Champagne et Suzette

Champagne et Suzette, vaudeville en un acte ; par les cit. Chazet et ***, 24 vendémiaire an 8 (16 octobre 1799).

Théâtre du Vaudeville

[La pièce est connue sous plusieurs titres : Champagne et Suzette, Champagnac, Champagnac et Suzette.]

Titre :

Champagne et Suzette

Genre

vaudeville

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

24 vendémiaire an 8 (16 octobre 1799)

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Chazet

Almanach des Muses 1801

Champagne est un nouvel enrichi qui, oubliant les liens qui l'attachent à Suzette, prend le nom de monsieur de Champagnac, et demande par les journaux, des maîtres, un secrétaire et une épouse. Suzette qui aime toujours Champagne, et qui connaît sa demande, se propose d'y répondre. Elle se présente chez lui déguisée, tour-à-tour, en maître de chant, de danse et de langue, et lui fait sentir adroitement le ridicule de ses prétentions. Elle revient ensuite sous l'habit et le nom de Suzette. Sa vue fait impression sur Champagne, il se sent plus épris d'elle que jamais, et lui offre sa main en lui rendant son cœur.

De l'esprit, des couplets agréables.

Courrier des spectacles, 25 vendémiaire an 8 (17 octobre 1799), p. 2-3 :

Champagnac et Suzette, ou Faites comme lui, vaudeville donné hier pour la première fois à ce théâtre, y a obtenu beaucoup de succès. L’auteur a été vivement demandé ; on est venu nommer le citoyen Chazet, en annonçant que son collaborateur desiroit l’anonyme.

Champagne, ancien domestique, devenu riche par la succession d’un oncle, a changé son nom en celui de Champagnac, et voulant se monter une maison, il a demandé par les Petites Affiches toutes les personnes dont il veut la composer. Il s’est servi de la même voie pour demander des maîtres en tout genre, et une épouse jeune et riche. Il n’a cependant pas tout-à-fait oublié Suzette, mais sa nouvelle fortune lui fait porter ses vues plus haut. La tendre Suzette, dont la fortune n’est pas changée, a mieux conservé sa tête, mais elle n’est plus maîtresse de son coeur, il est tout entier à l’inconstant Champagnac, et elle veut essayer de lui rendre la raison. Son père se présente à Champagnac pour secrétaire, il obtient cette place pour lui, et celle de femme-de-charge pour sa fille. Mais Suzette met à exécution son projet : elle joue tout-à-tour les rôles de maître de chant, de maître de danse et de maître de langue, et sous ces trois personnages, dégoûte complètement le nouvel enrichi. Il est un quatrième personnage, dans lequel elle desire plus que plaire : c’est celui de Suzette. Elle feint de ne pas reconnoître Champagnac et se présente pour remplir la place que son père a obtenue. Champagnac, qui la reconnoît, dissimule d’abord, reçoit une lettre d’une jeune femme, qui répond à la demande qu’il a faite d’une épouse, déchire la lettre, pour toute réponse, cède à l’amour qu’il a pour Suzette, et renonce à ses projets de grande maison.

Ce dénouement a paru un peu brusque ; mais on doit concevoir combien il étoit difficile à amener autrement dans une pièce qui n’offre que trois personnages, qui occupent presque toujours la scène. D’ailleurs cet ouvrage est plein d’esprit. On afait répéter plusieurs couplets, entr’autres un très-joli, qui donne une définition charmante de l’Anecdote, et des qualités qu’elle doit avoir pour être bonne.

La cit. Henry a joué parfaitement les différents travestissemens du rôle de Suzette, et a mis beaucoup de complaisance à répéter les couplets. Les deux autres rôles ont été bien rendus par les cit. Vertpré et Hypolyte.                                     Le Pan

La Décade philosophique, littéraire et politique, an VIII, premier trimestre, n° (10 Brumaire an VIII), p. 240 :

Théâtre du Vaudeville.

Champagne et Suzette.

Champagne a fait fortune et néglige Suzette. Il prend les travers des modernes enrichis, se fait appeler Monsieur de Champagnac, et veut se donner des Maîtres, un Secrétaire et une épouse. Telle fut sa demande par les petites affiches. Suzette qui le regrette se présente chez lui sans en être reconnue, sous le travestissement des trois Maîtres de chant, de danse et de langue, et le dégoûte avec art de ses nouvelles prétentions. Elle revient ensuite sous le nom et l'habit de Suzette même, feignant de ne pas reconnaître Champagne ; mais celui-ci, touché d'un tendre souvenir, rend à Suzette son cœur et sa main.

Ce cadre est spirituellement rempli : les couplets sont agréablement tournés et même souvent bien écrits ; on y remarque une facilité gracieuse et piquante. Le rôle de Suzette est rempli par la C. Henri avec beaucoup d'intelligence. Les auteurs vivement demandés, sont le C. Chazet, et un collaborateur modeste qui a voulu garder l'anonyme.            L – C.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 5e année, 1799, tome IV, p. 245-246 :

[Le sujet de la pièce n’est pas neuf, puisqu’il s’agit des amours d’un ancien valet et de « sa constante amie », sujet qu’on a déjà vu au théâtre. Mais le critique ne parle pas de ce manque de nouveauté, il résume la pièce avant d’en dire qu’en penser. RT son jugement est tout à fait favorable : « succès complet », « beaucoup d'allusions fines, d'épigrammes piquantes et de couplets soignés ». Il nous donne un exemple de couplet apprécié du public, fait l’éloge de l’auteur et des acteurs.]

THÉATRE DU VAUDEVILLE.

Champagnac et Suzette , ou Faites comme lui.

Champagnac, ancien laquais, a hérité une grande fortune d'un oncle, et veut, par conséquent, prendre le genre de la bonne société du jour ; il demande donc par les Petites Affiches, toutes les personnes dont il a besoin pour monter complètement sa maison ; il demande par le même journal, différens maîtres et une épouse jeune et riche.

Avant de venir à Paris , il avoit aimé une jeune personne appelée Suzette, qu'il n'a pas tout-à-fait oublié, mais qu'il trouve à présent au dessous de sa fortune. Suzette qui l'aime éperduement, veut essayer de le rendre à la raison. Son père s'est offert à Champagnac pour domestique; il a obtenu cet emploi pour lui, et celui de femme de charge pour sa fille. Suzette se présente tour-à-tour chez lui, en maître de danse, de chant et de langue, et réussit complètement de le dégoûter de ses folles dépenses. Elle paroît ensuite sous le costume sous lequel Champagnac l'avoit connu autrefois ; elle fait semblant de ne pas le reconnoître, et se présente pour occuper la place que son père a obtenu pour elle. Champagnäc la reconnoît ; il dissimule d'abord, mais bientôt il cède à son ancien amour, il déchire la lettre qu'une jeune femme lui envoie en réponse à la demande qu'il avoit faite dans les Petites Affiches, et épouse sa constante amie.

Cette petite pièce, jouée pour la première fois le 24 vendémiaire, a obtenu un succès complet. On y a applaudi beaucoup d'allusions fines, d'épigrammes piquantes et de couplets soignés. Le suivant a été remarqué du public :

Air d'Arlequin Afficheur.

Tous les jours ce sont bals nouveaux
Dans chaque bourg , dans chaque ville,
Bals à Paris, bals à Mousseaux,
Bal de Flore et de Longueville.
Ce plaisir devient si bannal,
Qu'un danseur, toujours en cadence,
Pourra bientôt, de bal en bal, .
Faire son tour de France.

L'auteur a été demandé ; c'est le C. CHAZET, connu par plusieurs ouvrages qu'on donne sur ce théâtre et sur celui des Troubadours.

Le rôle de Suzette a été très-bien joué par la C.e Henry, et les deux autres par les CC. Hippolyte et Vertpré.

L’Esprit des journaux français et étrangers, vingt-neuvième année, tome III, frimaire an 8 [novembre 1799], p. 211-212 :

[Le résumé de l’intrigue montre une intrigue fort morale, qui invite à fuir les illusions du grand monde. Elle n’est pas sans antécédents (une jeune personne qui se déguise pour entrer en contact avec celui qu’elle souhaite séduire, le défilé des « maîtres » qui dégoûtent le pauvre homme du savoir). Bien qu’ayant obtenu le succès, la pièce est jugée sévèrement : trop vite écrite, elle ne supporterait pas un examen trop précis, mais elle contient de quoi flatter les goûts du public : « un grand nombre d'allusions fines, d'épigrammes piquantes & de couplets soignés ». L’auteur est présenté comme ayant déjà fait jouer « plusieurs productions remplies d'esprit ». Le compte rendu s’achève par un couplet jouant sur le verbe « broder ».]

THÉATRE DU VAUDEVILLE.

Champagnac, comédie en un acte.

Champagnac, ci-devant laquais, ayant hérité d'un oncle, se voit tout à coup possesseur d'une immense fortune. Il veut prendre le genre de la bonne société du jour, & il mande des maîtres de toute espèce ; il lui prend en outre fantaisie de se marier, & il fait la demande d'une femme dans les petites Affiches. Suzette, jeune fille qu'il a connue, & dont il étoit épris avant de venir à Paris, se présente chez lui sous plusieurs déguisemens, dans le dessein de le dégoûter des folles dépenses, & de sonder ses sentimens secrets. Elle paroît d'abord en maître de chant, puis en maître de danse, puis en professeur de philosophie, puis enfin sous le costume qu'elle avoit dans son pays ; Champagnac, dégoûté des sciences & des arts, par les difficultés des premières études, & enchanté de retrouver Suzette, renonce dès lors aux plaisirs ruineux du grand monde, & prend pour épouse cette vertueuse & constante amie.

La pièce a obtenu un succès complet. C'est un de ces ouvrages conçus à la hâte, qui ne pourroient pas soutenir un examen bien méthodique, mais dont les imperfections & le défaut d'intérêt sont du moins compensés par un grand nombre d'allusions fines, d'épigrammes piquantes & de couplets soignés.

L'auteur a été demandé. C'est le C. Chazet, connu à ce théâtre & à celui des Troubadours, par plusieurs productions remplies d'esprit.

Le public a fait répéter le couplet suivant, sur la manière dont on brode tout aujourd'hui. Il est chanté par un maître de musique qui brode son chant.

AIR : des Visitandines.

A broder sans cesse on travaille :
L'orateur brode son discours,
Le guerrier brode une bataille,
Le fat brode un roman d'amours,
Le marchand brode son mémoire,
L'avocat brode un argument ;
Et je puis bien broder le chant,
Puisqu'on brode jusqu'à l'histoire.

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