Cendrillon, ou la Petite pantoufle de verre

Cendrillon, ou la Petite pantoufle de verre, mélodrame-féerie à grand spectacle, en quatre actes et en prose, d'Alexandre [Guesdon] et Constant [Forgeaux], musique de Bianchi, le 26 mars 1806.

Théâtre des Élèves de la rue de Thionville.

Brochure publiée en 1806 chez Hugelet, 36 pages.

Courrier des spectacles, n° 3339 du 28 mars 1806, p. 2 :

[Le succès de la pièce était joué d'avance : un conte comparable à celui de Barbe Bleue mis en musique par Grétry, qu'on a remis au théâtre, et le charme des contes pour enfants, si adaptés aux jeunes acteurs du Théâtre des Jeunes Élèves. Succès renforcé encore par le choix d'un texte adapté au public : simplicité du style, respect très relatif des contraintes de style (ni Vaugelas, ni Ronsard...). Après ce début, plein de bienveillance, le résumé de l'intrigue nous offre une Cendrillon au pays des Mille et Une Nuits, en version mélodrame : on a une tentative d'enlèvement, un travestissement, un emprisonnement, une scène de combat et un mariage qui, de façon exceptionnelle, est de l'initiative de l'héroïne féminine. Le bilan de la représentation est positif : le spectacle, soigné, la musique, facile, les paroles, peu conformes aux lois de Vaugelas, une Cendrillon talentueuse. Les auteurs, paroles et musique, sont nommés.]

Théâtre des Elèves.

Cendrillon, mélodrame en 3 actes.

Cendrillon est de la famille de Barbe-Bleue. Il étoit naturel qu’elle ne fût point oubliée au moment où le terrible Raoul, reparoissant à l’Opéra-Comique, enchante les auditeurs des sons de Grétry, et glace de terreur les petits enfans du son de sa voix. Cendrillon a déjà eu les honneurs de la représentation au Théâtre du Vaudeville ; mais elle se trouve comme dans sa patrie, au milieu des Jeunes Elèves de la rue de Thionville, encore tout récemment émerveillés des contes de leur enfance.

L’auteur a composé pour eux, il n’a point cherché le luxe de la phrase, l’élégance et la force de l’expression ; il a écrit son ouvrage du style des Bonnes qui endorment les enfans au récit des Contes Bleus. Ronsard et la Syntaxe reçoivent de sa main des soufflets assez fréquens ; mais l’action marche, et pour un Conte de Peau-d'Ane, l’affaire n’est pas trop maltraitée. Voici à-peu-près son sujet.

La pauvre Cendrillon haïe, maltraitée, délaissée, trouve une bonne ame de Génie, qui prend pitié d’elle, et la soustrait à toutes les persécutions qu’elle endure. Un autre Génie nommé Florestan, fait encore mieux, il en devient amoureux : et la choisit pour sa maitresse. On sent bien que des Génies ne veulent point avoir pour protégée une petite malheureuse couverte de poussière et de haillons. Cendrillon est donc parée des plus beaux atours, et c’est avec cette pompe qu’elle se présente à la cour du Sultan. Le Prince donne une fête. Cendrillon y paroît et fixe tous les regards, et sur-tout ceux de l’Empereur. Sa Hautesse déclare son amour en sultan. Florestan s’y oppose en Génie ; Cendrillon s’enfuit, en fille prudente. Elle prend des habits grossiers ; mais en courant trop vite, elle perd une de ses mules. Le Sultan, plein d’admiration pour ce trésor, veut que l’on cherche le pied auquel il peut aller ; celui de Cendrillon se trouve le seul de mesure requise. La Hautesse redevient de nouveau amoureuse, le Génie se met de nouveau en révolte. On l’arrête, on l’enchaine, et tout génie qu’il est, il se voit réduit à coucher en prison ; mais Cendrillon ne manque point aux loix de l’amour ; elle combat, met la garde du Sultan en fuite, tue le despote, et unit enfin sa destinée au sort du Génie son amant.

Ces incidens produisent de l’effet. La partie du spectacle est traitée avec assez de soin, la musique est d’un style facile, elle est de M. Blanchi  les paroles sont de M. Alexandre Guesdon, qui ne se pique pas d’imiter Vaugelas. Le rôle de Cendrillon a été joué avec un talent aimable par Mlle. Aldegonde.

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