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Berghem et Van-Ostade, ou les Deux peintres hollandais
Berghem et Van Ostade, ou les Deux peintres hollandais, comédie anecdotique mêlée de couplets en un acte, de Brazier, Dolivet et Jules [et Dodé], 25 avril 1812.
Jules, pseudonyme de Jules Vincent ou de Jean-Toussaint-Merle.
Théâtre des Variétés.
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Titre :
Berghem et Van Ostade, ou les Deux peintres hollandais
Genre
vaudeville
Nombre d'actes :
1
Vers / prose
en prose, avec des couplets en vers
Musique :
vaudevilles
Date de création :
25 avril 1812
Théâtre :
Théâtre des Variétés
Auteur(s) des paroles :
Brazier, Dolivet et Jules [et Dodé]
Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Fages, 1812 :
Berghem et Van Ostade, ou les deux peintres hollandais, comédie anecdotique, en un acte, mêlée de couplets ; Représentée, pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre des Variétés, le 25 avril 1812 ; Par MM. Brazier, Dolivet et Jules.
D'après le Dictionnaire universel du théâtre en France de Goizet, cette pièce a été écrite en collaboration avec Dodé, et Jules est le pseudonyme de Jules Vincent, alors que d'après Soleinne ce serait le pseudonyme de Jean-Toussaint Merle.
Journal de Paris, du 26 avril 1812, p. 2-4 :
[Avant d'arriver à la pièce nouvelle, le critique abuse des digressions, sur les relations entre les artistes, sur l'origine (très surprenante) du pseudonyme de Klaas, alias Berghem, sur la méchanceté de son épouse, nouvelle Xantippe. La situation malheureuse de Berghem est longuement expliquée, il est prisonnier dans son atelier, et ce n'est que grâce à son ami van Ostade qu'il peut jouir de la vie ! Il a ouvert une voie d'accès à l'atelier de son ami, ce qui permet aux deux peintres de boire à la santé de tout le monde, sauf à celle de la femme de Berghem, et ce qui permet aussi de faire venir dans l'atelier un duc français qui vient acheter en Hollande des tableaux, et qu'on introduit chez Berghem sans dire chez qui il est. Petit imbroglio : le duc est fâché avec Berghem, mais il comprend son erreur quand il aperçoit dans la pièce son portrait réalisé par Berghem. Tout s'arrange il achète quatre tableaux, commande des travaux à Berghem et marie la fille du peintre avec son propre secrétaire. Le jugement du critique est sévère. La pièce est froide et ne correspond pas à ce qu'on voit d'ordinaire au Théâtre des Variétés, dont le public est habitué à des pièces plus spectaculaires. Le critique ne trouve à sauver que quelques couplets, d'autres étant pleins de négligences et d'incorrections, reproches qui valent pour l'ensemble du style. La vraisemblance n'est pas non plus le point fort de la pièce : le critique voudrait que le duc reconnaisse que les tableaux de l'atelier sont de Berghem, puisqu'il est si bon connaisseur en peintures. La pièce a essuyé quelques murmures et sifflets, attribués principalement au « costume mesquin du duc français », mais son succès devrait contenter « des auteurs modestes », qui sont aussi des débutants (deux noms sont donnés : un pseudonyme et un nom mal compris). Pas question en tout cas de Brazier, qui figure pourtant sur la couverture de la brochure]
THÉATRE DES VARIÉTÉS.
Première représentation de Berghem et van Ostade,
ou les Peintres hollandais.
Si quelques artistes, au lieu d'être animés d'une noble émulation par les succès de leurs confrères, sont dévorés d’une basse jalousie, combien l'histoire et notre siècle n'en offrent-ils pas qui, fidèles à l’honneur et à l’amitié, ont su apprécier et servir-leurs rivaux. L’amour des beaux-arts ne devrait-il pas être la source de tous les sentiments généreux ? C’est le tableau d'une noble et touchante union entre deux grands artistes qu’ont voulu présenter les auteurs de Berghem et van Ostade. On sait que Berghem, qui s'appelait Klaas, dut le nom sous lequel il était connu à une aventure qui faillit lui coûter la vie. Une gageure imprudente lui ayant fait entreprendre à la nage un trajet au-dessus de ses forces, il luttait contre la mort, et ses amis pour s'encourager mutuellement à voler à son secours, s'écriaient : Berghem ! berghem ! ce qui veut dire en hollandais : Sauve ! sauve ! Notre peintre en fut quitte cette fois pour la peur, une fluxion de poitrine et un sobriquet qu'il a illustré. Il était destiné à subir longuement la plus rude épreuve qui puisse exercer la patience humaine : la société d'une méchante femme. Job, Socrate et Berghem doivent figurer au premier rang dans le martyrologe de l'hymen.
La Xantippe hollandaise joignait au caractère le plus acariâtre, l'avarice la plus sordide. Cette ignoble passion, lui lui ôtait jusqu'au sommeil, l'excitait à troubler celui de son époux ; en vain avait-il pris le parti d'établir son lui dans son atelier situé au-dessus de la chambre de ce femme, la furie, armée d'un long bâton, ébranlait le plafond jusqu'à ce que le malheureux Berghem s'arrachât du lit pour prendre des pinceaux que le sommeil lui avait fait tomber des mains. Loin de lui permettre d'aller dans des promenades champêtres chercher et étudier des modèles si nécessaires à son genre, puisqu'il était paysagiste, elle l'enfermait à triple tour ; et ce fut le plus souvent entre quatre murailles que le pauvre Berghem peignit ses admirables paysages.
Adrien van Ostade, appelé aussi le bon Ostade, pour le distinguer de son frère Isaac, méritait son honorable surnom, autant par l'excellence de son cœur que par la supériorité de son talent. Il était l'ami de Berghem, et venait quelquefois lui offrir des consolations dont le choix était dicté par l genre même de ses compositions. Van Ostade ne peiganit guère que des scènes d'hôtellerie et de cabaret. Mme Berghem ne lui permit pas long temps de venir mettre chez elle ses tableaux en action. Van Ostade fut poliment mis à la porte et le purgatoire de Berghem devint un enfer.
L'amitié est industrieuse. Van Ostade loue la maison contigue à celle de son ami, et dont l'entrée donne dans une autre rue. Il perce le mur, établit une porte secrète qui communique précisément dans l'atelier de l'artiste prisonnier, et en dépend des verroux et de la geolière, Berghem trinque avec van Ostade, et ils se portent toutes les santés qui leur viennent dans la tête, excepté celle de madame. Ici commence l'action de la pièce nouvelle.
Le jeune Frédérik, neveu de van Ostade, est secrétaire d'un duc français, grand amateur de tableaux, et qui voyage en Hollande pour enrichir sa galerie/ Ce duc, dont la munificence a long-temps encouragé le talent de Berghem, s'est depuis laissé tromper sur le compte de cet artiste ; il le croit ingrat, et ne veut plus même entendre prononcer son nom.
Van Ostade, dans la maison duquel il se croit, tandis qu'il est dans l'atelier même de Berghem, parvient à le désabuser. Il lui vend d'abord sous son propre nom, quatre paysages de son ami, que le généreux seigneur paie au poids de l'or ; ensuite lui lui découvre un portrait..... C'est celui du duc, que le reconnaissant Berghem a peint de mémoire, pour avoir toujours devant les yeux l'image de son bienfaiteur.
Le duc, pour faire oublier à Berghem l'injustice qu'il a commise à son égard, lui rend ses bonnes graces, lui confie des travaux utiles et honorables, et marie Frédérik à la fille de Berghem, dont le jeune homme est amoureux.
Cette pièce est froide. Elle a dû le paraître encore davantage sur le théâtre des Variétés. Si elle offre quelques couplets assez heureux, on pourrait justement reprocher à plusieurs autres, et au style en général, de la négligence et de l'incorrection.
On a trouvé aussi singulier que le duc, grand connaisseur en tableaux, et qui doit surtout connaître la manière de Berghem, dont il a souvent employé le talent, achète quatre ouvrages de ce maître en les croyant de van Ostade, dont le genre était si différent.
Malgré de légers murmures et quelques sifflets douteux provoqués en grande partie par le costume mesquin du duc français, l'ouvrage a obtenu un succès dont peuvent se contenter des auteurs modestes.... Cette pièce est le coup d'essai de deux jeunes gens nommés MM. Jules et Jolivet.
A.
Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 17e année, 1812, tome II, p. 430 :
[Un vaudeville au fonds pas très neuf (le critique en rapproche une scène d’une scène de la Métromanie). Ce qui sauve la pièce : « quelques couplets et des intentions comiques », et peut-être le fait qu’il soit l'œuvre de débutants (ils ont droit à une certaine indulgence...).]
Berghem et Van Ostade, ou les deux Peintres hollandais, vaudeville en un acte, joué le 25 avril.
Berghem a une femme acariâtre qui l'obsède, le tourmente et l'enferme pour le faire travailler. Van Ostade a loué la maison voisine ; et, au moyen d'une porte secrète pratiquée dans le mur, il entre dans l'atelier de son ami : là ils boivent et s'amusent. La porte secrète permet aussi à Berghem d'aller étudier le paysage d'après nature : mais elle est découverte par le nevéu de Van Ostade qui entre chez Berghem, et devient amoureux de sa fille. Quelques situations naissent de cette intrigu e : elles ne sont pas toutes neuves. La scène où le neveu déguisé trouve son oncle à la place de Berghem, rappelle l'entrevue de Baliveau et Damis dans la Métromanie. Enfin, Van Ostade introduit chez Berghem un Duc français avec qui il étoit brouillé ; il les raccommode, et procure à son ami là vente de tous ses tableaux. Quelques couplets et des intentions comiques ont soutenu ce vaudeville, premier ouvrage de MM. Jules et Dolivet.
Journal des arts, des sciences, et de littérature, Volume 9 (avril-juin 1812), n° 149 du 5 mai 1812, p. 164-165 :
[Plutôt que de rendre vraiment compte de la pièce, qui n'a as vraiment réussi, le critique fait un cours érudit sur la peinture hollandaise. C'est bien sûr le moyen de dire qu'elle ne mérite pas qu'on s'y attarde. Le sujet, c'est l'amitié de deux peintres, l'un qui a réussi, l'autre non. Et « il eût été possible de rendre plus intéressante » cette amitié en utilisant « des preuves plus vraisemblables » que celles que la pièce utilise. Le jugement final joue sur le fait que la pièce parle de peintres, et le critique montre bien qu'il ne l'a pas appréciée : « je ne saurais en louer beaucoup ni le coloris ni l'ordonnance, et j'avoue que l'auteur ne me paraît pas un grand maître ».]
Théâtre des Variétés.
Berghem et Van-Ostade, ou les Peintres flamands.
Le succès de ce vaudeville n'a pas été assez brillant, et j'en parle d'ailleurs beaucoup trop tard pour qu'il soit nécessaire d'en donner l'analise. Je ne m'attacherai pas non plus à chercher si Nlas. Klaas, peintre hollandais, et l'un des personnages de la pièce, dut le surnom qu'on lui donna, à ses amis, qui, dans une occasion périlleuse où il se trouvait, s'écrièrent : Berg-hem, qui veut dire je crois en français : Sauvez-le ; mais je remarquerai, au sujet de l'espèce d'esclavage dans lequel le tenait sa femme, que Berghem ne fut pas le seul peintre qui eut à se plaindre ainsi de l'hymen. Le célèbre Holbein n'en connut pas mieux que lui les douceurs ; mais moins endurant que Berghem, que l'avarice de sa femme obligeait d'emprunter de l'argent à ses élèves pour s'acheter des estampes, Holbein, quitta son pays, abandonna sa chère moitié, et passa en Angleterre, où il devint premier peintre de Henri viii. C'est là, puisque je suis en train de conter, que lui arriva une aventure faite pour le mettre en grande réputation de discrétion auprès des dames. Il peignait le portrait d'une femme dans son atelier ; un comte anglais, soit par jalousie, soit par tout autre motif, voulant y entrer de force, Holbein ne trouva d'autres moyens de s'en débarrasser que de lui faire sauter les degrés de son escalier. Les gens du comte ne tardèrent pas à attaques ce peintre dans sa maison; il se sauva par les toits, et fut assez heureux pour instruire de tout Henri viii, qui défendit au seigneur anglais de rien entreprendre contre Holbein. Un homme qui s'exposait à de si grands dangers en l'honneur des femmes, méritait assurément d'en avoir une meilleure en partage.
Pour revenir à la pièce nouvelle, dont cette petite historiette m'a écarté, je dirai qu'il eût été possible de rendre plus intéressante l'amitié de Van-Ostade pour le malheureux Berghem; et surtout d'arranger les choses de manière qu'il lui en donnât des preuves plus vraisemblables que celle de faire passer aux yeux d'un connaisseur quelques-uns de ses tableaux pour des ouvrages de Berghem, qui peignait dans un genre tout différent du sien. Les exemples d'une amitié constante ne sont pas plus rares parmi les grands peintres, que ceux de jalousie et de haine; et si l'on cite à regret ce mot de Lebrun à la vue de Le Sueur expirant : La mort va me tirer une grosse épine du pied, on se rappelle avec satisfaction du moins que Mignard et Dufrenoy, tous deux jeunes, et tous deux étudiant à Rome, partageaient ensemble le pain de la pauvreté ; que depuis, Mignard ayant fait fortune, et Dufrenoy se trouvant dans la misère, son ami l'accueillit, le secourut, le logea chez lui, et que la mort seule put séparer ceux que de leur vivant on avait nommés les inséparables.
L'histoire des peintres peut offrir à nos auteurs quelques tableaux à mettre avec succès sur la scène. Quant à celui que présente la pièce nouvelle, je ne saurais en louer beaucoup ni le coloris ni l'ordonnance, et j'avoue que l'auteur ne me paraît pas un grand maître.
B.
Magasin encyclopédique ou Journal des sciences, des lettres et des arts, année 1812, tome 2, p. 430 :
[L'intrigue est réduite à peu de choses : tout naît du mauvais caractère de la femme de Berghem. Son ami a ouvert une porte secrète entre leurs maisons, et cette porte permet une intrigue amoureuse, situation qui n'est pas jugée très neuve. Le critique ne s'attarde pas et règle le sort de la pièce en disant qu'elle contient « quelques couplets et des intentions comiques », et qu'elle est l'œuvre de débutants, mais il ne cite pas Brazier.]
Berghem et Van Ostade, ou les deux Peintres hollandois, vaudeville en un acte, joué le 25 avril.
Berghem a une femme acariâtre qui l'obsède, le tourmente et l'enferme pour le faire travailler. Van Ostade a loué la maison voisine ; et, au moyen d'une porte secrète pratiquée dans le mur, il entre dans l'atelier de son ami : là ils boivent et s'amusent. La porte secrète permet aussi à Berghem d'aller étudier le paysage d'après nature : mais elle est découverte par le neveu de Van Ostade qui entre chez Berghem, et devient amoureux de sa fille. Quelques situations naissent de cette intrigue : elles ne sont pas toutes neuves. La scène où le neveu déguisé trouve son oncle à la place de Berghem, rappelle l'entrevue de Baliveau et Damis dans la Métromanie. Enfin, Van Ostade introduit chez Berghem un Duc français avec qui il étoit brouillé ; il les raccommode, et procure à son ami la vente de tous ses tableaux. Quelques couplets et des intentions comiques ont soutenu ce vaudeville, premier ouvrage de MM. JULES et DOLIVET.
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