Le Calcul de la vie, comédie en un acte, de M. Legros, 8 brumaire an 11 [30 octobre 1802].
Théâtre de la Porte Saint-Martin
L’Almanach des Muses 1804 donne comme date de création le 4 brumaire an 11, tout comme le Courrier des spectacles, n° 2059, qui annonce bien la première de la pièce. La date de la brochure, le 8 brumaire est pourtant confirmée par le même Courrier des spectacles, numéro 2063 du 8 brumaire, qui annonce ce jour-là la première de la pièce, et le numéro du 9, qui fournit un long compte rendu de la pièce nouvelle de la veille, avec une erreur sur le titre, devenu le Cours de la vie. On retient donc le 8 brumaire.
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Titre :
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Le Calcul de la vie, ou le Bon et le mauvais valet
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Genre
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comédie
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Nombre d'actes :
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1
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Vers / prose
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en prose
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Musique :
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non
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Date de création :
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8 brumaire an 11 [30 octobre 1802]
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Théâtre :
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Théâtre de la Porte Saint-Martin
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Auteur(s) des paroles :
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Legros
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Sur la page de titre de la brochure,Paris, chez Fages, an 12 (1804) :
Le Calcul de la vie, ou le bon et le mauvais valet, comédie en un acte, en prose, Par M. Legros, auteur de la Fausse-Correspondance et des Suppléans, comédies. Représentée, pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre de la Porte S. Martin, (ci-devant le Grand Opéra,) le 8 Brumaire, an XI de la République Française.
On ne doit envisager le terme de la vie, que pour en employer utilement la durée.
Blainval, Scène XXX, et dernière.
Le Courrier des spectacles, n° 2064 du 9 brumaire an 11 (31 octobre 1802), p. 2-3 :
[Le compte rendu est assez inhabituel dans sa construction : il donne d’abord un titre inexact, puis il commence par la fin, c’est-à-dire par la réception de la pièce, assez chahutée et par l’annonce rituelle du nom de l’auteur : la pièce n’a donc pas échoué. Ensuite, il porte un jugement plutôt sévère sur la pièce : pas très drôle froide, un peu ennuyeuse, « métaphisique » même. Si les scènes sont jugées bien conçues, elles comportent trop de monologues et trop peu d’action : au lieu de théâtre, c’est d’arithmétique qu’il s’agit. Il ne reste plus qu’à faire l’analyse de l’intrigue, qui comporte en effet de curieux aspects (si le personnage de Blainval est un original et peut passer pour intéressant, les autres personnages sont plus conventionnels : une veuve à marier, des domestiques, les uns fidèles, les autres malhonnêtes, un détail aussi mystérieux qu’inutile – les verres d’eau – et un dénouement vraiment miraculeux : l’argent qui manque reparaît d’une manière fort opportune, et le mariage indispensable à la fin d’une comédie a bien lieu.]
Théâtre de la Porte-St-Martin.
La pièce jouée hier à ce théâtre sous le titre de : le Cours de la vie, a été applaudie, sifflée, puis encore applaudie. L’auteur a été demandé et nommé. C’est le cit. Legros, auteur des Suppléans.
Cet ouvrage n’est pas très comique, comme on pourra en juger par l’analyse. Il est généralement froid et offre de fréquentes longueurs et de la métaphisique passablement ennuyeuse ; mais malgré des défauts on ne peut nier qu’il n’y ait plusieurs scènes bien conçues. Les monologues y sont fort multipliés et laissent apercevoir l’embarras de l’auteur à faire agir ses personnages. Il paroit moins familier avec les règles du théâtre qu’avec celles du calcul ; son ouvrage est presque un traité d’arithmétique.
Blainval, d’après les avis de la Faculté, aidée de ses propres craintes, s’est cru attaqué de pulmonie. Dix années lui ont semblé devoir être le terme le plus long de sa vie, et divisant en portions égales pour chaque jour trois cent soixante-cinq mille livres de capital dont il était propriétaire, il s’est assigné cent livres de dépense par jour, dont cinquante pour ses plaisirs et cinquante pour sa table. Gaspard, son valet, a été chargé de cette dernière dépense. Les dix ans sont écoulés, et le prétendu pulmonique vit encore et jouit d’une bonne santé ; mais il n’a pas le sol. Il chasse Gaspard, qu’il suppose avoir fait tourner à son profit l’excédent de sa dépense, et ne se fie plus qu’à Lafleur. Celui-ci désormais chargé des détails de la table, forme les plus beaux projets de fortune pour lui et pour Lisette, femme de chambre de Cécile, voisine de Blainval. Cette veuve a aussi perdu sa fortune : elle aime Blainval, dont elle est aimée, mais jusqu’alors elle n’a point cédé à ses demandes. Enfin les deux amans s’écrivent, et chacun charge son domestique de remettre sa lettre. Lafleur et Lisette à qui cette union ne convient pas, se font part de leur mission. Les lettres leur deviennent suspectes, mais se faisant scrupule de trahir leurs maitres, Lafleur donne à Lisette la lettre du sien et celle-ci donne à Lafleur la lettre de Cécile. Toutes deux sont lues. A peine en connoissent-ils le contenu qu’ils se décident à ne pas les rendre et à s’éloigner avec des paquets des meilleurs effets de leurs maîtres, par qui sous divers prétextes ils se font payer une année en avance de leurs gages. Ils sont partis : les maitres s’expliquent, ont beaucoup de peine à s’entendre et se séparent. Blainval désolé veut s’empoisonner ; il demande un verre d’eau à Niquet, qui par mégarde apporte de l’eau de puits. Le poison y est mis ; déjà Blainval l’a approché de ses lèvres : il sort un instant pour voir encore le tableau de son père. Niquet, qui a reconnu son erreur et qui craint que l’eau de puits ne donne la colique à son maitre, substitue un autre verre au premier et porte au fidèle César l’eau empoisonnée. Nouvelle conversation entre les amans. Cécile vient de faire un héritage, et un notaire apporte à Blainval un capital de cent trente mille livres, produit des épargnes de Gaspard, qu’ils [sic] a déposés chaque mois depuis dix ans. Les deux maitres devenus riches se marient. L'honnête Gaspard rentre en place, et les deux valets fripons sont arrêtés et livrés à la justice.
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