La Bonne sœur

La Bonne sœur, comédie lyrique, par MM. Petit et Philippon-Lamadelaine, musique de Bruni, 1er pluviôse an 9 [21 janvier 1801].

Théâtre Feydeau.

Titre :

Bonne sœur (la)

Genre

comédie lyrique

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

prose, avec couplets en vers

Musique :

oui

Date de création :

1er pluviose an 9 [21 janvier 1801]

Théâtre :

Théâtre Feydeau

Auteur(s) des paroles :

Petit et Philippon-Lamadelaine

Compositeur(s) :

Bruni

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Huet, an X :

La Bonne Sœur, comédie-lyrique, en un acte et en prose, mêlée de chants ; Par Petit, aîné et Philipon de la Mademaine ;musique de Bruni ; Représentée pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre de la rue Feydeau, le 2 pluviose an IX de la république.

La date de création donnée par la brochure est légèrement inexacte.

Courrier des spectacles, n° 1424 du 2 pluviôse an 9 [22 janvier 1801], p. 2-3 :

[Après un long résumé de l'intrigue, une de ces histoires mélodramatiques où les auteurs ne craignent pas de multiplier les clichés morbides que le critique énumère sans sourciller, de façon assez inattendue, c'est la médiocrité de la pièce qui est mise en avant : elle est dépourvue d'originalité et ressemble beaucoup, pour le fonds à une pièce ayant eu bien peu de succès sur un autre théâtre. Elle contient des débats qualifiés d'oiseux entre l'indispensable geôlier et le fossoyeur (dignes des discussions de cabaret), ainsi qu'une « fête de l'hermitage », jugée mesquine, et qui ne servirait qu'à donner l'occasion de danser à un des interprètes, une ronde qui, d'ailleurs « n'a rien de merveilleux ». D'autres reproches encore, des « idées insignifiantes ou incomplètes », des expressions contestables, et surtout une froideur générale dans tout l'ouvrage, née de « la maigreur du sujet et de l'emploi fréquent de sentences communes ». Ce constat sévère permet en quelque sorte d' »xcuser la prestation moyenne du compositeur, qui « avoit peu de moyens de développer les ressources de son art » : des « morceaux de chant » dont la couleur est « foible », mais une « heureuse simplicité » et une correction de la composition, « qui distinguent le style du cit. Bruni », finalement mieux traité que les auteurs des paroles, qui ne sont pas nommés.]

Théâtre Feydeau.

Le jeune Logarez, vénitien , victime des intrigues d’un tuteur avare et puissant, est renfermé dans une forteresse sur le bord de la mer adriatique. Près du château est un hermitage dont le possesseur, le père Anastasio, homme juste et respectable, vient de recevoir un jeune novice qui lui est recommandé, sous le nom de frère Angelini. Ce nouveau prosélylite n’est autre que Rosella, sœur de Logarez, et qui vient dans le dessein de connoître son sort et de le sauver.

Le père Anastasio, mandé par le Gouverneur afin de donner à un prisonnier prêt à périr les dernières consolations de l’humanité et de la religion, n’a pu obtenir de lui les aveux qu’il sollicitoit : il vient faire part du peu de succès de sa mission à Rosella, qui apprend bientôt que c’est son frère qui est sur le point de terminer sa vie dans les supplices. Soudain elle s’arme de courage, elle prie père Anastasio de lui faciliter les moyens d’arriver jusqu’à l’asyle du prisonnier. Le vieil Hermite , qui doit encore le revoir, imagine un moyen, il se flatte que la rapprochement des âges entre Logarez et Angelini, portera le prisonnier à entendre avec plus de docilité les conseils de la religion ; il se charge de demander au Gouverneur la permission que sollicite son jeune compagnon.

Après quelques difficultés, le faux Angelini est introduit dans le fort, et déjà les mesures sont prises pour sauver Logarez. Celui-ci, à l’aide d’un breuvage que l’on croit être du poison, passe pour mort aux yeux de tout le monde, excepté à ceux du Médecin, que Rosella a mis dans ses intérêts ; Sépulchrum, un des gens du château, est chargé de l’ensevelir ; Rosella le gagne facilement avec quelques ducats, alléguant pour prétexte le désir de faire sur le cadavre du prisonnier quelques expériences anatomiques.

L’heure où le corps doit lui être livré arrive. Sépulchrum le descend dans une petite cour, mais il ne peut donner le signal convenu, il a avec lui le Geôlier, témoin importun. Il enferme donc le prétendu mort derrière une petite grille, et promet à Rosella de venir bientôt exécuter le marché. Celle-ci regarde à travers la grille, voit son frère, l’appelle, lui presse les mains, et par ses efforts ouvre la grille. Logarez se jette dans les bras de sa sœur, Anastasio les voit, apprend le secret de Rosella ; il cherche à les sauver , lorsque le Gouverneur arrive et témoigne la plus profonde affliction de ce que le jeune Logarez a terminé sa vie avant d’apprendre une nouvelle heureuse qui devoit l’arracher au trépas. C’est un rescrit du conseil d’état par lequel on lui rend sa liberté et ses biens. Ses regrets se dissipent facilement à la vue de Logarez lui-même.

Tel est le plaisir avec lequel on voit toujours les premiers talens de ce théâtre, qu’il faut qu’un ouvrage soit bien mauvais pour ne pas réussir lorsqu’ils en remplissent les principaux rôles. Quelqu’ait paru le succès de celui donné hier sous le titre de la Bonne Sœur, on ne pourra jamais le considérer que comme une production médiocre. Son premier défaut est de ressembler pour la facture à nombre de pantomimes, et pour fonds, plus particulièrement à la pièce de la Forteresse ; donnée dernièrement sans succès au théâtre Montansier. De quelle utilité peuvent être à l’action ces démêlés oiseux d’intérêt et ces reproches d’habitude de cabaret entre deux personnages dont on a cherché à égayer le caractère épisodique fort peu gracieux par lui-même, un geolier et un fossoyeur. A quoi revient encore l’à-propos d’une fête de l’hermitage, fête bien mesquine qui semble n’avoir été encadrée dans l’action que pour faire danser Juliet, et la liste des pièces où danse cet acteur est bien assez fournie. D’ailleurs la ronde n’a rien de merveilleux, à en juger seulement par le refrein : Pour être heureux ,faut être deux ; que le fossoyeur, chose assez singulière , est ici le boute-en-train, et que l’idée de sa chansonnette lui est suggérée par le souvenir subit de l’ennui que devoit éprouver notre premier Père au Paradis Terrestre.

On remarque d’autres idées aussi insignifiantes ou incomplètes, celle par exemple conçue à-peu près en ces termes :

Pourquoi chercher le vrai bonheur ?
Il n’existe plus sur la terre ;
Il n’est que dans la paix du cœur ;
Il appartient au solitaire.

Peut-on dire que l’amour adoucit les fers ? Pour peindre une carrière pénible doit-on dire une carrière désastreuse ? Mais le reproche le plus grave à faire à cet ouvrage, est d’être extrêmement froid ; ce qui provient de la maigreur du sujet et de l’emploi fréquent de sentences communes.

D’après cet apperçu on sent que le musicien avoit peu de moyens de développer les ressources de son art. Aussi la couleur de presque tous les morceaux de chant est-elle foible ; ce pendant la composition, dans les accompagnemens sur-tout, présente cette heureuse simplicité et cette correction qui distinguent le style du cit. Bruni.

Les auteurs des paroles sont les cit. Petit et Philippon-la-Magdeleine.

B * * *          

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 6e année, 1801, tome V, p. 414-415 :

Théâtre Feydeau.

La bonne Sœur.

Cette pièce, jouée le 1er pluviôse, a dû principalement son succès aux acteurs ; elle ressemble assez à un petit opéra donné dernièrement, à la Montansier, sous le titre de La Forteresse. Le jeune Logarez, vénitien, victime des intrigues d'un tuteur avare et puissant, est renfermé dans une forteresse. Près du château est un hermitage. Un jeune homme vient demander la permission d'y être reçu. Ce nouvel hermite est Rosella, sœur de Logarez. Elle est introduite dans le fort, et donne à son frère les moyens de se sauver, au moyen d'un breuvage qui doit le faire passer pour mort. Sepulchrum, fossoyeur, est chargé de l'ensevelir ; on le gagne avec quelques ducats, et il descend le corps dans une petite cour; mais le geôlier, toujours présent, l'empêche de donner le signal pour l'enterrer. Le gouverneur arrive et témoigne son regret de ce que son jeune prisonnier a terminé sa vie avant d'apprendre que sa liberté lui étoit rendue. Ses regrets se dissipent à la vue du prétendu mort ressuscité. Le style de cette pièce est peu soigné, les vers peu saillans, les idées ne sont qu'à demi-exprimées, et tout annonce l'ouvrage d'un débutant.

La musique est foible en général, mais correcte et agréable, surtout dans les accompagnemens. Elle est du C. Bruni ; les paroles sont des CC. Petit «t Philippon-la-Madelaine.

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