Le Chantier de Saardam, ou l'Impromptu hollandais, divertissement mêlé de couplets de Chazet, à l'occasion de l'entrée solennelle de LL. MM. II. et RR. dans leur ville d'Amsterdam.
Sur la page de titre de la brochure, à Amsterdam, chez Van Cleef, 1811 :
Le Chantier de Saardam, ou l'Impromptu hollandais, divertissement en un acte mêlé de couplets, à l'occasion de l'entrée solennelle de LL. MM. II. et RR. dans leur ville d'Amsterdam. Par Mr.. Alissan de Chazet.
Dans l'article de Sylvie Chevalley, Politique et théâtre. Une visite impériale en Hollande en 1811, disponible sur le site Napoleon.org, la représentation du Chantier de Saardam, ou l'Impromptu hollandais est évoquée. Elle a eu lieu le 11 octobre 1811 au Théâtre de la Ville d'Amsterdam, mais Napoléon, peu soucieux de voir la pièce de Chazet, n'y assista pas. Talma explque dans une lettre à sa femme : « L'Empereur devait venir avant-hier assister à la représentation d'Andromaque, mais avant de partir on lui a dit qu'on donnait une petite pièce de circonstance faite par Chazet, qui est venu exprès pour elle. Ça a paru lui déplaire beaucoup et pour cette raison il n'a pas voulu venir ». La pièce de Chazet se déroule dans un village hollandais, dans un décor de canaux et de chantiers navals. La population du village est tout réjoui de la venue des souverains, et les jeunes filles dansent en formant avec des guirlandes de fleurs les mots « Vive Napoléon ! Vive Louise ! ». Ce sont comme d'habitude les couplets qui ont le plus de succès, et le Courrier d'Amsterdam, qui les trouve « spirituels et parfaitement bien tournés » en cite deux :
Il ne faut pas qu'ça vous étonne,
Quoique ça soit bien étonnant,
Car jamais on n'a vu personne
Comm'lui marchant à pas d'géant.
Le secret dont sa marche se couvre
A causé plus d'un quiproquo.
Un jour on le croyait au Louvre
Quand il était à Marengo (bis).
Les Anglais, qui pour leur patrie
Ne forment que des projets vains,
Méconnaissent de son génie
Et les calculs et les desseins.
Par celui qui gouverne au Louvre
Quels obstacl'ne s'raient aplanis !
Un jour ils le verront à Douvres,
Quand ils le croiront à Paris (bis).
Le nain jaune réfugié, Quatrième volume, année 1816, p. 171-172 :
[Le Nain jaune a dû quitter la France pour continuer son action satirique. Il contient en particulier de fausses réclamations, sous forme de lettres envoyées par des gens mécontents. Ici, c'est l'éditeur du Chantier de Saardam, ou l'Impromptu hollandais qui proteste contre la reprise dans un couplet destiné la duchesse de Berry de vers appartenant à la pièce de Chazet, qui est aussi l'auteur du couplet jugé plagiaire. La lettre faussement indignée est suivie d'un jugement tout aussi faussement juste : Chazet (qui a sa place dans le dictionnaire des Girouettes) est innocent, puisqu'il n'a écrit en l'honneur du couple impérial que sous la contrainte. Il n'est donc pas lié par des promesses obtenues sous la menace.]
Amsterdam, 2 juillet.
Messieurs,
Quelle a été ma surprise, je puis dire mon indignation, en lisant dans vos annales de l'Hymenée (25me, livraison) le couplet qui se termine par cette pensée aussi ingénieuse qu'élégamment exprimée : les sentiments de nos cours sont des bouquets.
« Que rien ne peut faner jamais. »
Certes il y a peu de délicatesse à trafiquer ainsi des vers qui m'appartiennent, non comme auteur, à dieu ne plaise ! mais à titre d'éditeur. Il est facile de vous convaincre de la vérité par l'exemplaire que je joins à ma réclamation. Vous y verrez ces mêmes vers qui s'adressent maintenant à la duchesse de Berry, figurer à la fin d'un petit divertissement intitulé le chantier de Saardam ou l'impromptu hollandais, pièce qu'on a représentée en 1817 sur le théâtre de la cour à l'occasion de l'entrée SOLENNELLE de LL. MM. impériales et royales dans LEUR ville d'Amsterdam ; ainsi que l'écrivait à cette époque M. Allissan de Chazet qui n'était point encore chevalier.
Convenez-en, messieurs, le procédé n'est pas d'un loyal chevalier puisque chevalier il y a. Déflorer ainsi un ouvrage dont j'ai fait toute la dépense et dont je n'ai rien retiré, est un trait abominable ! M. de Chazet, j'en suis bien certain, se sera fait payer par la cour de Louis XVIII ces vers que lui avait déjà fort largement payés celle de Napoléon. Et moi j'en suis pour mes frais ; car, je ne puis vous le cacher, je possède encore toute l'édition de ce divertissement dont l'impression ne m'a pas plus diverti que le public ne s'est diverti à la représentation.
J'ai L'honneur etc.
Van-Serrure, libraire
à Amsterdam.
La réclamation de M. Van-Serrure ne paraît point fondée en justice : lorsqu'un homme peut prouver qu'on lui a fait souscrire des billets le pistolet sur la gorge, il n'est pas tenu de les acquitter, et il en peut disposer à son gré. Or, comme M. le chevalier de Chazet nous a merveilleusement appris dans la Quotidienne qu'il n'a fait des vers pour l'usurpateur, qu’afin de n'être pas fusillé ; comme chacun sait qu'il en courait le risque, il est évident qu'il peut casser tous ses marchés poétiques, et vendre sa muse à qui bon lui semble.
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