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La Contribution militaire

La Contribution militaire, comédie en un acte, de Boursault-Malherbe, créée sur le Théâtre Molière, Théâtre des Variétés Étrangères le 21 février 1807.

 

Journal de Paris, n° 55 du 22 février 1807, p. 375 :

[Sur un sujet délicat (la fiscalité), la pièce a réussi : tous ont applaudi une pièce où on voit un militaire implacable et des bourgeois qui sont prêts à le flatter. L'intrigue est facile à résumer : un homme qui a dû quitter sa ville natale du fait des moqueries que recueillait sa pauvreté revient puissant, et peut fixer le montant de l'imposition exigée par le prince. C'est l'occasion de retrouver sa maîtresse, et celui qui la courtise. Vengeance ou non, il fait payer à son rival une forte contribution justifiée par un délit grave avant d'épouser enfin celle qu'il aime. Le jugement porté sur la pièce en souligne le caractère inégal : après une première moitié à reprendre, la suite est jugée pleine d'intérêt. Si l'ensemble est « défectueux », on relève aussi « deux belles scènes, un caractère original, & une foule de traits comiques ». Et un acteur a droit à la reconnaissance de son talent.]

Théâtre des Variétés Etrangères,
rue S.-Martin.

La Contribution militaire a complétement réussi, sans recours aucun à la force ni à la violence ; &, ce qu'il y a de plus remarquable, c'est que tout le public, depuis les petits contribuables du parterre jusqu'aux plus imposés des premières loges, s'est exécuté avec la plus grande joie, applaudissant de toutes ses forces & aux menaces du militaire, & aux grimaces des bourgeois.

Le sujet de la pièce est fort simple. Un jeune homme qui avoit été maltraité dans sa ville natale, où l'on insultoit à son indigence, la quitte pour aller s'engager, fait des prodiges de valeur, parvient au grade de major, & revient avec son régiment mettre par ordre du prince, un impôt de guerre sur ses compatriotes. Ceux qui naguères daignoient à peine lui rendre un salut, viennent à l'envi ramper à ses pieds. Il trouve sa maîtresse prête à épouser un frippon qu'elle n'aime pas ; &, secondé par un de ses anciens amis, non-seulement il fait payer la moitié de la contribution à ce coquin de rival, contrefacteur de billets de banque, mais encore il le force de renoncer, en sa faveur, à la main de la jeune personne.

La première moitié de cette pièce appelle la lime & les ciseaux ; mais l'intérêt croît tout à coup vers le milieu de l'action, & se soutient jusqu'au dénouement. L'ensemble de l'ouvrage est défectueux ; mais on y remarque deux belles scènes, un caractère original, & une foule de traits comiques. Camaille S.-Aubin, dans le rôle d'un simple artisan, a été vivement applaudi.

Courrier des spectacles, n° 3664 du 23 février 1807, p. 2 :

[Avant de parler de la pièce nouvelle, le critique commence par annoncer celle qu'on va jouer très bientôt, et dont il promet des merveilles. Il passe ensuite à la Contribution militaire, dont le titre exprime bien le sujet : le héros de la pièce est censé faire payer à ses anciens compatriotes une lourde contribution pour les punir d'avoir collaboré avec l'ennemi. Franck est inflexible, jusqu'à ce qu'il craigne de se voir dénoncé comme ayant trafiqué sur les fournitures de l'armée avec le nouvel amant de celle qu'il souhaitait autrefois épouser. Comment le tirer d'embarras ? Providentiellement, un ancien ami révèle à Franck que son rival en amour a fait pire que lui, il intimide le fripon, le taxe lourdement et « épouse sa jeune et jolie maîtresse » (le critique a oublié de signaler ue tout cela n'était pas très moral...). La pièce contient « quelques scènes bien filées », et elle est remarquablement bien jouée.]

Théâtre Molière, Variétés Etrangères.

La Contribution militaire.

Cette nouveauté n’est que le prélude d’un spectacle plus brillant que l'on nous promet pour les premiers jours de cette semaine ; c’est demain peut-être qu’on doit nous montrer Aurore, ou la Fille de l'Enfer ; ce sujet infernal sera, dit on, divin. De très-habiles enchanteurs ont été chargés de l’embellir de toutes les ressources de l’art magique. Les tableaux seront d’un genre neuf ; et de nature à réveiller la curiosité des plus indifférens.

La contribution militaire n’est qu’une petite pièce en un acte, dont les dernières scènes sur-tout ont beaucoup de gaîté. Des mots heureux ; de jolis détails, et le jeu des acteurs en ont décidé le succès. En voici le sujet.

Franck Willig, d’une famille pauvre, mais honnête, a commencé sa carrière par une place de commis dans la maison de M. Phlips, négociant d’une petite ville d’Allemagne ; il en est sorti à regret, parce que la fille de M. Phips, du même âge que lui, avoit fait une vive impression sur sou cœur. Il part, s’engage, devient enseigne dans son régiment, et par diverses actions éclatantes, est élevé au grade de major. Son régiment vient après quelques années en cantonnement dans la ville qui l’a vu naître. L’ordre du- général prescrit de l’imposer à vingt mille écus , parce qu’elle a favorisé les desseins de l'ennemi. Franck est chargé de faire exécuter cet ordre. Il arrive. Sa figure est changée, de nombreuses blessures ne permettent pas de le reconnoître. Phlips, qui a été élu bourguemestre, vient le prier de diminuer l’imposition. Franck est inexorable. Phlips envoie sa fille pour le désarmer. Franck alors se fait reconnoître ; il apprend que son amante va épouser Elie Marder, associé de Pblips, et il lui rappelle son amour.

La jeune personne fait part à son père de cette heureuse découverte. Pblips veut aussitôt congédier M. Elie Marder ; mais il est retenu par la crainte d’être dénoncé pour des. fournitures infidèles qu’il a faites avec Marder, il laisse donc les choses in statu quo. Heureusement pour Franck, qu’il retrouve un de ses anciens amis. Cet ami découvre que Marder a fait de fausses lettres-de-change. On intimide le frippon ; on lui fait payer la moitié de la contribution , et Franck épouse sa jeune et jolie maîtresse.

Outre le mérite de quelques scènes bien filées, cette pièce a l’avantage d’être jouée avec beaucoup de vérité et de franchise par MM. Camaille, Leborne, et Mad. Dacosta. L’acteur chargé du personnage de Mader, est très-plaisant, et plusieurs des rôles qui lui ont été confiés jusqu’à ce jour, ont été remplis à la satisfaction du public.

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