Callias, ou Nature et Patrie, opéra héroïque en un acte, en vers, d'Hoffman, musique de Grétry, troisième sansculotide an 2 [19 septembre 1794].
Opéra comique national de la rue Favart
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Titre :
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Callias, ou Nature et Patrie
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Genre
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opéra héroïque en vers
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Nombre d'actes :
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1
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Vers / prose
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en vers
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Musique :
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oui
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Date de création :
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2e ou 3e jour complémentaire, an 2 [18 ou 19 septembre 1794]
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Théâtre :
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Opéra Comique National de la rue Favart
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Auteur(s) des paroles :
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Hoffman
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Compositeur(s) :
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Grétry
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Almanach des Muses 1795.
Action qui se passe à Crissa, ville de la Phocide, dans le temps que Xercès faisoit la guerre à la Grèce.
Callias va unir son fils Anthénor, à la jeune Cléone. La nôce est interrompue par le bruit des armes : Anthénor s'arrache des bras d'une tendre épouse et vole au combat. Les Perses sont prêts d'être vainqueurs : un seul homme a rallié l'armée républicaine, et décidé la victoire ; mais il a payé tant de gloire, de sa vie. Callias gémit d'abord : bientôt la patrie l'emporte sur la nature, et il rendre grace aux Dieux, avec ses concitoyens, de ce que la république est sauvée.
Ouvrage écrit avec soin ; sentimens dignes de vrais républicains, et qui ne pouvoient manquer d'être applaudis. Charmante musique du c. Grétry.
Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Maradan, an III (1795) :
Callias, ou Nature et Patrie, drame héroïque en un acte et en vers, mêlé de musique. Représenté, pour la première fois, sur le théâtre de l'Opéra-comique national, le deuxième jour complémentaire, l'an second de la République. Paroles du Cit. Hoffman, musique du Cit. Grétry.
L'Esprit des journaux français et étrangers, vingt-troisième année, tome XI (novembre 1794, brumaire, an 3), p. 231-233 :
[Située dans la Grèce des guerres Médiques, la tragédie de Callias, dont le titre annonce la confrontation entre nature et patrie, pour montrer finalement que la nature cède à la patrie, valeur suprême, raconte un épisode dramatique qui n’est pas sans rappeler Horace de Corneille (ce fils dont le père croit qu’il a trahi, et qui finalement est celui qui a provoqué la victoire). Mais ici, le fils meurt, et son père choisit d’accepter cette mort, parce qu’elle a servi à la victoire de sa patrie. Un mot scande le compte rendu, « républicain ». Le critique adhère pleinement aux valeurs que la pièce montre. L’ouvrage est « très-bien écrit », et son intérêt « est digne d’une assemblée de Spartiates. le critique y reconnaît les qualités de Hoffman, l’auteur (« du style & de l’esprit »). Même éloge de la musique de Grétry : elle « est remplie de chant, de graces & de détails charmans : elle porte un caractere sévere comme le sujet, & un cachet particulier ». Mention spéciales pour deux airs chantés par Elleviou, qui joue parfaitement le rôle du fils.]
Callias, opéra héroïque, en un acte, en vers.
Cette piece a obtenu un succès brillant & mérité. La scene se passa à Acrissa, ville de la Phocide, dans le tems où Xercès faisoit la guerre à la Grece. Anthénor, fils de Callias, aime en secret la belle Clèone, fille de Mégesse, & Cléone soupire en secret aussi pour Anthénor. Callias apprend à son fils, qu'il est venu le moment où tous les républicains doivent se dévouer pour le salut de la patrie : Xercès est aux portes d'Acrissa. Anthénor témoigne à son pere l'ardenr guerriere dont il est enflammé, & lui fait connoître en même tems l'amour qu'il ressent pour Cléone. Callias l'embrasse, & lui promet de l’unir dès ce jour à celle qu'il aime. En effet, Callias & Mégesse unissent leurs enfans devant un peuple nombreux, & sur l'autel de Mars le vengeur ; mais la fête nuptiale est soudain interrompue par de tristes nouvelles : il faut se battre. Un envoyé de Xercès vient insulter à l'énergie républicaine, & proposer la paix aux conditions les plus infamantes : l'envoyé est chassé : tout le monde s'arme, & le jeune Anthénor lui-même s'arrache des bras de sa tendre épouse, pour voler au combat..... Effroi de Cléone : elle entend crier que les Perses sont vainqueurs, que c'en est fait de la liberté!..... Cette Grecque généreuse prie son pere de lui plonger un poignard dans le sein, si sa patrie est envahie par le tyran. Mégesse y consent ; mais bientôt on n'entend plus que victoire !..... Les républicains triomphans apportent dans la place publique un énorme trophée des prises faites sur les Perses : un seul homme a rallié l'armée républicaine ; un seul homme a décidé la victoire !..... On ignore le nom de ce brave guerrier ! Callias demande des nouvelles de son fils, qu'il ne voit point parmi les vainqueurs : on lui répond, en hésitant, que son fils a eu la lâcheté de passer chez l'ennemi : Callias, au désespoir, jure de chercher par-tout ce fils coupable, & de venger sa gloire flétrie, dans le sang du parjure !.... On lui demande s'il préféreroit que son fils fût mort : il répond qu'il en seroit plus glorieux : à l'instant, on découvre une draperie du trophée, & l'on voit Anthénor, pâle & défiguré, étendu sur des monceaux d'armures prises aux Perses : Callias interdit, soupire d'abord ; mais la patrie l'emporte sur la nature ; il mêle sa voix aux accens guerriers de tout le peuple, qui bénit le trépas d'Anthénor, puisque c'est par lui que la république est sauvée !....
Tel est le fonds de Callias, ou Nature & patrie, ouvrage très-bien écrit, & dont l'intérêt est digne d'une assemblée de Spartiates : c'est une nouvelle production du cit. Hoffman ; c'est dire assez qu'on y trouve du style & de l'esprit. La musique du cit. Grétry, est remplie de chant, de graces & de détails charmans : elle porte un caractere sévere comme le sujet, & un cachet particulier. On a sur-tout applaudi, avec un juste enthousiasme, deux airs chantés avec autant de goût que d'expression, par le cit. Elleviou, qui a joué de la maniere la plus satisfaisante le rôle d'Anthénor : l'un de ces deux airs (ô ma chere patrie !) est fait pour électriser les ames les plus indifférentes.
Dans la base César, seulement 7 représentations, du 22 septembre 1794 au 15 octobre 1794.
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