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Le Ci-devant noble

Le Ci-devant noble, comédie en trois actes, en prose, de Louis-Sébastien Mercier, représentée à Coblentz, 2 novembre 1791.

Théâtre de Coblence.

Almanach des Muses 1793

Pièce imprimée en 1781, et qui alors étoit intitulée le Gentillâtre ; elle reparoît au bout de dix ans, et se trouve tout naturellement à l'ordre du jour. Pour qu'elle y soit encore davantage, l'auteur y a fait des additions.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, de l'Imprimerie du Cercle Social, 1792, l'an troisième de la liberté :

Le ci-devant noble, comédie en trois actes, en prose, par M. Mercier. Représentée à Coblentz le 2 novembre 1791.

Ce que l'opinion a créé, l'opinion le détruit.

Le texte de la pièce est précédé d'un « avertissement » qui fait l'historique de la pièce (elle a été imprimée en 1781, sans être jouée, et cette nouvelle publication est l'occasion pour Mercier de souligner combien elle est aujourd'hui d'actualité, après l'abolition des privilèges. C'est aussi une prise de position sur l'égalité nouvelle, qui reste à conforter. Car les nobles résistent tant qu'ils peuvent à l'ordre nouveau.]

Avertissement.

Voici qu'une de mes comédies, imprimée en 1781, sous le titre : le Gentillâtre, se trouve en 1791, pour ainsi dire, à l'ordre du jour. Plusieurs de mes écrits jouissent, en ce moment, de ce singulier avantage; aucun auteur vivant, j'ose le dire, n'a jeté dans le public, avant la révolution, la foule de mes idées révolutionelles ; la réimpression de cette comédie peu connue en sera encore une preuve.

Le théâtre fut de tout tems le puissant législateur des usages et des manières, et le poëte a le droit de pourchasser ces orgueils déjoués, couverts de leur gothique oripeau, qui voudroient ennivrer les autres de leur fumée favorite.'

Heureuse la loi qui a effacé les derniers et honteux vestiges de l'inégalité conventionnelle ! Ce n'est point là un bienfait indifférent ; car l'on ne peut pas être égal ou libre à demi, et il appartenoit à la philosophie de notre siècle, d'anéantir la vanité injurieuse de quelques hommes qui, par une contradiction insensée avec les lumières généralement répandues, offensoient, dans nos foyers et à chaque pas, le bon sens national.

Ce n'est pas tout-à-fait dans la capitale que l'on pourra bien juger de la ressemblance du portrait. On l'appréciera beaucoup mieux dans le fond de quelques provinces, où résident les originaux qu'on a voulu peindre ; ils y assommoient le paysan ; ce qui n'étoit pas bien.

J'ai vengé l'univers autant que je l'ai pu. Volt.

Ces nobles affligés ont abandonné la France et veulent y rentrer le fer et la flamme à la main ; le tout pour l'honneur du blason. Ainsi, un stupide raisonnement est toujours suivi d'une action extravagante ou criminelle ; mais, dit un écrivain connu : « les disproportions qui sont entre les hommes sont bien minces pour être si vains ; les uns ont la goutte, d'autres la pierre : les uns meurent, d'autres vont mourir ; ils ont une même ame pendant l'éternité, et elles ne sont différentes que pendant un quart d'heure, c'est-à-dire, pendant qu'elles sont jointes à un corps. »

En réimprimant cette comédie sous le titre convenable du Ci-devant Noble, j'y ai fait quelques additions relatives à l'heureuse régénération des choses.

Chacun à son tour. Ce sont les nobles qui, sous l'ancien régime, s'enrichissoient des déprédations de la cour ; ce sont les nobles qui remplissoient exclusivement les premières places du ministère, de l'église et de l'armée ; ce sont les nobles qui, pendant plusieurs siècles, surent se soustraire aux charges publiques ; ce sont les nobles qui prétendoient, en dernier lieu, ne devoir payer l'impôt que comme contribution volontaire et momentanée, et seulement pour combler le deficit ; ce sont les nobles qui soutenoient aux états-généraux, qu'on devoit opiner par ordre et non par tête ; ce sont les nobles enfin qui, dans l'assemblée nationale, s'opposoient à la suppression du régime féodal : seroit-il défendu aux ci-devant roturiers, bons citoyens, de rire un peu aujourd'hui de la décomposition subite du monstre féodal et de ces nobles, qui ne veulent pas être citoyens ?

La base César donne les références de la publication de la Gentillâtre en 1781 : Amsterdam et Paris, Vve Ballard et fils, 1781, in-8. .

Pour le Ci-devant noble, une seule date, le 2 novembre 1791, au Théâtre de Coblence. Y a-t-il eu des représentations à Paris ?

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