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La Bayadère, ou le François à Surate

La Bayadère, ou le François à Surate, comédie en cinq actes, en vers, de Julie Candeille. 6 pluviôse an 3.

Théâtre de la République

Titre :

Bayadère (la), ou le François à Surate

Genre

comédie

Nombre d'actes :

5

Vers / prose

en vers

Musique :

non

Date de création :

6 pluviôse an 3 (25 janvier 1795)

Théâtre :

Théâtre de la République, rue de Richelieu

Auteur(s) des paroles :

Julie Candeille

Almanach des Muses 1796.

Pièce où l'Auteur jouoit le principal rôle : sujet romanesque et dépourvu d'intérêt. Elle n'a point réussi. Raynal a fait une description voluptueuse des Bayadères, dans son histoire philosophique des deux Indes. Ce sont des Chanteuses indiennes qui font le métier de courtisanes. Dans la pièce de la C. Candeille, la Bayadère est une femme vertueuse et remplie de talens.

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1795, volume 4 (juillet-août 1795), p. 234-236 :

[La pièce de Mlle Candeille a été fort mal accueillie (les murmures l’ont largement emporté sur les applaudissements !), et le critique le laisse entendre avant de remplir l’espace qui lui est imparti avec des propos généraux sur les bayadères... Seule information cocnernant la pièce : l’auteur « n'a point fait de sa Bayadere une courtisanne ».]

La Bayadere , comédie.

L'auteur de la Belle fermiere vient d'éprouver qu'au théatre le premier succès, quand il a été aussi brillant que le sien, rend les autres très-difficiles á obtenir, & que le public exige beaucoup de ceux qui lui ont beaucoup donné. La Bayadere a été reçue avec un tel mélange d'applaudissemens & de murmures, qu'il nous seroit impossible de rendre un compte exact de cette piece. Nous attendrons,.pour la faire connoître, les réprésentations suivantes. Nous prévenons seulement qu'en tirant son sujet du livre de l'histoire philosophique des deux Indes de Thomas Raynal, l'auteur de la piece n'en a pris que le nom, & qu'elle n'a point fait de sa Bayadere une courtisanne ; qu'elle s'est proposée en la mettant sur le théatre, de nous présenter la vertu embellie par les talens & les graces.

En attendant nous allons aujourd'hui mettre sous les yeux de nos lecteurs le portrait que Thomas Raynal a fait des Bayaderes. Ces femmes sont des danseuses très à la mode à Surate. Elles vivent réunies dans des especes de séminaires. Leur destination est de danser dans les temples aux grandes solemnités, & de servir aux plaisirs des drames. Toutes cependant ne sont pas consacrées aux pagodes. Il y en a que l'on forme pour l’amusement des hommes riches. D'autres troupes sont ambulantes & parcourent le pays sous la conduite de vieilles femmes, qui d'eleves qu’elles étoient dans les séminaires, en deviennent à la fin les directrices. Par un contraste bizarre & dont l'effet est toujours piquant, ces belles filles, dit Raynal, traînent à leur fuite un musicien difforme, & d'un âge avancé, dont l'emploi est de battre la mesure avec un instrument de cuivre.

Tout conspire au succès de ces femmes voluptueuses ; l'art & la richesse de leur parure, I’adresse qu'elles ont à façonner leur beauté. Leurs longs cheveux noirs, épars sur leurs épaules ou relevés en tresses, sont chargés de diamans & parsemés de fleurs. Des pierres précieuses enrichissent leurs coliers & leurs bracelets. Elles attachent même des bijeux à leurs narines ; & cet ornement, qui choque au premier coup-d'œil, plaît & releve tous les autres par le charme de la symétrie. La plupart de ces danseuses croient ajouter à l'éclat de leur teint, à l'impression de leurs regards, en formant autour de leurs yeux un cercle noir qu'elles tracent avec une aiguille de tête teinte d'une poudre d'antimoine. Cette beauté d'emprunt chantée par-tout les poëtes Orientaux, après avoir paru bizarre aux Européens qui n'y étoient pas accoutumés, a fini par leur être agréable. Cet art de plaire est toute la vie, toute l'occupation, tout le bonheur des Bayaderes ; on résiste difficilement à leur séduction.

(Journal de Paris, &c.)

Dans la France littéraire de J.-M. Quérard, tome neuvième, 1838, p. 179, l'article consacré à Julie Candeille parle ainsi de la pièce, qui fait partie de ses œuvres non imprimées :

Bayadère (la), ou le Français à Surate, comédie en 5 actes et en vers, qui fut impitoyablement sifflée le 24 janvier 1795, au théâtre de la République, sans avoir été entendue, sans égards pour l'auteur qui représentait le principal personnage ; et pourtant cet ouvrage annonçait de l'imagination, du sentiment, le talent d'écrire ; mais les mots indiens trop prodigués sans être expliqués y jetaient de l'obscurité. D'ailleurs, le public était prévenu contre la pièce et l'auteur, parce que l'on pardonne difficilement des prétentions mises trop à découvert. Une bayadère, belle, spirituelle, brillante de grâce et de talents, bonne, sensible, et qui plus est, malgré son état de danseuse, fière, chaste et vertueuse, parut un personnage invraisemblable, fantastique ; et l'on trouva mauvais que l'actrice-auteur s'attribuât dans ce rôle tous ces genres de gloire, quand même elle y aurait eu des droits incontestables. Les fades éloges qu'elle s'y faisait prodiguer ne trouvèrent pas la même indulgence que ceux qu'on avait applaudis dans la Belle Fermière, et la pièce tombée n'a jamais vu le jour. Ce revers, les désagréments attachés à un état pour lequel mademoiselle Candeille ne s'était jamais senti une vocation bien marquée, ceux qu'elle avait éprouvés de la part de ses camarades, la déterminèrent à renoncer au théâtre qu'elle pouvait alors quitter sans danger et à prendre dans le monde un rang plus convenable à l'élévation de sentiments dont elle a toujours fait profession.

Dans la base César, deux représentations : 25 et 27 janvier 1795.

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