Les Amours d’Antoine et de Cléopâtre, ballet historique en trois actes, d'Aumer, musique de Kreutzer, 8 mars 1808.
Académie Impériale de Musique.
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Titre :
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Amours d’Antoine et de Cléopâtre (les)
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Genre
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ballet historique
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Nombre d'actes :
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3
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Musique :
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oui
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Date de création :
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8 mars 1808
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Théâtre :
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Académie impériale de Musique
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Chorégraphe(s) :
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Aumer
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Compositeur(s) :
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Kreutzer
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Almanach des Muses 1809.
Sujet trop connu pour qu'il soit nécessaire de donner l'analyse de ce ballet. Spectacle magnifique ; plan sagement conçu et heureusement exécuté ; musique gracieuse, et telle qu'on devait l'attendre de M. Kreutzer. Grand succès.
Sur la page de titre de la brochure, Paris, Barba, 1808 :
Les Amours d'Antoine et Cléopâtre, Ballet historique en trois Actes, De la composition de M. Aumer ; Musique de M. Kreutzer, premier violon de S. M. l'Empereur et Roi, et de l'Académie impériale de Musique. Représenté pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre de l'Académie impériale de Musique, le 8 mars 1808.
Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 13e année, 1808, tome II, p. 188-190 :
[Le compte rendu de ce ballet historique ne manque pas de surprendre : il s’ouvre par des pétitions de principes, sur le respect de l’histoire, de la chronologie, et même du costume. Loin du « prestige de la Mythologie », ce ballet évite l’austérité qu’implique un tel programme en présentant « les amours de la fastueuse Cléopâtre et du galant triumvir Antoine ». Le résumé de l’intrigue paraît s’éloigner fortement de ce beau programme : histoire malmenée, présence de nombreux éléments mythologiques (des Amours, des Zéphyrs, des Satyres, Faunes, Bacchantes et Grâces). Le jugement porté sur le ballet s’ouvre d’ailleurs sur un constat sans appel : « L'auteur a été obligé de déranger la chronologie, de dénaturer toute l'histoire, de blesser la raison et d'outrager les mœurs. » Rien que cela ! Pourtant, le ballet a réussi, du simple fait que c’est un ballet, et que « des pas exécutés par les premiers danseurs de l'Europe […] ne peuvent manquer de plaire ». Ce que confirme la liste de danseurs fournie à la fin, avant de donner le nom du chorégraphe et celui du musicien.]
ACADÉMIE IMPÉRIALE DE MUSIQUE.
Les Amours d'Antoine et de Cléopâtre, ballet historique en trois actes, représenté pour la première fois le 8 mars.
L'avantage d'un ballet historique sur un ballet d’invention, c'est que le public qui connoit d'avance les personnages, prend nécessairement plus d'intérêt à l'action ; mais ce genre de ballet demande beaucoup plus de connoissances et de talent, pour ne point commettre de fautes contre le costume, l'histoire et la chronologie. Un ballet sur un sujet de l'Histoire Romaine, dépouillé du prestige de la Mythologie, ne pouvoit présenter que des scènes sérieuses et peu propres à la danse : mais les amours de la fastueuse Cléopâtre et du galant triumvir Antoine, offroient des ressources au chorégraphe. La scène est à Tarse ; on voit d'abord Antoine refusant l'olivier de la paix que lui offrent des ambassadeurs ægyptiens. Les Romains se disposent à combattre ; la présence de Cléopâtre change la face des choses : elle paroît sur une galère dont la poupe est d'or et les voiles de pourpre ; des enfans, vêtus en Amours, l'environnent ; d'autres en Zéphyrs sont aux cordages ; des femmes, représentant les Grâces et les Néréides, dirigent le gouvernail. Antoine est séduit par ce spectacle enchanteur ; il admire Cléopâtre, son cœur n'est plus à lui ; et le temple de la paix, en s'ouvrant, prouve que le Triumvir est vaincu. L'arrivée d'Octavie, épouse d'Antoine, et de ses deux enfans, étonne également le Triumvir et la reine d'Ægypte : celle-ci craint que la présence d'Octavie ne renverse ses desseins. Antoine est prêt à voler dans les bras de sa femme ; il est entraîné par Cléopâtre. Au second acte, une fête magnifique s'apprête, c'est l'image d'une Bacchanale où Antoine joue lui-même le rôle de Bacchus, Cléopâtre est Vénus, toute sa cour travestie représente les Satyres, les Faunes, les Bacchantes, les Grâces. Tout ce qu'on peut imaginer de plus séduisant est employé pour achever de subjuguer Antoine. L'arrivée d'Octave qui vient venger sa sœur Octavie, fait cesser cette fête voluptueuse : Antoine court aux armes. Le troisième acte prend la face la plus tragique ; Antoine est vaincu, expirant : Cléopâtre fait verser le poison dans son sein par un aspic ; mais, en mourant, elle veut entraîner plus d'une victime, et ses femmes ont l'ordre d'embraser le palais sous les ruines duquel elle espère engloutir Octavie et ses enfans : Octavie est assez heureuse pour les sauver, et le palais s'écroule.
L'auteur a été obligé de déranger la chronologie, de dénaturer toute l'histoire, de blesser la raison et d'outrager les mœurs. Cependant il a réussi, et la raison en est simple ; dans une pièce quelconque ce sont les détails seuls qui peuvent exciter des murmures ; et dans un ballet d'opéra, les détails sont des pas exécutés par les premiers danseurs de l'Europe, et qui ne peuvent manquer de plaire.
Vestris joue Antoine, mademoiselle Clotilde Cléopâtre ; mademoiselle Chevigny a donné beaucoup d'intérêt au rôle d'Octavie. Mesdames Gardel, Delille, Millière, Bigottini embellissent les ballets, où l'on voit avec plaisir figurer Saint-Amant, Beaulieu, Beaupré. L'exécution est parfaite.
Ce ballet est de M. Aumer. La musique est parfaitement arrangée par M. Kreutzer.
Carrière à l’Opéra :
11 représentations en 1808 (08/03 – 11/12).
6 représentations en 1809 (24/01 – 19/09).
3 représentations en 1814 (10/06 – 24/06).
20 représentations de 1808 à 1814.
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