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Le Bal, ou Quelle attrape !

Le Bal, ou Quelle attrape ! comédie en un acte. 19 pluviose, an 12 (9 février 1804).

Théâtre du Vaudeville

Almanach des Muses 1805

Courrier des spectacles, n° 2540 du 20 Pluviôse an XII (10 février 1804), p. 2 :

Théâtre du Vaudeville.

Première représentation du Bal, ou Quelle attrape !

Le public que cette nouveauté avoit attiré, s'y est ennuyé au lieu de s'amuser ; quelle attrape ! L'auteur qui comptoit sur le succès a entendu 1es sifflets faire à la fin accompagnement, et loin d'être nommé, n'a pas même trouvé dans le parterre une voix qui le demandât ; quelle attrape ! Son ouvrage froid et insignifiant, rempli de scènes décousues et sans intérêt a été cependant écouté jusqu'à la fin. Alors le dernier couplet, le seul qui soit bien fait a réveillé le public de son apathie, et on conviendra qu'il étoit tems. Si cette production n'étôit qu'ennuyeuse, le mal ne seroit pas si grand; elle partageoit ce défaut avec tant d'autres; mais elle a encore relui de l'immoralité ; on peut en juger par l'extrait suivant :

Edouard s'est ruiné et a contracté des engamens pour sauver un ami. Les créanciera assiègent sa porte, et il est embarrassé sur les moyens de les éloigner. Carle son Jockey en a déjà renvoyé plusieurs très lestement ; mais il en est un plus tenace que les autres qui, pour forcer Edouard d'acquitter une dette de cent louis, a contre lui une sentence par corps. Les parens du jeune homme habitent la même maison ; mais il connoît leur avarice, comment faire ? Carle se i!déguise en femme ; et en présence du père et de la mère d'Edouard que celui-ci a invités à un bal chez lui, il déclare qu'il vient l'arrêter en vertu d'une prise de corps dont il est porteur. Cette ruse n'ayant pu décider les parens à payer les cent louis, Carie reprenant son costume, en imagine un autre, c'est de leur faire entendre que leur fils vient de conclure une affaire très-avantageuse, et qu'il donnera bal le soir même. Cependant rien n'est préparé ; le tapissier doit être averti, et il fait semblant d'aller commander tout ce qui est nécessaire pour le divertissement ; mais le père et la mère offrent eux mêmes des meubles, de beaux flambeaux, une glace, des lustres ; on les place dans une salle où le bal doit avoir lieu, et Edouard ouvre la fête en dansant l'allemande sous l'habit d'Arlequin. Le père et la mère exécutent ensuite un menuet. Dans cet instant des huissiers apostés par Carle font l'inventaire et la saisie des meubles. Le père les réclame comme sa propriété, on ne l'écoute point ; on se met en devoir d'emporter les objets saisis, lorsqu'enfin les avares parens consentent à payer les deux mille quatre cents francs.

Sous quelque point de vue que l'on considère cette action, quoiqu'Edouard n'y participe pas de fait, quelqu'excuse d'ailleurs que puisse offrir l'avarice de ces parens et le motif qui l'a porté à sacrifier sa fortune pour un ami ; il n'est pas moins immoral de voir un fils fermer les yeux sur les moyens que son Jockey emploie pour tromper son père. On s'est peut-être appuyé de l'exemple de Molière dans les Fourberies de Scapin. Mais le choix das imitations pouvoit être plus heureux, et si Molière sert de modèle, ce n'est certainement pas

Dans ce sac ridicule où Scapin s'enveloppe.

Le parterre a partagé l'opinion que nous émettons, car il n'a commencé à siffler qu'au moment où le père est dupe de l'escroquerie du Valet de son fils.                   F. J. B. P. G***.

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