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Les Aveugles de Franconville

Les Aveugles de Franconville, opéra en deux actes, d'Armand Croizette et Chateauvieux, musique de Lebrun, 9 floréal an 10 [29 avril 1802].

Théâtre Montansier-Variétés.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, an X. (1802) :

Les Aveugles de Franconville, opéra en deux actes, Paroles des citoyens Armand Croizette et Châteauvieux. Musique du citoyen Lebrun, artiste du Théâtre des Arts. Représentée, pour la première fois, sur le théâtre de la Montensier-Variétés, le 9 floréal, an 10..

A ne pas confondre avec la pièce homomyme de F. Vernes publié à la suite de son Voyage épisodique et pittoresque aux Glaciers des Alpes.

Courrier des spectacles, n° 1881 du 10 floréal an 10 [30 avril 1802], p. 2 :

[L’article commence par définir les conditions de réussite d’une pièce dont le sujet est « un acte d’humanité ». Il y faut « une marche bien conduite, des scènes bien filées, un style soigné », et à défaut l’intérêt que l’acte fait naître. La pièce nouvelle est dans ce cas : des scènes décousues, mais « des situations intéressantes », auxquels s’ajoute « une musique fraîche, agréable et chantante », voilà ce qui explique son succès. L’intrigue est très émouvante : deux jeunes gens aveugles qui s’aiment, et qui vont recouvrer la vue grâce aux soins d’un illustre oculiste. Tous deux qui s’aimaient sans se voir, vont s’aimer maintenant qu’ils se voient. Les auteurs sont cités, paroles et musique. Deux airs sont mis en avant, occasion de féliciter leurs interprètes féminines. Deux acteurs sont également valorisés.]

Théâtre Montansier.

Les Aveugles de Franconville, opéra en un acte.

Le public s’intéresse toujours à un acte d'humanité qu’on lui présente au théâtre, mais il semble exiger aussi que l’action dramatique ne se réduise pas entièrement à un simple exposé. Il veut une marche bien conduite, des scènes bien filées, un style soigné ; et lorsque ces avantages manquent à une pièce, il ne faut rien moins que l’intérêt qu’il comporte pour le faire réussir. C’est ce qui est arrivé hier soir à la première représentation des Aveugles de Franconville. Les scènes en sont décousues, mais il y a des situations intéressantes, et d’ailleurs les auteurs ont eu soin de s’étayer d’une musique fraîche, agréable et chantante, qui a décidé le succès.

Une veuve, aubergiste de Franconville, a une fille aveugle, nommée Cécile ; elle a adopté Antonin, jeune garçon également privé de la vue. Elle a eu envain recours à l’art pour chercher à rendre ces infortunés à la lumière ; envain un gascon barbier, coëffeur, médecin-oculiste, bref, un homme universel a-t-il épuisé toutes ses connoissances pour l’aider dans ses généreux desseins, la cure paroît désespérée, et il est décidé que les deux jeunes gens resteront aveugles.

Dans l'hôtellerie arrive un oculiste célèbre qui, près de périr sur le bord d’un précipice, a fait vœu de consacrer ses talens au premier infortuné qui les réclamera ; il a vu les deux enfans aveugles, il les fait appeler, les examine, et après avoir considéré leurs yeux, répond de la guérison de Cécile, Les deux jeunes gens s’aiment sans se voir : mais lorsque l’un aura recouvré la vue, sera-t-il toujours fidèle ? Lorsqu’ils se sont rassurés sur leurs sentimens réciproques, Cécile est emmenée par l’Oculiste qui secondé par le Barbier (qui tient la lumière,) parvient à lui rendre la vue. On vient ensuite chercher Antonin qui souffre la même opération, et qui en sort aussi heureusement que sa jeune amante. Les yeux couverts d’un bandeau verd, on les amène sur le théâtre, où les premiers objets qui les frappent sont leur mère et leur bienfaiteur. Après les premiers momens donnés à la nature et à la reconnoissance viennent ceux consacrés à l’amour.

Les auteurs sont les cit, Armand et Châteauvieux : celui de la musique est le citoyen Lebrun. Cette production lui fait honneur. On y a remarqué et vivement applaudi un duo chanté par mesdemoiselles Caroline et Godard et une invocation touchante exécutée par les mêmes actrices et par le cit. Dubois. Le cit. Bosquier-Gavaudan a joué le rôle du Barbier avec toute la morgue et la suffisance d'un Gascon, et Mad. Barroyer a rempli le rôle de Mère avec intelligence.

F. J. B. P. G***.          

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