Le Cabriolet jaune ou le Phénix d'Angoulême, opéra bouffon en un acte, en prose, de Ségur jeune, musique de Tarchi. 16 Brumaire an 8 [7 novembre 1798].
Théâtre de la rue Favart, Opéra-Comique
Almanach des Muses 1800
Un original qui n'a d'autre voisinage que la poste dont il est le maître, imagine, pour amuser sa solitude, de retenir les voyageurs sous prétexte qu'il n'a point de chevaux. Quand on lui plaît, les chevaux tardent à rentrer ; quand on lui déplaît, la voiture est attelée bientôt. Sa fille a quelques traits de ressemblance avec lui, mais elle veut de plus introduire dans la maison son amant, qui doit passer en cabriolet jaune. Elle a donc recommandé qu'on retînt l'homme qui passerait dans la voiture qu'elle a désignée ainsi. Un cabriolet jaune arrive, point de chevaux pour lui ; mais au lieu de l'amant attendu, c'est un provincial, un niais, un balourd, jeune portant, et qui ne manque pas de prétentions. la méprise et les qui-proquo qu'elle amène font le nœud de la pièce.
Le Cabriolet avait versé à la première représentation, et s'est relevé à la seconde : il avait passé d'abord devant des gens de mauvaise humeur, il en a trouvé ensuite de plus disposés à rire, et il y avait de quoi.
Pièce, au surplus, écrite et donnée pour faire briller le talent d'un habile compositeur.
Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Huet, an viii, 1800 :
Le Cabriolet jaune, opéra bouffon en un acte en prose ; par J. A. Ségur le cadet. Représenté pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre de l'Opéra comique national, le 16 Brumaire an 8.
Courrier des spectacles, n° 624 du 17 brumaire an 7 [7 novembre 1798], p. 2 :
[Le critique est un peu déçu de la pièce, dont il attendait beaucoup. Elle repose sur une abondante collection de quiproquos, chacun prenant celui qu'il rencontre pour un autre, et étant à son tour pris pour un autre. Il s'agit bien sûr de marier la fille du maître du château, et tout tourne autour de la reconnaissance de son fiancé venu en cabriolet jaune. Les confusions finissent par être éclaircies, et le mariage est décidé. Il faudrait apporter bien des corrections, mais elles ne concernent pas la musique, « généralement applaudie », due à « l’un des meilleurs élèves du Conservatoire de Naples ». La pièce est jouée par les meilleurs acteurs du théâtre, mais la surprise provient de l'emploi d'Elleviou dans un rôle de niais où il fait merveille.]
Theâtre Favart.
En parlant de la pièce nouvelle donnée hier à ce théâtre, sous le titre du Cabriolet jaune ou le Phénix d'Angoulême, nous aurions desiré annoncer un succès plus brillant que celui qu’elle a obtenu. Est-ce la faute du sujet qui n’est qu’un de ces quiproquo déjà très-communs à la scène, ou cela viendroit-il de ce que l’auteur n’a pas tiré de ses situations tout le parti qu’il auroit pu, et n’a en quelque sorte produit que des ébauches, nous pensons que c’est l’un et l’autre ; mais en même tems nous avouerons que l’originalité du caractère qui fait le principal agrément de la pièce, le ridicule assez vrai qu’il offre, et la manière dont il est rendu, sauvent une partie des imperfections de l’ouvrage, et en ont fait du moins goûter la représentation.
Nous n’en donnerons ici qu’une idée succincte :
Rosalie habite avec son père un château assez isolé, au milieu des Landes, et comme le vieillard s’ennuie, il a pour habitude d’envoyer à la poste son vieux domestique Antoine pour engager les voyageurs à venir séjourner ou reposer chez lui.
Il a reçu avis qu’un jeune homme nommé Belval, fils d’un de ses anciens amis, et qu’il sait être amoureux de sa fille, doit passer près de son château, et même s’arrêter à la poste ; il envoie son domestique au-devant de lui, avec ordre de l’amener, en lui observant bien que le jeune homme voyage dans un cabriolet jaune. Antoine, fidèle à ce dernier renseignement, amène par malencontre un imbécile natif d’Angouléme, qui voyageoit aussi en cabriolet jaune. Ce niais prend d’abord la suivante pour la maîtresse, et lui fait les plus sots complimens, enfin on s’en débarrasse, en l’engageant à passer dans la bibliothèque, ou bientôt on 1'enferme.
On observe que Belval, arrivé un moment avant, avoit reçu de Rosalie une double clef de la bibliothèque, pour s’y cacher en cas que son père ne vînt à savoir qu’il s’étoit introduit dans la maison ; il entre au moment où cet imbécile déclame dans le cabinet voisin, incident qui donne lieu à le faire passer pour fou ; cependant il s’ennuie de sa prison, et sort par une fenêtre qui donne dans le sallon ; il y apperçoit Belval, le prend pour un voleur, lui laisse libre l’entrée de la bibliothèque, et croit faire merveille, en l’y enfermant à son tour. Bientôt le père arrive ; il voit le niais d’Angoulême, le croit ce fils de son ami qu’il attendoit, et se sent pourtant un peu de répugnance à lui donner Rosalie ; mais on ouvre enfin à Belval, dont la présence lève toutes les incertitudes et qui obtient celle qu’il aime.
On voit tout ce que cet ouvrage laisse à desirer, et même on sent les corrections ou les changemens dont il seroit susceptible. Ces réflexions toutes fois ne frappent point sur la musique qui est pleine d’esprit, de goût et de légèreté, aussi a-t-elle été généralement applaudie, mais sur-tout dans un trio et une finale qui prouvent un très-grand talent et donnent une idée avantageuse du compositeur, l’un des meilleurs élèves du Conservatoire de Naples.
Quand [sic] aux rôles, ils sont remplis par les premiers artistes de ce théâtre ; mais il n’en est qu’un de saillant, celui de niais, qui, à la grande surprise du public, a été joué par le cit. Elleviou , et joué au surplus de la manière la plus piquante.
Dans la base César : le titre complet, le Cabriolet jaune, ou le Phénix d'Angoulême. L'auteur est Ségur jeune, la musique est d'Angelo Tarchi. 8 représentations, du 7 novembre 1798 au 9 janvier 1799.
Dans la base César : le titre complet, le Cabriolet jaune, ou le Phénix d'Angoulême.
L'auteur est Ségur jeune, la musique est d'Angelo Tarchi.
8 représentations, du 7 novembre 1798au 9 janvier 1799.
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