Il Convitato di pietra, ou le Festin de Pierre, opéra bouffon en quatre actes, de Giovanni Bertati, musique de Gazzaniga, Mengozzi, Chérubini, 24 octobre 1791.
Théâtre de la rue Feydeau.
L'attribution du livret à Giovanni Bertati n'est pas certaine. Je l'emprunte à la base César. Et la liste de compositeurs fait penser que la pièce est une sorte de pasticcio.
-
Titre :
|
Convitato di pietra (il), ou le Festin de Pierre
|
Genre
|
opéra italien
|
Nombre d'actes :
|
4
|
Vers / prose
|
|
Musique :
|
oui
|
Date de création :
|
24 octobre 1791
|
Théâtre :
|
Théâtre de la rue Feydeau
|
Auteur(s) des paroles :
|
Giovanni Bertati
|
Compositeur(s) :
|
Gazzanuga, Mengozzi, Chérubini
|
Mercure universel, tome 8, n° 239 du mardi 25 octobre 1791, p. 386 :
[Il faut d'abord rappeler que le Dom Juan de Molière n'est pas connu à la fin du 18e siècle. Il n'a été joué au théâtre du Palais-Royal que du 15 février au 20 mars 1665 (15 représentations d'après la base César). On ne joue que la version de Thomas Corneille, le Festin de Pierre, et c'est avec cette version édulcorée que les gens du temps peuvent faire une comparaison. Mais cette comparaison montrerait sans doute plus d'écarts que de points communs entre la pièce italienne qu'on connaît mal, puisqu'elle n'a pas été imprimée, et son modèle français. La tentative de résumé de l'intrigue n'est pas très convaincante : les noms des personnages surprennent : Dona Anne, dont le nom est repris ensuite par Dona, devient finalement Elvire, si c'est bien elle la fille du commandeur. Le rôle d'Octave n'est pas très clair, et le valet de Don Juan se dédouble en Blaise et Pasqueriello. La fin est celle qu'on attend, Don Juan en Enfer. Après ce résumé, le jugement porté est plutôt négatif : « musique mesquine » pour les deux premiers actes, avec des phrases répétées, dont on ne peut extraire que deux airs remarquables, l'un de Gazzaniga, l'autre de Mengozzi, un troisième air, un quatuor, est jugé faible, bien qu'étant de Chérubini, dont le critique rappelle un succès récent, Lodoïska. La musique des deux actes suivants est meilleurs, « plus ferme et plus rapide »; et le « coup de théâtre final » « est d'un bel effet », représentant un enfer que le critique croit sans certitude inspiré des tableaux montrant «la tentation de saint Antoine » : une décoration « fort bien entendue ». Il ne reste plus qu'à citer les chanteurs, qui ont reçu les applaudissements dont ils sont coutumiers. Formule manquant peut-être d'enthousiasme...]
Theatre de la rue Feydeau.
Le sujet d'il Convitato di Pietra, ou le Festin de Pierre, opéra bouffon italien, donné hier avec succès, est tiré de la comédie du même nom, de Molière. Eu rapportant les principales scènes, le lecteur jugera les endroits où l'on s’est le plus rapproché, ou écarté de l’original.
Don Juan, suivi de Pasqueriello, voulant profiter du rendez-vous accordé au Duc Octave, par Dona Anne, prend son manteau et son chapeau, et a l’aide de cette ressemblance, i1 s'introduit dans la maison ; mais Dona, bientôt détrompée, l'accable de reproches, et appelle à son secours ; le commandeur accourt l'épée à la main, le combat s'engage avec Don Juan, qui tue le commandeur et le laisse sur la place. Douleur de Dona, fureur d'Octave ; Don Juan poursuit ses aventures amoureuses, ce qui fait le remplissage de deux actes. Au quatrième, Don Juan, après avoir insulté au mausolée du commandeur, résisté aux vives sollicitations d'd'Elvire [sic], qu’il a trompée, se rend au souper où il a invité le commandeur ; mais la statue arrive : Blaise et Pasqueriello sont glacés de frayeur. Don Juan ne paroît qu’étonné ; il engage la Statue à se mettre à table ; elle s’assied., lui prend la main et le menace de la colère divine, s’il n’ouvre son ame au repentir ; rien ne touche le. cœur de l'athée. Le tonnerre gronde, le théâtre change ; l’on voit Don Juan précipité au milieu des flammes et des démons.
Telle est la marche de l’ouvrage. La musique nous a paru dans les deux premiers actes mesquine, peu saillante, et pleine de phrases qui se répètent, il faut en excepter un trio charmant de Gazzaniga. qui est à la troisième scène, et un air de M. Mengozzy chanté avec beaucoup de goût par M. Morelli, à qui on l’a fait répéter. Le quatuor qui termine ces deux actes n’offre que peu de chant ; cependant. il est de M. Chérubini, auteur de la belle musique de Lodoiska. La musique des deux derniers actes nous a paru plus ferme et plus rapide ; mais ce n’est pas le meilleur opéra que l’on ait monté à ce spectacle. Le coup de théâtre qui termine la pièce est d’un bel effet. L’enfer paroît avoir été dessiné d’après ces tableaux qui représentent la tentation de saint Antoine. Que cela soit ou non, la déco ration est fort bien entendue.
MM. Viganoni, Morelli, Revedino, Rafanelli et madame Morichelli ont obtenu les applaudissemens qu’ils sont accoutumés à mériter.
Louis Henry Lecomte, Histoire des théâtres de Paris: les Variétés amusantes, 1778-1789, 1793-1798, 1803-1804, 1815, p. 247 :
24 floréal [an 6] (13 mai [1798]) : Il convitato di pietra, pièce en 4 actes, par ***.
C'était, avec un titre italien, le Nouveau festin de Pierre, mentionné à la date du 28 prairial an IV. Imitation de la comédie de Molière, augmentée de scènes assez triviales ; pièce à spectacle avec changements fréquents de décors. On y voyageait de Naples à Marseille, de Marseille en Castille pour voir Don Juan séduire une beauté de la première ville, enlever une autre dans la seconde, et vouloir tromper une troisième en Castille où il tuait le commandeur venu au secours de sa fille. Au quatrième acte Don Juan, portant la peine de ses crimes, était en enfer, où des diables le tourmentaient jusqu'à ce qu'une pluie de feu l'anéantît. Ce méli-mélo dramatique amusa beaucoup et fit de bonnes recettes. — Non imprimé.
L'an 4, c'est la fin de 1795 à partir au 23 septembre jusqu'au 22 septembre 1796.
Le Nouveau festin de Pierre est simplement cité p. 236 :
28 prairial [an 4] (16 juin [1796]) : Le Nouveau festin de pierre, pièce en 4 actes, par ***. — Non imprimée.
P. 255, Lecomte rappelle que l'incendie qui a détruit le théâtre des Variétés amusantes aurait pu être provoqué par « la pluie de feu terminant le Festin de Pierre ».
D'après la base César, il Convitato di pietra a été joué deux fois sur le théâtre Feydeau de Paris, les 24 et 26 octobre 1791, avant d'être repris aux Variétés Amusantes, Comiques et Lyriques pour 9 représentations, du 14 au 30 mai 1798. La question qu'on peut poser, c'est de savoir s'il s'agit bien de la même pièce, le spectacle de 1798 pouvant être d'un genre différent (une pantomime à grand spectacle, qui expliquerait assez bien l'incendie du théâtre – mais ce n'est qu'une hypothèse...).
Ajouter un commentaire