Le Ci-devant jeune homme, vaudeville en un acte et en prose, de Merle et Brazier, 28 mai 1812.
Théâtre des Variétés.
Almanach des Muses 1813.
Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Mme Masson, 1813 :
Le ci-devant jeune homme, comédie en un acte et en prose, de MM. Merle et Brazier, Representée, pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre des Variétés, le 28 mai 1812. Seconde édition.
Une quatrième édition, sans date, chez Mlle Huet-Masson.
Journal de Paris, n° 150 du 29 mai 1812, p. 2 :
[Le critique est bien long avant de parler vraiment de la pièce : ila besoin de se lancer dans de longues considérations sur le refus de vieillir de ceux que la pièce appelle « ci-devant Jeune Homme ». C'est aux deux-tiers de l'article qu'il parle enfin de la pièce, dont il félicite les auteurs de savoir retrouver le but de la comédie, « la peinture et la critique des ridicules » : elle est digne de figurer dans la galerie des pièces assumant ce but moral. Le bref résumé de la pièce le confirme on y voit un vieillard user sa vie à vouloir paraître jeune, et se faisant tromper par son neveu et son « valet adroit ». La réussite n'est pourtant pas complète : comme souvent « la représentation a paru un peu froide », alors qu'il faisait si chaud dehors. Mais il faut souligner qu'elle a néanmoins « obtenu un succès que les auteurs ne doivent « ni à grossiers lazzis, ni à d'ignobles caricatures ». Pothier a été un « ci-devant jeune homme » remarquable, et c'est lui qui a nommé les auteurs, présentés comme des « jeunes gens de ses amis ».]
THÉATRE DES VARIÉTÉS.
Première représentation du ci-devant Jeune Homme, comédie en un acte.
Savoir vieillir est bien difficile ;.... c’est une science dont tout le monde a besoin, et que personne ne veut apprendre..... Eh ! ma foi, c’est bien excusable.... À qui persuadera-t-on qu’il faut consacrer le printemps de sa vie à étudier les moyens de rendre l’hiver moins rude ? j’en appelle à vous, femmes jeunes et jolies. Au milieu des plaisirs qui naissent sous vos pas, des hommages dont on vous enivre, avez-vous le temps de penser que la nature si généreuse envers vous, vous fait expier sa prodigalité par le court espace de temps pendant lequel elle vous permet de jouir de ses dons ? Vous êtes déshéritées avant d’avoir pu calculer vos richesses.
« Et roses vous vivez ce que vivent les roses,
» L’espace d’un matin. »
En vain la vanité rebelle veut en appeler de l’arrêt de la nature ; en vain la femme à qui chaque jour enlève un attrait et décèle une ride, s’écrie : On ne sait plus faire les miroirs ; la glace véridique se venge en répétant les charmes de la jeune beauté, qui bientôt sera réduite à outrager, à son tour, les miroirs contemporains.
Mais pourquoi n’attester ici que les femmes ? Que d'hommes sont femmes sur ce point !
I1 faut un secours particulier de la grâce pour déterminer un pécheur à dépouiller le vieil homme : un miracle serait presque nécessaire pour décider beaucoup de vieux élégans à dépouiller le jeune homme. Voyez-les voltiger, ces papillons d'automne, affectant un essor printanier, bientôt leurs lourdes ailes les trahissent, et ils tombent honteusement aux pieds de la fleur qu'ils voulaient effleurer d’un baiser folâtre....
Voilà, j’espère, mes chers lecteurs, une phrase d’un bien joli goût, pour vous peindre la ridicule manie de ces ci-devant jeunes gens qui se roidissent contre le temps, et emploient toute la matinée à chercher les moyens de donner le soir un démenti à leur extrait de baptême.
Tel est le ridicule qu’ont voulu attaquer les auteurs du Ci-devant Jeune Homme. Il serait à désirer que toutes les bagatelles dramatiques qui composent le théâtre des Variétés, tendissent au but que doit se proposer la comédie, la peinture et la critique des ridicules ; elles pourraient alors former une petite galerie comique auquel le goûtt ne dédaignerait pas sourire.
Les auteurs de la pièce nouvelle n’ont point à se repentir d avoir esquissé un des tableaux qui pourraient figurer dans cette galerie.
M. de Boissec, vieil élégant, mène à soixante ans une vie de jeune homme, épuise sa bourse et sa santé en folies à peine pardonnables à vingt ans, et pousse enfin la manie de la mode jusqu’à feindre d’avoir des dettes. Il est dupe de sa ridicule vanit , et son neveu, aidé par un valet adroit, échange avec lui des créanciers contre une maîtresse. Ce personnage est bien dessiné ; peut-être aurait-on pu le faire ressortir davantage en le plaçant dans des situations plus comiques.
La représentation a paru un peu froide. La chaleur y a sans doute beaucoup contribué ; mais, à tout prendre, la pièce a obtenu un succès dont les auteurs peuvent d’autant plus se glorifier, qu’ils ne le doivent ni à grossiers lazzis, ni à d'ignobles caricatures.
Pothier, dans le rôle du ci-devant jeune homme, a donne une nouvelle preuve de ce talent original, qui est presqu’un gage de succès pour tous les ouvrages où il joue.
Il est venu, au milieu des applaudissement, annoncer que la pièce était de deux jeunes gens de ses amis, nommés MM. .Merle et Brazier.
A.
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