Bayard dans Bresse, comédie en quatre actes, puis trois ou deux, mêlée d’ariettes, de Claude-Joseph Rouget de Lisle, musique de Champein, 21 février 1791.
Bresse, ce n’est pas la Bresse, mais la ville italienne de Brescia.
Théâtre Italien.
Faut-il suivre André Tissier quand il donne comme auteur du livret Piis ?
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Titre :
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Bayard dans Bresse
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Genre
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comédie mêlée d’ariettes
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Nombre d'actes :
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4
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Vers / prose
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en prose, avec des couplets en vers
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Musique :
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oui
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Date de création :
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21 février 1791
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Théâtre :
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Théâtre Italien
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Auteur(s) des paroles :
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Rouget de Lisle
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Compositeur(s) :
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Champein
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Mercure de France, tome 139, n° 12 du samedi 19 mars 1791, p. 112 :
[Quelques mots seulement sur une pièce à l’intrigue délayée (trop peu consistante) et où Bayard est peint d’une manière peu conforme à l’image héroïque du grand homme. Le critique n’aime pas ce manque de respetc.]
Le Théatre Italien n'a offert qu'une nouveauté dont le succès n'a pas été très-heureuse [sic]. C'est Bayard dans Bresse c'est-à-dire, la continence de Bayard. On a reproché à l'Auteur d'avoir délayé son action & affaibli, pour ne pas dire plus, le caractere de son Héros.
L’Esprit des journaux français et étrangers, 1791, volume 4 (avril 1791), p. 351-353 :
[Ce qui choque le plus le critique, c’est qu’on ait osé affaibli le caractère du héros : il rappelle « que l'amour ne fut jamais chez Bayard qu'un besoin physique, & que ce besoin fut toujours subordonné, chez lui, à la vertu & à la générosité ». Seule la jeunesse de l’auteur (Rouget de Lisle a trente ans) peut excuser cette atteinte au bon goût (et les auteurs sont invités à ne pas s’écarter du « vieux régime du goût », la révolution ne changeant rien dans ce domaine. Par contre la musique est l’objet de tous les éloges (elle est « fraîche, chantante, & remplie de beautés de détails », et de nombreux morceaux ont été remarqués) : il serait dommage que cette musique soit perdue en cas d’échec de l’oeuvre. Et même si la seconde représentation a été meilleure que la première grâce à des aménagements du livret, il n’y a guère lieu d’être optimiste.]
Le lundi 21 février, on a donné la premiere représentation de Bayard en Bresse, comédie en un acte, mêlée d'ariettes : musique de M. Champein.
Tout le monde sait que Bayard, blessé à la prise de Bresse, reçut de son hôte 2000 pistoles en reconnoissance de ce qu'il l'avoit garanti du pillage, & qu'il fit présent de cette somme aux deux filles de l'hôte qui la lui apporterent. On sait encore qu'à Grenoble, il vit une jeune personne dont la beauté alluma ses désirs ; qu'il fit faire à la mere de cette infortunée des propositions que la misere fit accepter ; que l'intéressante vierge mit sa vertu sous la garde de l'honneur du loyal chevalier qui la maria & la dota.
L'auteur de Bayard dans Bresse, a fondu ces deux anecdotes en une ; mais il a fait de Bayard un soupirant timide, un amoureux de ruelle, un homme foible qui balance entre sa passion & la gloire. Il en falloit moins pour exciter l'humeur de ceux qui savent que l'amour ne fut jamais chez Bayard qu'un besoin physique, & que ce besoin fut toujours subordonné, chez lui, à la vertu & à la générosité. N'allez pas d'un Cyrus nous faire un Artamene, a dit Boileau. Il faut que nos auteurs se persuadent bien que la révolution n'a point changé le vieux régime du goût, & que comme c'est le bon, rien n'y pourra porter atteinte. Au reste, cet ouvrage est d'un très-jeune-homme, & on ne doit pas juger des écrivains dramatiques par leur premier pas dans la carrière. La musique a fait beaucoup d'honneur à M. Champein ; il seroit très-malheureux qu'elle fût perdue pour sa gloire, comme pour les plaisirs des connoisseurs. Cette musique est fraîche, chantante, & remplie de beautés de détails. Le public a sur-tout applaudi avec enthousiasme, l'ouverture, la finale du premier acte, le charmant duo de la vieille & du valet, la finale du second acte, & l'invocation à l'amitié du troisieme ; tous les autres morceaux ont aussi un très-grand mérite. Nous avons vu avec une vive satisfaction, M. Champein reparoître sur ce théâtre, d'où il sembloit s'être éloigné depuis quelque tems.
La seconde représentation a obtenu plus de succès que la premiere. L'auteur du poëme a fait quelques corrections heureuses à sa piece, mais il n'a pu donner plus d'énergie à son Bayard & plus d'intérêt à son sujet : cependant le public l'a écoutée avec plaisir, & applaudit en plusieurs occasions. Mais la musique a été encore mieux sentie & plus goûtée. C'est, selon nous, l'un des meilleurs ouvrages de M. Champein, pour le chant, la fraîcheur & le mérite des accompagnemens.
Beaucoup de points peu clairs autour de cette pièce.
Pour la musique, pas de doute, elle est de Stanislas Champein.
L'auteur du livret ? D'après la base César, c'est Claude-Joseph Rouget de Lisle (né en 1760, il a trente ans). André Tissier, les Spectacles à Paris pendant la Révolution, tome 1, cite Piis comme auteur. Mais il met son nom entre parenthèses.
Titre de la pièce ? D’après Nicole Wild et David Charlton, Théâtre de l'Opéra-Comique Paris: répertoire 1762-1972, le titre complet est Bayard en Bresse, ou Créqui et Clémentine. Le livret et la partition portent comme titre Créqui et Clémentine, mais elle a été représentée sous le titre Bayard dans Bresse. Et on connaît aussi comme titre Bayard dans Bresse, ou les Amours de Bayard.
Nombre d'actes ? D’abord en quatre actes, la pièce a été réduite à trois actes selon Wild et Charlton, et en deux selon André Tissier et la base César.
Il semble tout de même qu'il y a unanimité pour le nombre de représentations : deux, et César donne deux dates, le 21 février (date de la création) et le 5 mars 1791 (date de la réduction à deux ou trois actes).
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