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Baudouin de Jérusalem ou les Héritiers de Palestine

Baudouin de Jérusalem ou les Héritiers de Palestine, mélodrame en trois actes, de Boirie et Léopold Chandezon, musique de Taix et Leblanc, ballet de Hullin,créé sur le Théâtre de la Gaîté le 14 avril 1814.

Sur la page de titre de la brochure, à paris, chez Barba, 1814 :

Baudoin de Jérusalem, ou les Héritiers de Palestine, mélodrame en trois actes, à grand spectacle, Par Messieurs Boirie et Léopold Musique de MM. Taix et Leblanc, Ballet de M. Hullin. Représenté pour la première fois sur le Théâtre de la Gaîté le 14 avril 1814.

Journal de Paris, n° 107 du 17 avril 1814, p. 3-4 :

[Puisée dans l'histoire tumultueuse du royaume de Jérusalem, l'intrigue met aux prises deux frères aux qualités opposées, bravoure et générosité face à jalousie et haine. Le fils légitime est victime des agissements de son demi-frère, qui l'enferme dans une tour. Baudoin en sort avec l'aide de deux femmes qui le sauvent (mais même le critique ne sait pas comment elles lui permettent de sortir du précipice dans lequel il est tombé...). Il est caché parmi les écuyers d'une des deux femmes, et quand son frère arrive en regrettant hypocritement sa mort, il révèle son identité, et «  tout le monde reçoit un légitime souverain » avec « une ivresse bien naturelle », ce qui constitue le dénouement. Le jugement porté sur l'ouvrage est contrasté : acte un et acte deux sont jugés très positivement, l'un « noble, sagement conduit », l'autre « rempli d'incidens tour-à-tour gais ou interessans », mais l'acte trois a paru offrir des scènes bonnes à couper, et le dénouement a été mal reçu, malgré la magnifique allusion que représentait « le retour d'un Roi chéri ». La façon dont la pièce est montée est de qualité, tant pour les décors (en particulier pour l'acte deux) que pour les costumes. Les auteurs sont nommés (un seul auteur pour le texte...), de façon particulièrement élogieuse pour les compositeurs, et surtout le chorégraphe.]

THÉATRE DE LA GAIETÉ.

Baudouin de Jérusalem, ou les Héritiers de Palestine,
mélodrame en trois actes, à grand spectacle.

Foulques d'Anjou, quatrième roi de Jérusalem, au moment de terminer sa carrière, a fait un testament dont toute sa cour ignore les clauses. Baudouin, son fils aîné, Enguerrand, fils naturel, attendent avec impatience la publicité d'un acte qui assure le trône à l'un d'eux. Baudouin est brave, généreux, sensible ; Enguerrand, jaloux, haineux, vindicatif. Il est donc aisé de concevoir que de cette opposition de caractère naitront tous les incidens de la piece.

En effet, dès que le dépositaire du testament a fait connaître, au milieu d'une assemblée de tous les grands du royaume, que la couronne est donnée à Baudouin, il s'élève une querelle très-vive entre les deux frères ; et Baudouin, trahi, abandonné, est livré aux poignards d'Enguerrand, Jeté dans une tour, il parvient à s'en échapper, mais pour être exposé à un plus grand danger, pour tomber dans un précipice.

Comment pourra-t-il se soustraire à tant de périls ? Deux femmes veillent à son salut. L'une est la fière Adalgise à laquelle il a été uni dès l'enfance ; l'autre l'intéressante Rosaïde qu'il adore. Celle-ci, inconnue à sa rivale, et déguisée sous les habits d'un chevalier français nommé Astolphe, suit de près Adalgise, et travaille avec elle à la délivrance du roi persécuté. Les soins de la rivale délaissée sont les plus heureux. Baudouin, comme par miracle, sort du précipice, où on le croit englouti pour jamais  ; Adalgise le cache sous le manteau d'un de ses écuyers, et lui cède son casque dont elle baisse la visière.

A ce moment arrive Enguerrand suivi de toute sa cour. Il croit Baudouin mort et feint le repentir le plus sincère. Il accuse même le grand vassal de la couronne de l'avoir entrainé à sacrifier son frère, et par un faux élan de sensibilité, il jure de venger les mânes de ses frères. Il fait plus, il exige que tous les grands fassent le même serment. Tous obéissent, et Baudouin s'écrie : Je le reçois. Stupéfaction générale, à laquelle succède une ivresse bien naturelle quand tout le monde reçoit un légitime souverain.

Le premier acte de cet ouvrage est noble, sagement conduit. La scène de l'ouverture du testament a quelque chose de solennel. Le second acte est rempli d'incidens tour-à-tour gais ou interessans : jusques là les applaudissemens avaient été unanimes. Le troisieme acte, quoiqu'il offre des situations fortes, a été moins heureux en quelques parties. L'humeur qu'avaieut donnée plusieurs scènes faciles à couper, a empeché qu'on ne fit au dénouement toute l'attention qu'il méritait. Le retour d'un Roi chéri était une allusion à saisir.

Cet ouvrage est bien monté. Le décor du second acte est d'un bel effet. Les costumes sont brillans et soutiennent la réputation de ce théâtre.

L'auteur demandé, malgré quelques oppositions, est M. Léopold. La musique fait honneur à MM. Taix et Leblanc. Un joli ballet villageois a singulièrement amusé par la gaieté de plusieurs pas, entr'autres d'un pas d'action qui prouve de nouveau le talent varié de M. Hullin.

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