La Caverne de Souabe

La Caverne de Souabe, mélodrame en trois actes, en prose et à grand spectacle, de Boirie et Clément, musique de Heudier, ballet de madame Adam, 27 octobre 1806.

Théâtre des Jeunes Artistes

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, 1806 :

La Caverne de Souabe, mélodrame en trois actes, en prose et à grand spectacle, Par MM. Boirie et Clément. Représenté, pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre des Jeunes Artistes, le 23 octobre 1806.

Courrier des spectacles, n° 3550 du 29 octobre 1806, p. 4 :

[Le critique tient à donner la source de ce mélodrame, un roman dont le titre était encore plus sombre, la Caverne de la Mort étant devenue la Caverne de Souabe. Il insiste sur le fait que cette pièce nouvelle va faire date dans l'histoire du théâtre des Jeunes Artistes qui a bien besoin d'un succès : elle est bien conduite et présence toutes les caractéristiques qui doivent la faire réussir, effets de scène, fracas, spectacle. Le résumé de l'intrigue qu'il tente ensuite est très confus : la pièce multiplie les incidents, et tous les poncifs du mélodrame y sont employés. Les quiproquos sont incessants, la violence règne partout, jusqu'à la solution du conflit familial, et l'explosion de la caverne qui sert de prison, moment de spectacle formidable. L'article s'achève simplement par la liste des auteurs : texte, musique, ballet. Le seul compliment concerne celui qui serait pour nous le metteur en scène.]

Théâtre des Jeunes Artistes.

La Caverne de Suabe [sic].

J'ai lu, je ne sais dans quel tems, un certain roman qui, quoique bien lugubre, n’a pourtant point fait fortune, c’est la Caverne de la Mort. Il y avoit des scènes qui pouvoient faire dresser les cheveux du lecteur ; malgré ces avantages, le livre est resté dans la boutique poudreuse du libraire. Une ame charitable vient cependant de le tirer du tombeau, et lui faire l’honneur de le mettre en scène, mais avec des adoucissemens convenables ; le titre même a quelque chose de moins repoussant, et la Caverne de Suabe remplace d’une manière moins effrayante la Caverne de la Mort. Ce mélodrame va faire époque au théâtre des Jeunes Artistes qui, depuis sa résurrection, n’avoit guères offert que des ouvrages foihles et sans intérêt. Le succès en a été brillant ; et si les auteurs ont à se plaindre du public, ce seroit d’avoir été écrasés par les applaudissemens. La conduite de la pièce est sage, et l’on trouve sur-tout au troisième acte des situations et des effets de scènes qui partout ailleurs auroient assuré la réussite de ce mélodrame ; le dénouement offre du fracas et du spectacle : c’est le meilleur moyen d’emporter, pour ainsi dire d’assaut, les suffrages de la multitude.

Le Comte Raymond s’est emparé du pays de Dornheim, après en avoir dépouillé Adolphe son frère, qu’il a fait assassiner dans une forêt. Celui-ci laissé pour mort, parvient à trouver un asvle dans une caverne où le Sénéchal du Comte de Dornheim lui prodigue les secours qui prolongent son existence. Raymond se croit paisible possesseur du Comté, et se propose d’épouser en secondes noces la fille d’un Margrave voisin. Alexis son fils, qui est amoureux de la demoiselle, voit avec peine les prépara tifs de ce mariage, et il en fait part à son ami le jeune Ulric, qui lui a sauvé autrefois la vie, et qui vient d’arriver à la cour. Cette confidence désespère Ulric, l’amant préféré de la jeune Comtesse. Il prend donc congé de Raymoud et d’Alexis pour aller la rejoindre, au moment où il apprend que le Margrave, sur le bruit du retour prochain d’Adolphe, a sus pendu la cérémonie du mariage. Il arrive près du château où demeure sa belle ; elle consent à le suivre, et minuit est indiqué pour le moment de l’évasion.

Mais Alexis ne s’est point endormi ; il a suivi les traces de son rival, et prépare tout pour arrêter sou projet. Ulric, qui est près de la caverne, où le bruit des chaînes et la clarté intermittente des feux attirent ses regards, est tenté d’y pénétrer ; les dangers qui se présentent enflamment et redoublent son courage ; il s’avance et s’enfonce dans la caverne. Mi nuit sonne, c’est l'heure du rendez vous. Alexis s'y trouve à sa place, sous le même costume, et la fille du Margrave le suit sans se douter de la supercherie ; mais le valet d’Alexis, qui n’a pas cru devoir tenter l’aventure de la taverne, se hâte de rejoindre son maitre, et de lui apprendre l'enlèvement de son amante. Le jeune guerrier voudroit aller la délivrer, mais son pere le retient, son père qu’il a retrouvé, et que son absence va exposer de nouveau au fer des assassins. Alexis, ne sachant où mener sa victime, la conduit fort heureusement dans la caverne. Elle se défend, et Ulric, à la faveur des détours de ces souterrains, la soustrait à son ravisseur. Bientôt Alexis revient à la tête de gens armés ; Ulric oppose au nombre une vigoureuse résistance ; mais il est sur le point de succomber sous les coups de Raymond et d’Alexis, lorsque le Sénéchal arrive avec des serviteurs fidèles qu’il a rassemblés ; il défend ses maîtres, et la pièce finit par la défaite du Raymond et d’Alexis, et par l’explosion de la Caverne.

Les auteurs sont, pour les paroles, MM.Boirie et Clément ; pour la musique, M. Heudier, et pour les ballets, Mad. Adam. La pièce est montée avec un soin qui fait honneur à M. Vignaux, acteur de l’Ambigu-Comique.

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