son ami ; ce sont deux automates. Valbelle est peut-être trop égoïste : pour être heureux époux, il expose son ami à être malheureux en ménage, en épousant celle qu'il n'aime pas ; mais l'amour n'étant point absolument nécessaire eu mariage, et les deux époux, s'ils ne sont pas unis par l'amour, étant du moins assortis par la bêtise, Valbelle ne peut avoir aucun scrupule sur cet article.

Il y a un musicien allemand très ridicule, qui égaie la pièce, et même y jette un peu d'intrigue : Joly a succédé dans ce rôle à Carpentier, et il le joue avec beaucoup d'originalité. Julien a de l'aisance, de la gaieté, et un ton très léger dans le rôle de Valbelle ; il chante avec goût les couplets ; et le Vaudeville s'applaudit tous les jours du recouvrement qu'il vient de faire. Les deux filles à marier ont une cousine, qui aide Valbelle dans son projet : ce personnage, très secondaire et même assez peu nécessaire, est le premier et le plus essentiel des trois rôles de demoiselles, parce qu'il est le plus agréable et le mieux joué. La cousine n'a point d'amans et n'épouse à la fin personne ; mais elle a tous les spectateurs pour amans, et le parterre l'épouse. Mad. Hervey met beaucoup de grace et de finesse dans ce rôle : celui de Juliette est joué par Mlle Rivière ; et mademoiselle Arsène l'aînée représente Louise.

Il y a une petite comédie de Fagan, intitulée le Rendez-Vous, qu'on ne joue jamais au Théâtre Français, quoiqu'elle vaille mieux que Minuit, et beaucoup d'autres fadaises et puérilités qui se donnent assez souvent : c'est un rendez-vous d'affaires entre un homme et une femme qui ne se connoissent seulement pas ; mais le valet de l'homme et la suivante de la femme se connoissent et s'aiment: ils entreprennent de persuader à leurs maîtres qu'ils s'aiment aussi, et ils en viennent à bout. Le rendez-vous d'affaires se termine par un contrat de mariage. Les détails de la pièce sont pleins d'esprit et de délicatesse. Et combien n'en faut-il pas pour rendre vraisemblable un amour si brusque entre deux inconnus ?                              Geoffroy.

Quelques représentations repérées dans la presse :

Dans sa critique du Journal de l’Empire, Geoffroy rappelle qu’elle a eu du succès à sa création, et parle de onze représentations de suite. Elle a ensuite été reprise au moins en 1811 et en 1813.

Journal de Paris, 1811, 18 mai, « la reprise des Amans sans amour » ; 24 mai ; 29 mai ; 3 juin ; 15 juin.

Journal de l’Empire, 25 décembre 1813, une représentation.

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