Basile, ou A Trompeur Trompeur & demi

Basile, ou A Trompeur Trompeur & demi, comédie en un acte, mêlée de musique ; paroles du citoyen Sédaine, musique du citoyen Grétry, 17 octobre 1792.

Théâtre Italien.

Titre :

Basile, ou A Trompeur Trompeur & demi

Genre

comédie mêlée de musique

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

en prose

Musique :

oui

Date de création :

17 octobre 1792

Théâtre :

Théâtre Italien

Auteur(s) des paroles :

Sédaine

Compositeur(s) :

Grétry

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1793, volume 2 (février 1793), p. 296-299 :

[Cette pièce avait tout pour réussir, sauf son sujet, dont le dénouement est ridicule. C’est sur l’idée de ce dénouement qui ridiculise le sujet que le compte rendu s’ouvre. La pièce de Sedaine est comique et fait rire le public. mais le dénouement n’est pas passé, même si cela n’a pas empêché les auteurs d’être nommés. La musique de Grétry «  comme toute celle de ce compositeur, est brillante, chantante & originale », mais le critique pense qu’il faudrait une deuxième écoute pour mieux l’apprécier. Félicitations aussi aux interprètes (nombreux) de ma pièce, avec mention spéciale à Solier.]

Basile, ou Trompeur à Trompeur & demi, comédie en un acte, mêlée de musique ; paroles du citoyen Sédaine, musique du citoyen Grétry.

En toute chose , il faut considérer la fin.

Telle est la regle que doivent se prescrire tous ceux qui entreprennent, & particuliérement les auteurs qui travaillent pour le théâtre. Souvent un sujet, qui rit à l'imagination d'un auteur, n'est pas susceptible d'un effet sûr jusqu'à la fin, & il ne faut qu'une scene ridicule, ou mal conçue, pour désorganiser le meilleur ouvrage : c'est ce qu'on a vu à la premiere représentation de Basile, ou Trompeur à Trompeur & demi Le fond de cet ouvrage est tiré des amours de Basile & Quitterie, dans les Nôces de Gamache, épisode du roman de Don Quichotte. On se rappelle sans-doute la ruse de cet amant qui feint de se tuer pour obtenir la main de Quitterie à ses derniers momens. Ce sujet avoit déja été traité aux François en 1723, sous le titre de Basile & Quitterie, tragi-comédie en 3 actes, en vers, par Gauthier, qui n'a laissé que cette piece. Le succès de cette tragi-comédie chancella beaucoup au dénouement, qui parut ridicule, & c'est sans doute ce qui a nui à la représentation ; car il y avoit des scenes écrites avec beaucoup de goût & de gaieté. Fuselier n'osa pas le risquer dans les Noces de Gamache, comédie en un acte, en prose, avec un divertissement, donnée à la foire Saint-Laurent en 1722, & qui n'a jamais été imprimée. Le dénouement nuira toujours à ce sujet, toutes les fois qu'on le mettra sur la scene : voyons comment l'auteur de Basile l'a traité.

Thomas, laboureur, a promis sa fille Pauline à Basile ; mais tout-à-coup un M. de la Ginginardiere vient à la traverse demander à Thomas la main de sa fille : Thomas, ébloui par l'éclat de la noblesse & des prétendues richesses de l'intriguant, écrit à Basile pour lui retirer sa parole, précisément la veille du jour fixé pour son mariage. Jean, commissionnaire de Basile, aime Marguerite, servante de Thomas ; Jean s'est oublié avec sa maîtresse, & il n'a pas remis la lettre à Basile. Celui-ci arrive chez Thomas, dans l’espoir d'épouser Pauline. Il a même acheté un anneau de mariage qu'il essaie au doigt de Pauline, & que tous deux remettent au curé du village qui doit les unir. Cependant Thomas a mandé chez lui le curé, le tabellion & M. Vérédac, barbier du village & ami de Basile. M. de la Ginginardiere arrive ; tout s'éclaircit ; Basile est sûr que Thomas l'a trompé ; il se désespere ; mais, par les conseils de Vérédac, au moment où l'on va signer le contrat de Pauline avec la Ginginardîere, Basile paroît sur le mur de la maison de Thomas : il lui reproche sa trahison ; puis, feignant de se percer avec une épée, il tombe dans la cour. Tout le monde s'effraie ; on apporte le moribond qui jette des cris affreux : Basile avant de mourir veut laisser tous ses biens à Pauline ; il ne le peut faire qu'en s'unissant à elle : personne ne voit d'inconvénient à lui donner la main de Pauline ; mais dès que le contrat est signé, Vérédac feint d'arracher le fer de la blessure de Basile, & celui-ci se releve en parfaite santé.

Il y a de très-jolis détails dans cette piece : mais le dénouement a paru ridicule ; & c'est sans doute la faute du sujet plus que de l'auteur, qui est habitué à des succès, & dont les talens ont enrichi ce théâtre d'une foule de productions distinguées. Le public, cependant, au milieu de sa mauvaise humeur, ou plutôt de sa bonne humeur (car il a beaucoup ri) a demandé les auteurs de Basile. Le citoyen Granger est venu dire que cet ouvrage étoit des citoyens Sedaine & Grétry. La musique, comme toute celle de ce compositeur, est brillante, chantante & originale. L'ouverture, & plusieurs morceaux d'ensemble, ont fait le plus grand plaisir : mais nous croyons qu'elle demande à être entendue deux fois, pour être mieux appréciée encore. Les C. Michu, Narbonne, Trial, Granger, Rousseau, & les C. Rose Renaud & Desbrosses jouent, dans cette piece, avec le talent qu'on connoît à ces artistes ; & le C. Solier rend très- plaisant le rôle du barbier-noble Vérédac, qu'il chante aussi avec ce goût qui lui appartient, & auquel le public prodigue tous les jours les plus nombreux applaudissemens.

La base César propose le titre dans le bon ordre : Basile, ou À trompeur trompeur et demi. Les auteurs sont Sedaine, et Grétry pour la musique. La première a eu lieu le 17 octobre 1792. Une seule autre représentation, le 24 octobre de la même année.

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