Le Café du ventriloque, folie-vaudeville en un acte, en prose, d'Armand Séville et Debarges, 15 ventôse an 12 [6 mars 1804].
Théâtre de Molière.
Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez M. J. Hénée, an 12 – 1804 :
Le Café du ventriloque. Folie-vaudeville, en un acte, en prose ; par Armand-Séville et Debarges. Représentée pour la première fois, sur le théâtre de Molière, le 15 Ventose an 12.
Liste des personnages :
PERSONNAGES.
RÉBOL, maître du Café, Ventriloque.
DEGREMONT, père de Sophie.
ARMAND, amant de Sophie.
SOPHIE, fille de Dégremont,
RIGOLET, prétendu de Sophie.
BOUQUIN, marchand de livres.
RAPÉ, rentier. Caricature.
LOMBARDIN, prêteur sur gages.
CARAFON, garçon du café.
UN HABITUÉ du café.
Plusieurs Habitués du café. (Personnages muets).
Le théâtre représente l'intérieur d'un Café.
Courrier des spectacles, n° 2566 du 16 ventôse an 12 [7 mars 1804], p. 2 :
[Avant de donner son sentiment sur ce Café du ventriloque, le critique parle longuement du Théâtre Molière, de sa spécialisation dans la comédie et des pièces, nouvelles ou non, qui s'y jouent (le Contrariant de Pradel, créé le 3 ventôse an 12, le Vieux garçon de Dubuisson, de 1783, le Vieux célibataire de Collin d'Harleville, créé en 1792). C'est pour lui d'occasion de glisser compliments et critiques sur les acteurs et sur le théâtre de Molière. Il aborde ensuite le compte rendu de la pièce nouvelle, le Café du ventriloque, dont le franc succès est attribué à l'acteur, un ventriloque. L'intrigue est sinon plutôt convenue : le ventriloque est utilisé pour permettre à l'amant d'une jeune personne d'obtenir sa main, en discréditant le fiancé choisi par le père : le ventriloque le fait passer pour un joueur. C'est la présence de ce ventriloque qui est d'ailleurs présentée comme « le principal mérite » de la pièce. Les auteurs ne sont pas nommés.
Le Vieux garçon de Dubuisson, comédie en cinq actes et en vers, a été créé en 1783.]
Théâtre Molière.
Depuis que ce théâtre existe, il n’a encore compté que trois époques où il ait attiré du monde, celle du Château du Diable dans sa nouveauté, celle de la troupe de Martelly, et celle des acteurs qui l’occupent aujourd’hui. Ils paroissent y avoir adopté le genre de la comédie, et c’est celui qui convient le mieux à cette salle trop peu étendue pour y représenter les ouvrages à spectacle. Nous avons déjà eu occasion de parler deux fois du Contrariant, caractère bien tracé et bien rendu, ainsi que la pièce elle-même. Hier on y jouoit le Vieux Garçon, comédie en cinq actes de Dubuisson. Quoiqu’elle ait fait partie autrefois du répertoire du théâtre Français, elle a dû céder le pas au Vieux Célibataire de Colin-Harleville, à qui le caractère d’une gouvernante maîtresse, caractère simplement indiqué et ébauché dans le Vieux Garçon, a pu donner l’idée du beau rôle de madame Evrard.
Le Vieux Garçon est un peu froid, et il faut beaucoup d’ensemble, beaucoup d’intelligence de la part des comédiens pour s'y faire applaudir. M. Dugrand a bien saisi le principal personnage, et ceux qui ont vu Molé dans le Vieux Célibataire, se plaisent à trouver quelques traits de ressemblance entre lui et M. Dugrand , tant pour le phisiqne [sic] que pour le jeu.
M. Adnet joue avec chaleur le rôle du neveu, et M. Philippe annonce de belles dispositions dans celui de Saint Phar. Seulement on remarque que l’habitude de jouer des ouvrages qui exigent de forts poumons leur fait quelquefois prendre le ton tragique, et les éloigne de celui que comporte la comédie.
Après cette pièce on joua hier un petit vaudeville intitulé le Café du Ventriloque. Il obtint beaucoup de succès, non à cause de l’intrigue qui est commune, ou des couplets qui sont foibles quoique tournés avec facilité, mais à cause du talent de l’acteur qui joue le rôle du maître du Café.
On sait qu’il existe au Palais du Tribunat un limonadier, le citoyen Borel, qui a scu donner à son établissement une grande vogue par les scènes plaisantes de ventriloque dont on y est témoin. L’acteur qui le représentoit s’en est fort bien acquitté, et il a beaucoup diverti les spectateurs par sa facilité à reproduire un spectacle inconnu sur la scène.
M. Daigremont est conduit par son gendre futur, espèce de fat provincial, au Palais du Tribunat, et entre avec sa fille au café Borel. L’amant de la jeune personne a mis le limonadier ventriloque dans ses intérêts, et celui-ci en contrefaisant diverses voix, parvient à éloigner le prétendu ; puis il fait entendre au père que son gendre vient de jouer à la roulette, et qu’il s’y est ruiné. L’amant profite de cet instant pour parler de ses droits à la main de la jeune personne et obtient d’aller sur-le-champ signer le contrat chez le notaire. A leur retour, ils retrouvent le Provincial qui est tout étonné de ce changement , et qui finit par renoncer à l’hymen qu’il étoit venu contracter à Paris.
Tel est le cadre de cet ouvrage, dont le principal mérite est, ainsi que nous l’avons dit, d’être joué par un véritable Ventriloque, le cit. Audry, Les personnes qui n’ont point vu Fitz-James chez Robertson pourront en entendant cet acteur se faire une idée de ce genre de talent.
Fitz-James est un célèbre ventriloque qui intervient dans le spectacle de fantasmagories de Robertson (voir Gilles Chabaud, « Se faire peur avec le passé : la terreur et la banalisation du spectacle des fantasmagories (1792-1800) » dans L'Ennemie intime. La peur : perceptions, expressions, effets, Presses universitaires de Rennes, 2011).
Autres représentations du Café du ventriloque signalées par le Courrier des spectacles :
-
16 ventôse an 12 [7 mars 1804] ;
-
20 ventôse [11 mars] (titre réduit : le Ventriloque) ;
-
22 ventôse [13 mars] (titre réduit) ;
-
23 ventôse [14 mars] (titre réduit) ;
Le Courrier des spectacles n° 2620 du 10 floréal an 12 [30 avril 1804] signale à nouveau le Ventriloque, mais au Théâtre du Marais. Il peut s'agir d'une autre pièce du même Debarge, le Ventriloque tout seul.
Le 13 septembre, annonce de la représentation du « Bon Gardien, scène de ventriloque, par M. Adry », au Théâtre du Marais. On trouve aussi à des dates diverses des scènes de ventriloque à la Salle des Redoutes, rue de Grenelle Saint-Honoré, cette fois par M. Thiémet (il y a même un compte rendu rapide du spectacle qu'il propose dans le Courrier des spectacles du 19 brumaire an 13 [10 novembre 1804], un autre dans le n° du 2 frimaire [23 novembre]).
Le 11 thermidor an 12 [30 juillet 1804], le Courrier des spectacles n° 2711 signale une représentation du Café du ventriloque au Théâtre des Délassemens.
Tous ces faits montrent une belle vogue des spectacles de ventriloque.
Ajouter un commentaire