Cora

Cora, opéra en 4 actes, paroles de M*** [Valadier], musique de M. Méhul, ballet de M. Gardel, 15 février 1791. Paris, Delormel, in-4°.

Opéra

Titre :

Cora

Genre

opéra

Nombre d'actes :

4 actes

Vers / prose ?

 

Musique :

oui

Date de création :

15 février 1791

Théâtre :

Académie royale de Musique

Auteur(s) des paroles :

M. Valadier

Compositeur(s) :

M. Méhul

Chorégraphe(s) :

Gardel

Almanach des Muses 1792

Poème dont le sujet est tiré des Incas de M. Marmontel. De la froideur, peu d'intérêt.

De grandes beautés dans la musique où la mélodie est cependant trop négligée.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, de l’Imprimerie de P. de Lormel, 1791 :

Cora, opéra en quatre actes. Représenté pour la première fois sur le Théâtre de l’Académie Royale de Musique, Le Mardi 15 février 1791.

Mercure de France, tome CXXXIX, n° 8 du samedi 19 février 1791, p. 149 :

[Un faible succès, qui justifie que le critique n’en dise rien, en attendant une éventuelle résurrection (qui n’a pas eu lieu).]

On a donné sur le Théatre de l'Opéra une nouvelle Tragédie lyrique , intitulée Cora. Elle a peu réussi. Nous n'entrerons dans aucun détail, à moins qu'elle ne se releve dans l'opinion publique.

Mercure de France, tome CXXXIX, n° 12 du samedi 19 mars 1791, p. 111 :

[Le succès attendu pour Cora n’est pas venu, et c’est à cause du poème (du livret), froid, sans situations piquantes, sans intérêt. Bien que s'appuyant sur un texte de Marmontel (un des rédacteurs du Mercure), le critique est sévère : même la musique de Méhul est décevante, malgré « de grandes beautés ».]

Sur le Théatre de l'Opéra, on a donné Cora, sujet tiré des Incas de M. Marmontel. Le Poëme a paru froid, dépourvu de situations piquantes, & par conséquent d'intérêt. Sa faiblesse a un peu influé sur la musique, dans laquelle on a pourtant admiré de grandes beautés, mais qui n'ajoute pas à l'idée que l'Auteur, M. Méhul, a donnée de son talent dans Euphrosine.

L'Esprit des journaux français et étrangers, vingtième année, tome III (mars 1791), p. 306-309 :

[L’opéra a peu réussi, et le bilan est mitigé : le poème, qui a été couronné d’un prix par un comité académique, mais le public (peut-être à cause de cette circonstance) ne l’a pas apprécié, et l’uteur aurait mieux fait de suivre son modèle de plus près ; la musique est d’un homme de talent, elle « est remplie de grandes, de très-grandes beautés même », mais elle est aussi « plus riche en harmonie qu’en mélodie », elle est « souvent trop bruyante, quelquefois monotone & peu variée en effets », etc ; « l’ouvrage a été joué avec soin & avec zele par les premiers sujets » (mais est-ce bien un éloge ?) ; les ballets (au deuxième et au quatrième acte) n’ont pas plu au public. Seul point où le critique ne se montre pas réticent, « les décorations ».]

Académie Royale De Musique.

Le mardi 15 février, on a donné la premiere représentation de Cora, opéra en quatre actes, paroles de M ***, musique de M. Méhul.

Tout le monde connoît les lncas du Pérou, de M. Marmontel, ouvrage rempli d'intérêt & de beautés de détails, mais qu'on ne peut nommer histoire, poëme ni roman : c'est dans cette source que l'auteur de Cora a puisé son sujet. Il s'est malheureusement écarté de son modele, surtout au dénouement; & son poëme, quoiqu'il ne manque pas de mérite, quant au style, est froid, long & offre des scenes mal coupées. Voici la fable qu'il a conçue : les prêtres du soleil célebrent le lever de cet astre, & Cora est choisie pour brûler l'encens devant son temple. Cora a vu Alonzo, jeune Espagnol, ami d'Ataliba, roi de Quito, & l'amour dispute dans son cœur la place du dieu du jour, à qui seule elle doit ses vœux. Cependant Alonzo arrive de Cusco, où il a ménagé une négociation pour Ataliba, auprés de Huascar, son frere, roi de cette isle, &l'amour qu'il ressent pour Cora, l'engage à s'éloigner de Quito, malgré les vives instances du roi. Ici Hualcar vient déclarer la guerre à son frere. Alonzo le défait à la tête des Péruviens, & veut ensuite se dérober à sa victoire ; mais, comme il va partir, un orage affreux se déclare, la terre tremble, le volcan de Quito, qui est décrit dans la relation du voyage de M. de la Condamine, jette des feux qui descendent en lave dans la campagne, & le palais du Soleil est détruit. Cora se sauve avec ses compagnes, & Alonzo la trouve évanouie sur un banc de gazon. Elle ouvre les yeux, le reconnoît ; mais bientôt songeant à ses devoirs, elle veut rentrer dans le temple, lorsque les prêtres, qui la cherchent, la trouvent avec Alonzo, & ordonnent son supplice, ainsi que la mort de son pere, de sa mere & de ses freres, suivant la rigueur des loix du pays. Deja les victimes vont périr, mais Alonzo arrive à la tête de ses troupes, & veut sauver son amante. Au moment où le peuple intercede Ataliba en faveur de ce guerrier, le ciel gronde, le grand prêtre annonce que-les dieux sont appaisés, & l'on danse.

Voilà comme l'auteur a fait sa piece : on voit qu'il auroit pu suivre son modele en faisant déclamer Alonzo contre la loi barbare qui immole une prêtresse & toute sa famille, & que l'abolition de cette loi, proclamée par le roi & ses sujets, auroit rendu son dénouement plus beau, mais il a mieux aimé employer des moyens fabuleux, rendre le Soleil jaloux de Cora, &c. &c. ce qui sans doute fait quelque effet dans un opéra ; mais les moyens qui sont dans la nature sont plus puissans & plus attachans. Son style est correct, pur & poétique ; mais ses scenes ne fournissent pas assez de couleurs au musicien ; il y a peu d'airs & beauconp de récitatif ; en un mot, ce poëme pouvoit offrir plus d'intérét & de variété.

La musique est remplie de grandes, de très-grandes beautés même. L'ouverture est superbe, le lever du soleil, l'invocation & les morceaux d'ensemble, sont larges, nobles & savans ; sans doute cette musique est plus riche en harmonie qu'en mélodie ; elle est souvent trop bruyante, quelquefois monotone & peu variée en effets ; mais M. Méhul avoit fait cet opéra, dit-on, avant Euphrosine, & peut-être en voulant se livrer trop au grand genre, a-t-il négligé, sans le vouloir, la mélodie qui seule peut intéresser le spectateur, puisqu'il faut que la musique plaise à tout le monde, & qu'elle doit être faite plus pour l'amateur que pour le compositeur. Le peu d'intérêt qu'offre le poëme, jette aussi une grande monotonie sur la musique... Quoi qu'il en soit, M. Méhul aura un succès d'estime, & s'il veut s'attacher à trouver du chant, du chant naturel & simple, nous ne reviendrons jamais sur l'opinion que nous avons déja manifestée sur ses. talens.

Le poëme de Cora a été couronné il y a quelques années par le comité académique formé par les soins de. M. de Breteuil : c'étoit un préjugé en sa faveur ; c'étoit aussi une circonstance qui rendoit les spectateurs plus exigeans. Comme on ne sauroit penser que des académicien! puissent être de mauvais juges ; il en faut conclure que le genre de l'opéra est le plus difficile de tous. Nous ne faisons cette réflexion que pour éclairer ceux qui seroient tentés de regarder ces institutions académiques comme inutiles.

Les décorations de cet opéra font beaucoup d'honneur à M. Boulet : celle du lever du soleil est trés-belle & très-ingénieuse. Le public a donné de grands applaudissemens aussi à celle qui représente un volcan en explosion.

L'ouvrage a été joué avec soin & avec zele par les premiers sujets, Mrs. Lays, Rousseau, Cheron, Chardini, Mlles. Gavaudan & Maillard. Le ballet du deuxieme acte est de M. Laurent, & celui du quatrieme de M. Gardel, qui y a introduit des exercices gymnastiques. Le public a paru ne pas les goûter ; ils sont en usage dans les fêtes péruviennes, & on en lit de charmans détails dans les Incas du Pérou. En général cet opéra a produit peu d'effet, mais nous croyons qu'il sera mieux goûté aux représentations suivantes.

(Affiches, annonces & avis divers ; Journal de Paris; Chronique de Paris.)

Dans la base César, l'auteur est M. Valadier, le compositeur, Méhul.

Carrière à l'Opéra :

5 représentations en 1791 (15/02 – 04/03).

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