Cadet Roussel aux Champs-Élysées, ou la Colère d'Agamemnon, vaudeville en 1 acte de Joseph Aude, 26 ventôse an 9 [17 mars 1801].
Théâtre Montansier
Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Fages, an IX. (1801.) :
Cadet-Roussel aux Champs-Élysées, ou la Colère d'Agamemnon ; vaudeville en un acte, Mêlé de Mistification, Pantomimes, Cérémonies, etc. Par Aude. Représenté, pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre Montansier, le 26 ventôse an IX de la République Française.
Les sots sont communs, mais les bouffons sont rares.
Voltaire, Scène IX.
Dans cette brochure, la pièce est précédée d’une sorte de préface ou d’avertissement (page 3) :
J'ai voulu tenter une Folie à la manière ancienne. J'ai voulu faire des couplets liés, inhérens à ma fable. J'avois devant les yeux ; J'aime mieux ma mie au gué, chanson qui plaisoit à Molière ; et que nos prétentieux novateurs trouveroient bêtement naïve, s'ils osoient mettre en évidence leur éducation littéraire.
Je voyois toujours, sur la surface de la France, des milliers d'Acteurs et d'Auteurs sans vocation, quand ils ont des bras, de la force, et qu'il y a tant de landes à défricher. J'ai donc livré, encore une fois, l'imbécille diseur, l'ampoulé compositeur, Cadet Roussel, à la raillerie publique. - On se sert des serpens pour guérir leur morsure.
Brunet est toujours la nature; comme il verse le ridicule sur cette horde de dubartas, sur cette fourmillière de déclamateurs, de sots ingénieux, de maîtres sans apprentissage en littérature, etc. Il se souvient toujours de ma maxime sur les convenances : Il faut peindre la rue avec les couleurs de la Boue. Ah ! qu'il est difficile d'être vrai dans certain genre, sans être repoussant !
Teniers fait chanceler son Ivrogne sans dégoût ; il rougit son nez, furibonde son regard et fait écumer sa bouche, sans dégrader son pinceau : voilà le secret. Fabre d'Eglantine le répétoit souvent à son ami Simon, dont les soins et l'amitié m'ont si bien servi dans cette nouvelle esquisse, tracée à la hâte contre les barbouilleurs modernes, carricatures manquées, qui ne pourront jamais sentir les véritables. – A propos de carricature, j'aime à rendre, à madame Delaporte, un hommage bien mérité dans trois rôles qu'elle joue et chante au Théâtre des Jeunes-Artistes dans un petit ouvrage que j'ai fait pour ce spectacle et qu'elle embélit par le charme et la variété de son jeu.
La liste des personnages donne une idée de la tonalité de l’oeuvre :
Personnages.
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ARTISTES.
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CADET ROUSSEL.
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Brunet:
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VOLTAIRE.
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Véniard.
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LA FONTAINE.
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Vandore.
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VADÉ.
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Duval.
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PALAPRAT.
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Hugot.
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DANCOURT.
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Tiercelin.
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PANARD.
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Bonioli.
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AGAMEMNON.
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Guibert.
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RHADAMANTE.
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Dufresnoi.
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PHANOR.
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Granger.
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NINON DE L'ENCLOS.
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Mad. Mengozzi.
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MANON, femme de Cadet Roussel.
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Mad. Ferton.
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DEUX OMBRES qui parlent.
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OMBRES diverses.
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La Scène se passe aux Champs Elysées:
Courrier des spectacles, n° 1479 du 27 ventôse an 9 [18 mars 1801], p. 2 :
[Un nouveau Cadet Roussel, « de tous les Cadets le moins dépourvu de bons sens et le plus spirituel », présenté comme une sorte de parodie du genre des « Cadet Roussel » par le créateur du genre. L’intrigue est une reprise d’un genre bien connu, celui de la descente aux Champs Élysées où Cadet Roussel rencontre divers personnages. Il tombe amoureux de la belle Ninon de Lenclos, Il obtient non sans mal sa main de son père, Agamemnon, mais au moment même du mariage, la femme de Cadet Roussel arrive : plus de mariage, le critique achève son résumé par un habile etc. Le jugement porté est mitigé : qualité des couplets, mais froideur des scènes. Le nom de l’auteur est donné sans commentaire.]
Théâtre Montansier.
Ce n’étoit pas assez d’avoir amusé les partisans du bon goût, des parades, des Cadet acteur, Cadet Barbier, etc., il falloit encore, après sa mort, nous le montrer servant de divertissement aux Ombres, et de plastron aux railleries de nos grands poètes. Telle est la nouveauté donnée hier sous le titre de Cadet Roussel aux Champs-Elisées. Ce Cadet est peut-être de tous les Cadets le moins dépourvu de bons sens et le plus spirituel ; c’est pour ainsi dire la parodie de ce genre, puisque l’auteur fait faire amende honorable à son héros mystifié.
Quoiqu’il n’y ait qu’un fonds très-léger à cette pièce , tâchons d’en donner un apperçu.
Cadet est mort. Son ombre entrant aux Champs-Elisées a rencontré Agamemnon et Voltaire. Il a salué ce dernier : il le connoît, c’est l’auteur de la pièce : Zaïre , vous pleurez.
Quand à Agamemnon [sic], il l’a bien reconnu pour un grec à la réception qu’il lui a faite.
Cependant Pannard, Dancourt, Vadé et autres Ombres veulent s’amuser du nouveau venu, qui est subitement tombé amoureux de la belle Ninon ; celle-ci consent à répondre à l’ardeur de Cadet a condition que son père le lui permettra, et ce père c’est le terrible Agamemnon. Cadet se présente â lui, et après bien des refus parvient à fléchir sa fierté , et le roi des Grecs donne son consentement.
La cérémonie commence, mais au moment où elle va se terminer, Manon, femme de Cadet, vient le trouver. Elle est descendue au tombeau et s’empresse de rejoindre son mari aux Champs-Elysées. Cadet est obligé de reprendre sa femme, etc.
On a remarqué dans cet ouvrage quelques couplets tournés avec facilité : il y a plus de mordant et de spirituel dans certaine partie du dialogue ; mais tout cela est perdu dans les scènes longues et froides qui remplissent ce cadre.
Ce nouvel enfant est de la famille des autres Cadets, et son père est le citoyen Aude.
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