Les Bedouins, ou la Tribu du Mont-Liban, pantomime en trois actes, à grand spectacle, de Frédéric [Dupetit-Méré], musique arrangée par Alexandre [Piccini] et Lanusse, 10 avril 1813.
Théâtre du Cirque Olympique.
Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, 1813 :
Les Bedouins, ou la Tribu du Mont-Liban, Pantomime en trois actes, à grand spectacle, Par M. Frédéric ; Musique arrangée par MM. Alexandre et Lanusse. Divertissement par M. Jaquinet. Décors peints par M. Isidore. Représentée, pour la premiere fois, à Paris, au Cirque Olympique, le 10 avril 1813.
Journal des arts, des sciences, et de littérature, Volume 13, n° 217 (quatrième année) du 15 avril 1813, p. 66-67 :
[Après un équilibriste, une pantomime, et dialoguée de surcroît : le critique ne se prive pas de faire un peu d'ironie pour décrire une pièce de plus sur les tribus d'Orient (après les Abencerrages, les Bédouins...). Le résumé succinct de l'intrigue en montre abondamment les invraisemblances avec, en particulier, l'utilisation de l'italique. Les invraisemblances sont « d'obligation » dans les pantomimes, et elles sont rendues acceptables par ce qui environne la pièce :« les costumes, les décorations et la pompe ». Bien que l'intrigue soit obscure, la pièce a réussi, mais elle le doit à l'aide apportée par les Franconi, les fameux artistes équestres qui recourent à tous les moyens possibles pour éclairer les spectateurs, « aux écriteaux, aux pancartes, aux inscriptions, et même aux paroles ». Procédés dont le public n'est pas dupe.]
CIRQUE OLYMPIQUE.
Les Bedouins, ou la Tribu du mont Liban, pantomime en trois actes et en prose, par M. Frédéric, musique de MM. Alexandre et Lanusse.
Pendant tout le mois dernier, l'équilibriste Zanini a tenu lieu de nouveautés à ce théâtre, où les directeurs, les acteurs et les chevaux rivalisent de zèle et de talens. Les Bedouins ne pouvaient venir plus à propos que dans ce moment, où l'on s'occupe des Abencerrages ; on sera curieux de connaître ces différentes tribus et d'en faire la comparaison, quoique les uns et les autres aient déjà figuré en mélodrames. Analysons succinctement la pantomime nouvelle.
Zoraim a été élevé dans une chaumière voisine de Damas ; il se croit d'une naissance obscure, et n'est rien moins que le fils d'Abulmar, chef des Bedouins, dont la tête est mise à prix. En moins de trois quarts-d'heure Zoraim a le bonheur de sauver la vie à son père, qu'on allait poignarder, au pacha de Damas, Ismaël, que le tonnerre a renversé de cheval, et à la sœur de ce prince, la belle Zulima, qui allait être engloutie dans la mer ; il est tout naturel qu'il devienne amoureux de la princesse, et qu'elle le paie de retour, quoiqu'elle soit promise à Nouredin, commandant de l'armée turque, chargé de détruire les Bedouins. Admis à la cour d'Ismaël, Zoraim (dont le secret a été découvert par le chef des muets, qui a jasé) est prêt à périr par ordre de son rival, lorsque tout à coup il est délivré par Abulmar, qui l'enmène dans son camp avec Zulima, qui abandonne son frère pour suivre son amant. Ici commencent des combats entre les Turcs et les Bedouins. Généreux autant que brave, Zoraim délivre Ismaël et Nouredin, tombés entre les mains des Bedouins vainqueurs. Abulmar est fait prisonnier, et sa mort est déjà résolue ; c'est alors que Zoraim est instruit du secret de sa naissance. Lui qui sauve tout le monde, veut en vain sauver son père : le fer est déjà levé, lorsque le lieutenant d'Abulmar, qui s'est introduit par stratagême, avec ses soldats, dans les murs de Damas, tue Nouredin, et fait Ismaël prisonnier. Abulmar vainqueur, se soumet au sultan, qui lui rend ses biens et ses dignités; les amans sont unis.
Tel est, au milieu d'une foule d'incidens, le sujet de cette pantomime dialoguée, dont les costumes, les décorations et la pompe, couvrent l'invraisemblance d'obligation. Elle a complètement réussi, bien que l'action en soit quelquefois un peu obscure ; aussi l'auteur (qui doit une grande partie de son succès à MM. et madame Franconi) a-t-il eu recours aux écriteaux, aux pancartes, aux inscriptions, et même aux paroles. – Ces petites précautions occasionnent toujours des accès de gaité parmi les spectateurs exigeans, qui appliquent aux pièces du Cirque ce vers connu :
Il faut de l'action, et non pas des paroles.
S.
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