Bertrand Duguesclin et sa sœur, trait historique / comédie en deux actes et en prose, mêlée de vaudevilles, de Barré, Radet et Desfontaines, 6 frimaire an 13 [27 novembre 1804].
Théâtre du Vaudeville.
Almanach des Muses 1806.
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Titre :
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Bertrand Duguesclin et sa sœur
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Genre
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trait historique / comédie mêlé de vaudevilles
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Nombre d'actes :
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2
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Vers / prose
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en prose, avec des couplets en vers
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Musique :
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vaudevilles
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Date de création :
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6 frimaire an 13 (27 novembre 1804)
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Théâtre :
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Théâtre du Vaudeville
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Auteur(s) des paroles :
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Barré, Radet et Desfontaines
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Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Léopold Collin, an 13(1804) :
Bertrand Duguesclin et sa sœur, comédie en deux actes et en prose, mêlée de vaudevilles, par MM. Barré, Radet et Desfontaines. Représentée, pour la première fois, à Paris, sur le théâtre du Vaudeville, le 6 frimaire an xiii, ier de l'empire [27 novembre 1804].
La mention « an 1er de l’Empire » mérite d’être relevée.
La pièce, créée quelques jours avant le sacre de Napoléon Ier n'a pas obtenu de succès, et le Courrier des spectacles se contente d'en dire du mal dans deux courts articles.
Courrier des spectacles, n° 283 du 7 frimaire an 13 [28 novembre 1804], p. 3 :
Tous nos héros n’ont pas le bonheur d’Achille ; Duguesclin a été fort mal chanté hier au Vaudeville. Les plans, les idées, les scènes, le style, tout est également mauvais dans l’ouvrage consacré à sa gloire ; ses historiographes l’ont si maladroitement célébré, qu’il ne résulte de leurs éloges qu’une espèce de parodie ridicule, qu’on a sifflée.
Courrier des spectacles, n° 2835 du 9 frimaire an 13 [30 novembre 1804], p. 2 :
La seconde représentation de Duguesclin et sa Sœur a été un peu plus heureuse que la première. Les auteurs y ont fait quelques changemens. Les acteurs sont habillés plus agréablement, le style vaut un peu mieux ; mais l’ensemble de cet ouvrage est toujours froid et de peu d’intérêt. Le meilleur de la pièce est Mad Henry, qui est extrêmement belle sous le costume de Mad. Duguesclin. Quelques sifflets ont troublé la fin de la représentation.
Mercure de France, tome 18 (1804, de septembre à décembre), n° CLXXVIII du 10 frimaire an XII (samedi 1er décembre 1804), p. 471-473 :
[Quand la pièce n’est pas bonne, le mieux est de ne pas trop en parler. Le théâtre du temps donne beaucoup dans les pièces sur les grands hommes, et sur trois Bretons illustres célébrés sur les planches (le connétable de Clisson, Duguay-Trouin, Duguesclin), un seul a réussi l’épreuve. Et Duguesclin a échoué. Seul le couplet d’annonce traditionnel au Théâtre du Vaudeville a plu au public. L’intrigue est fondée sur une anecdote empruntée à un auteur peu fiable, et d’un intérêt limité. Pour l’étoffer un peu les auteurs ont ajouté une intrigue sentimentale qui a le grand inconvénient d’« étouffer presque le principal ». La pièce a choqué, prétend l’article : deux religieuses sur le théâtre, cela ne se fait pas, surtout « au moment où le chef de la religion catholique fait son entrée Paris » (Pie 7 est arrivé à Paris le 28 novembre 1804, pour le Sacre de Napoléon Ier.). Et puis elle manque des qualités qu’on attend du vaudeville : agrément, intérêt, gaieté. Les auteurs n’ont pas été nommés, mais leur nom n’est pas facile à deviner, et ils sont accusés d’avoir fort peu travaillé : chacun s’est reposé sur les autres. Une chute sans bruit, une pièce qui n’a inspiré que de l’ennui...]
Théâtre du Vaudeville.
Bertrand Duguesclin et sa sœur.
On a célébré cette année sur nos théâtres trois grands hommes, Clisson, du Guay-Trouin et Duguesclin, le plus illustre d’entr’eux , et qu’un historien moderne compare à Turenne. Tous trois sont nés dans une province féconde en héros, dans la Bretagne, dont les habitans sont connus par la franchise et l’énergie de leur caractère, du Guay seul a réussi. Clisson s’est traîné péniblement, et Duguesclin vient de tomber.
Le couplet d’annonce est à-peu-près la seule chose qu’on ait applaudie. Après avoir dit que la France est pleine de son nom , de ses exploits et de sa gloire, on ajoute :
Mais c’est en vain qu’on entreprend
De le chanter et de le peindre ;
Duguesclin s’est rendu si grand
Qu’on ne saurait jamais l’atteindre.
L’aventure qui forme l’intrigue est racontée, dans l'histoire de ce fameux connétable , par Guyard en tombant ; elle appelle du secours, et l’ennemi est mis en fuite. C’était Felleton et sa bande, que vous avez défaite ensuite. »
Cette anecdote ne pouvant fournir deux actes, on y a cousu un épisode. La religieuse s’est fait accompagner par une novice, sœur Claire, dont Mauny, parent de Duguesclin, devient amoureux. Il était sorti de nuit pour chanter une romance sous ses fenêtres. Interrompu parla nécessité de combattre, il s’était signalé plus que personne, et néanmoins, conre toute apparence, on le soupçonne d’intelligence avec Felleton. Le principal indice est un papier qu’on l’a vu cacher précipitamment (c’était la romance). Du Guesclin lui ordonne de le produire. Il s’y refuse. On en conclut qu’il est coupable. Sœur Claire alors révèle le secret de la romance. On 1’unit à son amant, et sa dot est la rançon du prisonnier anglais.
Ces amours de la novice forment un incident qui étouffe presque le principal. Il est dix fois question de la romance, et on ne la chante point. On a voulu donner de la naïveté à sœur Claire, et cette naïveté ressemble quelquefois un peu trop à la niaiserie, lorsqu’elle dit, par exemple, en parlant de son amant dont le départ est retardé : « Je ne sais pourquoi je suis fâchée d’en être bien aise. » Il y a aussi un valet qui joue la bonhomie. et qui prétend que « la bienfaisance est bonne. »
En général, on a été choqué de voir deux religieuses sur le théâtre, au moment où le chef de la religion catholique fait son entrée à Paris. Mais ce n’est pas ce défaut de bienséance ; c’est l'absence de toute espèce d’agrément, d’intérêt ou de gaieté qui a tué la pièce. On l’attribue à trois des auteurs les plus renommés, qui consacrent leur talent à ce théâtre : mais il est arrivé sans doute que chacun des trois s’est remis sur les deux autres du soin d’y mettre de l’esprit. La chute a été extrêmement décente ; on n’a, pour ainsi dire, entendu que des bâillemens.
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