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Le Concert aux Champs-Élysées

Le Concert aux Champs-Élysées, vaudeville en un acte, de P.-A. Vieillard, Lafortelle et Chazet, 16 messidor an 10 [5 juillet 1802].

Théâtre Montansier-Variétés.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, an 10 [1802= :

Le Concert aux Champs-Élysées, vaudeville en un acte  Par Lafortelle, Vieillard et Chazet. Représenté, pour la première fois, sur le Théâtre de Montansier-Variétés, le 14 messidor an 10.

La date de la première représentation donnée par la brochure n’est pas exacte. Le 14 messidor an 10 correspond au 3 juillet 1802, elle a eu lieu le 16 messidor, soit le 5 juillet.

Courrier des spectacles, n° 1948 du 17 messidor an 10 [6 juillet 1802], p. 2-3 :

[L’intrigue repose sur un acte de générosité d’Elleviou, le grand ténor, qui, avec sa femme et un ami, a chanté dehors pour inciter le public à donner de l’argent à un pauvre aveugle et à sa fille. L’anecdote a suscité de nombreux essais de pièces, mais seul le premier gagne dans ce genre de compétition, surtout si sa pièce est réussie : « de jolis détails, des couplets piquans, des traits spirituels ». Le Concert aux Champs Elysées a donc tué la concurrence. Elleviou est devenu Blinval, et les auteurs ont ajouté un petit bout d’intrigue sentimentale, passage quasiment obligé dans ce genre de pièce. A part le personnage du cruel procureur, jugé exagéré, les autres acteurs ont donné satisfaction, l'un en jouant de la harpe et ces dames au chant. L’article reproduit deux couplets parmi les plus applaudis. Il n’y a plus qu’à nommer les trois auteurs.]

Théâtre Montansier.

Première représentation du Concert des Champs-Elysées.

A peine les journaux eurent-ils publié l’aventure d’Elleviou, de sa femme et de Louis Pradère aux Champs-Elysées (Voyez notre numéro du 8 de ce mois) que plus de vingt jeunes gens à l’affût de l’anecdote du jour taillèrent leur plume, forgèrent des couplets, se creusèrent la tête pour trouver une intrigue, enfin donnèrent le jour à vingt pièces de circonstances. Heureux les plus habiles et les plus prompts dans cette espèce de travail. Sur les vingt ouvrages faits, le premier a ordinairement le bonheur de tuer les dix-neuf autres qui restent et meurent en portefeuille, sur-tout s’il offre de jolis détails, des couplets piquans, des traits spirituels ; bref, s’il obtient un brillant succès. Le Concert aux Champs-Elysées eut hier soir tous ces avantages. En conséquence, il tue toutes les pièces nées et même à naître sur le même sujet.

Pour contrebalancer son succès que pourroit-on offrir davantage ? Une intrigue plus compliquée ? le sujet n’en est pas susceptible. Des scènes plus agréables ? à l’exception d’une ou de deux, qui au commencement présentent des longueurs, il est difficile de les remplir avec plus d'esprit et de délicatesse. Il y règne même un ton de sentiment et d’intérêt qui attache, et d’ailleurs le nom des personnages que l’on y retrace offre une si belle recommandation !

Voici comme le sujet a été traité :

Blinval, son épouse et un musicien de ses amis, se promènent aux Champs-Elysées. Un vieillard aveugle qui pince de la harpe, tandis que sa fille l’accompagne en chantant, n’a rien reçu dans sa soirée, et même il est durement renvoyé par un ci-devant procureur, nommé Durocher, qui est fâché contre le père de ce qu’il ne veut pas lui donner sa fille en mariage. Blinval, que cet acte d’inhumanité révolte, ramene le vieillard et sa fille ; le musicien pince de la harpe, Blinval et son épouse implorent en chantant la pitié des auditeurs, et ils font ample recette. Un de leurs amis les reconnoît ; ils lui avouent le désir qu’ils ont eu d’être utiles à l’aveugle.

Le personnage du procureur Durocher nous a paru exagéré. Du reste les acteurs ont parfaitement joué leurs rôles.

Le cit. Xavier par son jeu sur la harpe, mesdames Caroline, Godard, et le cit. Frédéric par leur chant ont réuni tous les suffrages.

Parmi les couplets le plus applaudis, nous avons retenu le suivant :

L’Aveugle parle à sa fille du récit de ses malheurs :

Air : Fidèle époux, franc militaire.

Ces récits semblent ridicules,
On trouve importuns leurs auteurs :
Ils ne font que des incrédules,
Et rebutent les auditeurs.
Le public craint que l’on n’éveille
Sa pitié par de tristes soins :
A ses plaisirs il faut qu’on veille
Afin qu’il veille à nos besoins.

Air : La comédie est un miroir.
A ses bontés ayons recours,
Sans murmurer de leur absence ;
La plainte écarte le secours
Qui venoit troubler l’indigcnce.
Implorant envain les bienfaits,
Qu’au malheur ton cœur se résigne ;
Et ne les exige jamais
Afin d’en être toujours digne.

Les auteurs sont les citoyens Vieillard , Lafortelle et Chazet.

F. J. B. P. G ***          

Une anecdote, trois pièces :

L’anecdote mise en pièce est effectivement parue dans le numéro du 8 messidor an 10 [27 juin 1802], p. 2 de la deuxième partie du Courrier des spectacles (« Lois et Actes du Gouvernement ») :

Elleviou et sa charmante femme, accompagnés de Louis Pradère, jeune professeur au conservatoire, se promenoient aux Champs-Elysée, par une belle soirée, à l’heure où un artiste ambulant sollicitoit, par les accords de son piano, l’attention et la commisération publiques. La journée n’avoit pas été heureuse, le brave homme s’en plaignoit  Pradère l’entend ; son esprit lui suggère un projet que son cœur ne désavoue pas : le moyen est goûté   madame Elleviou baisse son voile ; son mari enfonce son chapeau. Pradere au piano, appelle par son talent la curiosité des passans, qu’il fixe en accompagnant la jolie voix de son ami, et grâces aux petites révérences de l’attrayante quêteuse, 36 fr. de produit ont amplement dédommagé le vieillard d’une journée jusqu’alors infructueuse.

La pièce du Théâtre Montansier, Le Concert aux Champs-Élysées, vaudeville en 1 acte, par Lafortelle, Vieillard et Chazet, sur le Théâtre Montansier-Variétés, a été la première :16 messidor an 10 [5 juillet 1802].

Elle a été suivie par le Forte-piano ou Une soirée aux Champs-Élysées, de Simonnin et Théophile, le 19 messidor an 10 [8 juillet 1802.

La pièce du Théâtre du Vaudeville, la Ressource des talens ou la Promenade aux Champs-Élysées, anecdote en un acte, de Desfontaines et de Rougemont, a été jouée le 23 messidor an 10 [12 juillet 1802].

Trois fois le même sujet en une semaine.

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