Cri-Cri dans son ménage

Cri-Cri dans son ménage, parade en un acte. 6 brumaire an 12 [29 octobre 1803].

Théâtre Montansier-Variétés.

Almanach des Muses 1805 (qui se trompe de théâtre et indique que la première a eu lieu au théâtre du Vaudeville).

Courrier des spectacles, n° 2429 du dimanche 7 brumaire an 12 (30 octobre 1803), p. 2 :

[Le ton du critique dans la première partie de son compte rendu est plutôt désabusé : un Cri-cri de plus, et il craint que la série ne s’interrompe pas de sitôt. La première s’est bien déroulée, le public a ri, mais il n’a pas demandé l’auteur, peut-être gêné d’avoir ri de ce qu’on lui a proposé. L’intrigue est vite résumée : Cri-cri, sa femme, Manon qui suscite la jalousie de l’épouse de Cri-cri, mais aussi de son mari, mais tout s’arrange de façon artificielle : on a pensé à mal, il n’a jamais été question pour Cri-cri et Manon de tromper leur conjoint ! Un acteur a bien joué un rôle plus consistant que les autres, c’est Tiercelin, dont on sait qu’il est un des deux acteurs vedettes du théâtre Montansier.]

Théâtre Montansier.

Cri-Cri dans son Ménage.

Cri-cri et ses amours ont fait pendant un tems la fortune de ce théâtre : maintenant on veut nous le faire voir dans son ménage ; et comme il n’y aura pas de raison pour que cela finisse, ne désespérons pas de voir après le pere les enfans, les petits enfans et toute la famille des Cri-cri. Cela pourra devenir par la suite très-intéressant. Déjà on s’est souvenu du respect et des égards que l’on avoit eus pour le premier Cri-cri, pour bien accueillir le second. Du moins aucune marque de défaveur n’a troublé son succès. Cependant nous avons cru en même-tems remarquer que le public rougissoit, non d’avoir ri (en effet qui ne riroit pas ?) , mais d’avoir applaudi ; et comme pour se punir lui-même, il s'est refusé la satisfaction de demander l’auteur.

Cri cri a épousé sa maîtresse, boulangère au faubourg St.-Marceau, qui l’a préféré à ses rivaux. L’un d’eux est marié et vit heureux dans son ménage, tandis que mad. Cri cri a souvent des sujets de plainte contre son mari. Elle l’accuse sur-tout d’en conter à une certaine Manon ; et une nuit, durant laquelle il n’est point rentré, la confirme dans ses soupçons. Cri-cri a été à une noce ; Manon y étoit et y est restée toute la nuit. Dubuis , amant de Manon, apprend qu’ils ont été la nuit au même repas. Furieux il veut se venger. Manon le désarme , puis elle va au ren dez-vous que lui a donné Cri-cri. Dubuis et la boulangère les surprennent, mais tout s’éclaircit, ils ne s’étoient réunis que pour décider comment ils partageroient le produit d’un terne à la loterie.

Le rôle de Tiercelin est mieux fait que les autres, et il le rend d’une manière tout à-fait plaisante.