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Les Anglaises pour rire ou la Table et le logement

Les Anglaises pour rire ou la Table et le logement, comédie en un acte, mêlée de couplets, de Sewrin et Dumersan, 26 décembre 1814.

Théâtre des Variétés.

Titre :

Anglaises pour rire (les) ou la Table et le logement

Genre

comédie mêlée de couplets

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

26 décembre 1814

Théâtre :

Théâtre des Variétés

Auteur(s) des paroles :

MM. Dumersan et Sewrin

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Mme Masson, 1815 :

Les Anglaises pour rire ou la Table et le logement, comédie en un acte, mêlée de couplets, par MM. Sewrin et Dumersan, représentée , pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre des Variétés le 26 décembre 1814.

Journal de Paris, n° 361 du 27 décembre 1814, p. 4 :

Théâtre des Variétés.

Les Anglaises ou la Table et le Logement, par MM. Sewrin et Dumersan.

La caricature de Brunet et Pottier [sic] déguisés en anglaises suffirait seule pour attirer le public. Cette donnée est une bonne fortune qui dispense de tout autre effort d'esprit ; les auteurs ont un peu trop compté là-dessus ; ils ont été demandés ; une légère opposition n'a servi qu'à rendre leur triomphe plus brillant, j'ai presque dit plus bruyant. A demain quelques détails, car une pareille production réclame au moins deux colonnes de feuilleton.

Journal de Paris, n° 363 du 29 décembre 1814, p. 2-3 :

[Après le court article du 27, le compte rendu du 29 rend un hommage détaillé à une pièce à l'anglophobie facile (l'Angleterre réduite à la boxe – voir les Deux boxeurs ou les Anglais de Nanterre et de Falaise ou le Boxeur français, ou une Heure à Londres – et aux jeunes filles langoureuses) qui repose seulement sur le travestissement des deux acteurs masculins (comme d'habitude...) et quelques jeux de mots faciles, la chute finale du jupon de Pothier n'étant qu'un moyen comique d'assurer un triomphe déjà acquis, ou presque. Le critique ne cache guère son scepticisme devant l'emploi de tels procédés : le public aime, même s'il siffle certains calembours, et il leur promet d'autres pièces dans la même veine.]

Théâtre des Variétés.

Les Anglaises ou la Table et le Logement, vaudeville en un acte.

Le théâtre des Variétés a déclaré une joyeuse guerre à l'Angleterre : innocente hostilité que celle du rire et dont les représailles ne sont jamais à craindre. Déjà Brunet et Pothier; boxeurs postiches, nous ont divertis par la parodie bouffonne, par la burlesque imitation des coups de poing solides et bien réels dont nos voisins trouvent la distribution si réjouissante ; aujourd'hui, c'est sous le costume féminin qu'il nous font rire aux dépens des grâces d'outrement, dont ils nous offrent la plus grotesque caricature.

Rien ne ressemble moins à l'amoureuse mélancolie qu'inspire la physionomie sentimentale des Evelina, des Cécilia, et autres beautés anglo-romanesques, que le fou-rire qui éclate à l'aspect de myladis Bibembrock et Krekmerott.

Tels sont les noms harmonieux sous lesquels M. Menu, faiseur de mannequins, et M. Coclet, son élève et son ami, se présentent chez M. Copeau, vieux bourgeois de la rue de l'Oursine, et professeur de langue française. Notre grammairien perd ses soins à vouloir faire parler congrument sa servante Gothon, qui a de bien plus heureuses dispositions à apprendre tout ce que voudra lui enseigner M. Coclet, jeune homme bien aimable et pas fier, à qui elle est obligée de répéter souvent  A bas les mains ! pas de gestes ! Si la servante emploie bien son temps, sa jeune maîtresse Aspasie, fille de M. Copeau, ne perd pas le sien ; elle fait l'amour avec le fabricant de mannequins, malgré la volonté de son père, qui veut la marier à Fusin, maître de dessin. Il fait à sa fille le plus grand éloge de ce prétendu. « Il a, lui dit-il, aux Quinze-Vingts une écolière qui est déjà forte sur les yeux :

Il gagnera de fortes sommes
Au pensionnat de Chaillot,
Car on le nommera bientôt
Maître de dessin des Bons-Hommes. »

Aspasie se désole, et l'antipathie qu'elle a pour Fusin lui en inspire pour l'art qu'il exerce. C'est avec répugnance qu'elle se met à dessiner une tête de Jupiter, ce qui donne lieu au couplet suivant :

GOTHON.

Ce Jupiter, qu'est-il mam'zelle ?

ASPASIE.

C'était, ma chère, un dieu grec ou romain.

GOTHON.

Vraiment, à c'te barbe si belle,
J'l'aurais pris pour un capucin.

ASPASIE.

A faire l'amour j'étais prête ;
Dis-moi pourquoi mon oncle m'a-t-il fait
Commencer cette vieille tête ?

GOTHON.

Il veut p't-être avoir son portrait.

M. Copeau, pour tirer parti de sa maison et de sa science, a fait courir des avis imprimés par lesquels il offre la table et le logement à des personnes étrangères qui voudraient se perfectionner dans la langue française.

Menu et Coclet sont refusés d'abord, quoiqu'ils baragouinent l'allemand, parce que la décence ne permet pas à M. Copeau, père d'une jeune et jolie fille, d'avoir des pensionnaires mâles. Ils reviennent et sont plus heureux sous le costume de deux myladis anglaises. Le plaisant de cette scène ne consiste que dans la charge des acteurs et dans les coq-à-l'âne qu'ils font en estropiant le français. En voici un échantillon.

Ces dames aiment sans doute les arts, demande-t-on aux fausses anglaises , – Les arts, les arts, dit Brunet-Bibembrock ; qu'est-ce que les arts ? – Lézard, réplique Pothier-Krekmerott sa tante, c'est ma niaize, une petite bête avec une grande queue.

Ces dames recommandent qu'on ait soin de leur servir la thé. – L'Athée, myladi, c'est un impie. – Eh bien ! mettez l'impie à la crème.

Une partie du public a trouvé le sel de cette plaisanterie un peu trop acre, tandis que l'autre ne le sentait pas. Les uns ont sifflé parce qu'ils comprenaient, et les autres parce qu'ils ne comprenaient pas.

Fier de posséder ces nobles hôtesses, M. Copeau, pour leur rendre le séjour de sa maison agréable, invite toutes les dames de la rue de l'Oursine/ Myladis Krekmerott et Bibembrock font le charme de la fête. On chante.... il faut entendre ! on danse..... il faut voir !

Mais quelle scène scandaleuse ! Voilà qu'en se trémoussant, ladi Krekmerott fait tomber son jupon, et que M. Menu paraît moitié homme; moitié femme. Le moyen qu'une pièce ne réussisse pas avec un tel moyen comique au dénouement ? Le jupon et la culotte de Pothier ont sauvé l'ouvrage ; on devine que les amans épousent leurs maîtresses. Fusin, qui s'était laissé éblouir par les offres brillantes des deux anglaises, reste tout sot, et le public aussi.

Ce n'est pas le premier succès qu'on lui escamotte, et ce ne sera pas le dernier. MM. Dumersan et Sewrin en jurent par Brunet et Pothier/

A Martainville.          

Journal des débats politiques et littéraires, samedi 31 décembre 1814, p. 1-2 :

[L’auteur du compte rendu souligne surtout les insuffisances de la pièce : certes, elle a fait rire les spectateurs, mais par des moyens peu convenables (les acteurs des Variétés sont réputés pour leur talent à se travestir, et cela fait beaucoup rire dans ce théâtre populaire), et sa gaîté n’est ni neuve, ni importante. La fin comporte une allusion, apparemment ironique, à la situation du temps.]

THÉATRE DES VARIÉTÉS. Première représentation de la Table et le Logement, ou les Anglaises pour rire, vaudeville en un acte par MM. Sewrin et Dumersan.

M. Copeau vit retiré avec sa fille Aspasie et sa servante Gothon, une petite maison , rue de l'Oursine, derrière le Jardin des Plantes. Sa fille est recherchée par M. Fusin, son maître de dessin : mais elle lui préfère M. Menu (Potier), faiseur de mannequins, dont l’élève, M. Coquelet (Brunet), fait de son côté la cour à Gothon.

M. Copeau a formé le projet de tenir chez lui une table d'hôte, et de donner le logement à quelques personnes étrangères : il a fait, suivant l'usage, distribuer des cartes. Coquelet et Menu en ont reçu, et trompés par l'équivoque du mot personnes, ils se persuadent qu'ils vont être hébergés chez le père et le maître de leurs maîtresses. Ils se présentent donc en habits divers (d'hiver) enveloppés dans de larges capotes, et se donnent pour deux Allemands. Mais M. Copeau, qui veille à l'honneur de sa fille, n'entend loger chez lui que des dames et remercie ses deux hôtes : ceux-ci ne perdent pas la carte et imaginent sur-le-champ d'aller se travestir eh Anglaises.

Ils reviennent effectivement quelques instans après, Potier est une sévere lady, à la taille effilée ; Brunet, une modeste miss, plus rondelette que sa tante ; un chapeau en galette ombrage son front virginal, son corsage est resserré dans un spençer de satin rose. L'apparition de cette double caricature a produit un effet prodigieux : la rate des spectateurs s'est épanouie ; leur satisfaction s'est manifestée par les éclats les plus bruyans et les plus longuement prolonges.

M. Copeau, enchanté d'une aussi brillante acquisition, fait de son mieux les honneurs de sa maison à ses hôtesses, et leur supposant des talens proportionnés à leur fortune et à leur naissance,il les supplie de vouloir bien lui en donner, ainsi qu'à sa fille, un échantillon. Le couple complaisant ne se sait pas prier ; il commence à chanter, la romance des Noces de Figaro : Mon cœur soupire. On se doute bien que sa manière n'est pas celle de madame Barilli. Du chant on passe à la danse ; mais dans le moment où milady développe, avec plus de force, ses grâces et sa souplesse, son jupon se détache, et cet accident, en trahissant son sexe et son secret, révèle à M. Copeau le véritable motif du déguisement : il pardonne la ruse, et unit les deux amans à leurs maîtresses.

On trouve quelques traits d’esprit, mais en assez petit nombre, dans ce vaudeville. En revanche, on y a prodigué de mauvais calembours qui n’ont même pas le seul mérite qu’ils puissent avoir, celui de la nouveauté. On annonce que deux personnes sont fâchées ensemble. Eux (œufs) brouillés ? s’écrie la cuisinière. Elle veut allumer le feu, elle ne peut en venir à bout : depuis un mois, elle a prié inutilement son maître de lui donner un soufflet. Milady, au lieu de demander du thé, demande de la thé: l’athée est un impie, lui répond M. Copeau. M. Menu a rencontré une voiture de foin qui se dirigeoit vers la Sorbonne : ce sarcasme a été fort applaudi. Il est bien évident, d’après l’époque de l’action qui est celle de nos jours, qu’il ne frappe point sur les hommes vertueux et éclairés qui habitoient autrefois cette maison : il seroit par trop impertinent de nous représenter comme des bêtes à foin, les Ladvocat, les Lefebvre, les Asseline. C’est donc aux artistes qui occupent aujourd’hui leurs logemens, à remercier du compliment MM. Dumersan et Sewrin, auteurs proclamés du nouveau vaudeville.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 19e année, 1814, tome VI, p. 401 :

[Constat : la pièce n’est pas très fine, mais elle a fait rire, et donc a obtenu du succès.]

La Table et le Logement, ou les Angloises pour rire, comédie en un acte, mêlée de couplets, jouée le 26 Décembre,

Brunet et Potier jouent, dans cette pièce, deux rôles d'amoureux qui se travestissent en Anglaises pour s'introduire chez un bourgeois ridicule qui veut louer son appartement garni. Leur costume grotesque, un duo, et une gigue angloise, ont excité le rire, et fait le succès de cette bleuette de Messieurs Du Mersan et Sewrin.

Esprit des journaux français et étrangers, année 1814, tome XII (décembre 1814), p. 298 :

26 Décembre. La Table et le Logement, ou les Anglaises pour rire, par MM. Dumersant et Sewrin.

Brunet et Potier jouent dans cette pièce deux rôle d'amoureux qui se travestissent en Anglaises pour s'introduire chez un bourgeois Anglomâne, qui veut louer son appartement garni. Le costume ridicule des deux acteurs, qui chantent un duo Bufa et dansent une gigue anglaise, leurs lazzis surtout, ont excité un rire général, et assuré le succès de cette parade.

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