Les Bizarreries de la Fortune, ou le Jeune Philosophe, comédie en cinq actes, en prose, de Loaisel-Tréogate, 16 avril 1793.
Théâtre du Marais.
On trouve également le titre au singulier, la Bizarrerie de la fortune, ou le Jeune philosophe.
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Titre :
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Les Bizarreries de la Fortune, ou le Jeune Philosophe
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Genre
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comédie
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Nombre d'actes :
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5
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Vers / prose
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en prose
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Musique :
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non
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Date de création :
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16 avril 1793
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Théâtre :
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Théâtre du Marais
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Auteur(s) des paroles :
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Loaisel-Tréogate
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Almanach des Muses 1794
Pièce toute d'intrigue et peu susceptible d'analyse.
Des détails agréables. Elle a réussi.
Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, an 7 :
La Bizarrerie de la Fortune, ou le Jeune philosophe, comédie en cinq actes, en prose, Représentée pour la première fois au Théâtre du Marais, à Paris, le 16 avril 1793, reprise au Théâtre français de la République, rue de la Loi. Par J. M. Loaisel-Tréogate. Seconde édition, Revue et corrigée par l’Auteur, avec un nouveau dénouement.
L’Esprit des journaux français et étrangers, 1793, volume 11 (novembre 1793), p. 343-346 :
[Compte rendu positif d’une pièce que le critique juge fort originale (et qui se révèle être une imitation d’une pièce polonaise, manifestement inconnue de tous sauf de l’auteur de la pièce... Le retour de l’affirmation de la nouveauté n’en a que plus de saveur). Sinon, une pièce louable, parce qu’elle a un but moral (ce qui est fort louable). Un ouvrage « dont le dessin est original », au « dialogue soigné, vif & vraiment dramatique ». Il y a bien quelques points à reprendre, « quelques réminiscences dans les situations, quelques incorrections dans le plan, quelques longueurs dans certaines scenes », une action lente à démarrer, mais elle « file sans embarras ; les moyens y sont vraisemblables & naturels ; l'intention en est louable, l'idée ingénieuse » ; on y trouve « des pensées hardies & fortement exprimées ». Elle plaira à « ceux qui veulent voir associés gaîté et tableaux philosophiques ». L’interprétation, très satisfaisante, est à peine évoquée.]
THÉATRE DU MARAIS.
La bizarrerie de la fortune, ou le jeune philosophe, piece en cinq actes, en prose.
Est-on sot, étourdi, prend-on mal ses mesures ?
On pense en être quitte en accusant son sort :
Bref, la fortune a toujours tort.
Telle étoit la morale du bon la Fontaine, qui croyoit plus à la bizarrerie des caprices des hommes qu'à la bizarrerie de la fortune. Cependant il faut convenir qu'il arrive, dans le cours de la vie, des événemens si extraordinaires, qu'il seroit impossible à toute la prudence humaine de les prévoir, ni de les éviter. C'est le but moral de la piece en cinq actes, en prose, donnée avec un succès mérité sur ce théatre, sous le titre de La bizarrerie de la fortune, ou Le jeune philosophe. La coupe de cet ouvrage a une physionomie allemande ou angloise, qui feroit croire, au premier coup-d'œil, qu'il est imité d'un théatre étranger : cependant nous ne nous sommes rien rappellé qui lui ressemblât : il paroît qu'il est entiérement d'imagination. Comme les événemens sont très-multipliés dans cette piece, nous nous contenterons d'en esquisser rapidement les principales données.
Mathurin-Georges Durocher, jeune philosophe, fils d'un laboureur, revient, après avoir long-tems voyagé, dans un village voisin de celui qui lui a donné la naissance, pour épouser Mme. Robert, qui l'aimoit autrefois ; mais Mme. Robert est riche & intéressée ; Georges est sensible & pauvre ; Mme. Robert lui ferme sa porte. Georges, dénué d'argent & de ressources, s'adresse à Champagne, aubergiste, qui lui refuse un gîte & à souper ; Georges est obligé de passer la nuit dans une forêt. Le pere Dutaillis, garde de cet forêt, a dit à sa fille, Rosette, de lui apporter à déjeûner de bon matin. Rosette, en se rendant aux ordres de son pere, rencontre Georges qui meurt de faim. Cette sensible paysanne lui donne à manger : bientôt Georges trouve une valise, que sa délicatesse l'engage à remettre au juge du lieu. En route, il est arrêté comme voleur ; mais son innocence éclate ; Georges, au désespoir, se détermine à fuir le village, & ne trouve de commisération que dans le pere Dutaillis, qui le force à accepter le seul écu qu'il possede. Cependant Rosette est recherchée par Champagne, qu'elle n'aime point. Georges l'intéresse, elle retient ce jeune homme : le bon Dutaillis lui-même lui propose sa fille, s'il veut rester avec lui : Georges, par délicatesse, refuse ces offres ; mais bientôt le notaire du village lui annonce qu'un inconnu l'a chargé de remettre cinq cents mille francs à Mathurin-Georges Durocher : Georges reçoit cette somme, sans pouvoir deviner de qui elle lui vient ; Georges va épouser Rosette, & faire la fortune de ses bons amis, lorsque Champagne, qui se trouve être son oncle & s'appeller comme lui, réclame la somme, & donne des renseignemens si certains sur la main inconnue qui l'a déposée, que le notaire est obligé d'en dépouiller Georges. Désespoir de celui-ci, motivé sur ce qu'il ne peut plus rendre heureux ses bienfaiteurs. Ivresse de Champagne, qui épouse l'avaricieuse Mme, Robert. Mais la joie de ces êtres cupides est de peu de durée : le véritable dépositaire de la somme paraît. Il montre une lettre signée Limour : ce Limour étoit l'ami de Georges, c'est à Georges que ce trésor est destiné- Champagne, désolé, est obligé de le restituer, & Georges, après avoir fait plusieurs actes de générosité, donne la main à l'intéressante Rosette, & force le bon Dutaillis à quitter son état pour se reposer auprès de ses enfans.
Il regne un vif intérêt de curiosité dans cet ouvrage, dont le dessin est original. Il offre sur-tout un mérite rare, c'est un dialogue soigné, vif & vraiment dramatique. On pourroit bien y trouver quelques réminiscences dans les situations, quelques incorrections dans le plan, quelques longueurs dans certaines scenes ; mais l'action, quoiqu'elle ne commence à marcher qu'au troisieme acte, file sans embarras ; les moyens y sont vraisemblables & naturels ; l'intention en est louable, l'idée ingénieuse ; il y a souvent des pensées hardies & fortement exprimées ; c'est, en un mot, un ouvrage très-estimable, & qui mérite de piquer la curiosité de tous ceux qui aiment la gaieté, mise à côté des tableaux les plus philosophiques. Il est de Loïsel-Théogat, auteur du Château du diable, au théatre de Moliere. Cette piece est jouée de la maniere la plus satisfaisante.
Brazier, Histoire des petits théâtres de Paris, nouvelle édition (Paris, 1838), tome premier, p. 12-13 :
Je ne dois point omettre, dans l'histoire du théâtre du Marais, un ouvrage qui y obtint quelque réputation, les Bizarreries de la Fortune ou le jeune philosophe, par Loasel Thréogate ; mais je dois dire aussi qu'il n'eut point beaucoup de peine à le composer, car les Bizarreries de la Fortune ne sont autre chose qu'une comédie polonaise, les Coups du Sort, de Mowinski, auteur à réputation que l'on avait surnommé le Molière de la Pologne. Loasel n'a rien changé à la pièce de Mowinski, il l'a copiée acte pour acte, scène pour scène, mots pour mots; et, chose extraordinaire ! plusieurs journaux que j'ai lus et qui en ont rendu compte ne font aucune mention de l'auteur polonais.
Les Coups du Sort furent composés en 1781, et les Bizarreries de la Fortune furent jouées à Paris le 16 avril 1793. On lit dans une notice mise en tête de la comédie des Coups du Sort: « La pièce dont nous offrons la traduction nous a paru être plutôt une œuvre du génie de Mowinski que ses autres ouvrages; on y remarque surtout le goût et les nuances du Théâtre-Français, qui lui a, sans contredit, donné beaucoup d'idées et un vaste champ à glaner. »
Effectivement, en lisant la comédie de l'auteur polonais, on y retrouve le goût et les plaisanteries françaises.
Loaisel Thréogate aurait dû, je pense, annoncer sur la brochure que sa pièce était une traduction de celle de Mowinski ; cet acte de modestie ne lui aurait fait aucun tort. « Rendez à César ce qui est à César, et aux Polonais ce qui est aux Polonais. »
César : première le 16 avril 1793. 15 représentations en 1793 (jusqu'au 29 juin 1793). Reprise en 1794 au Théâtre français de la rue de Richelieu pour 11 représentations, et en 1796 au Théâtre de la rue Martin pour 8 représentations. La pièce a été reprise en 1800 au Théâtre de la Gaieté, jusqu'en 1802 (le 21 novembre, au Théâtre des Étrangers).
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