Créer un site internet

Le Concert aux Eléphans

Le Concert aux éléphans, comédie-parade en un acte mêlée de vaudevilles, de Piis, Barré, Radet, Desfontaines et Desfougerais, 16 Messidor an 7 [4 juillet 1799].

Théâtre du Vaudeville

Titre :

Concert aux éléphans (le)

Genre

comédie-parade

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

16 messidor an 7 [4 juillet 1799]

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Piis, Barré, Radet, Desfontaines et Desfougerais

Almanach des Muses 1800

Fonds léger, couplets spirituels.

Courrier des spectacles, n° 863 du 17 messidor an 7 [5 juillet 1799], p. 2 :

[La pièce, bien que sur un sujet bien mince, a eu du succès grâce à de nombreux « charmants couplets », aussi bons que ceux de Voltaire ou une Journée de Ferney, des mêmes auteurs (les noms ne sont pas donnés). Le résumé de l'intrigue montre en effet que la pièce est une arlequinade de plus, avec le quatuor traditionnel de personnages. Une fois de plus, Arlequin reconquiert la main de Colombine auprès de son père et en prive Gilles. La pièce a donc une seule qualité, rappelée à la fin de l'article : beaucoup de bons couplets, dont deux « en l'honneur du célèbre Buffon ».

Le mot « ptisanne » est un archaïsme pour tisane : le Dictionnaire de l'Académie française définit la PTISANNE. s. f. (On prononce Tisanne), comme un « breuvage composé avec de l’orge, de la reglisse, du chiendent, ou autres simples qu’on fait boüillir ou simplement infuser dans de l’eau ». Le mot ptisanne disparaît dès la quatrième édition du dictionnaire, en 1762.]

Théâtre du Vaudeville.

La première représentation du Concert aux Eléphans eut hier le succès le plus flatteur. Il est difficile de concevoir qu'un sujet aussi léger ait pu fournir un aussi grand nombre de charmants couplets ; il est vrai que les auteurs d’une Journée de Ferney ont accoutumé le public à ces agréables surprises.

Le théâtre représente l’enceinte où sont enfermés les éléphants, qui sont cachés derrière un rideau. Le concours des personnes qui vont au jardin des Plantes, pour voir les éléphants, fait la fortune de Gilles, marchand de ptisanne [sic], qui y trouve un grand débit, tandis que le pauvre Arlequin, qui faisoit jadis assez bien ses affaires en vendant des chansons, n'a désormais plus de chalants [sic] ; ce qu’il y a de plus malheureux pour lui c’est que Cassandre, herboriste et pere de Colombine, a changé avec la fortune. Arlequin raconte son malheur à Cornat , gardien des éléphants, qui lui conseille, pour ramener ses pratiques, de faire une chanson sur ces ingénieux animaux. L’idée sourit au chansonnier et ranime son espoir. On doit donner le soir un concert aux éléphants et la chanson y trouve sa place. Cornat prie Cassandre de garder en son absence la provision des éléphants. Ce sont deux bouteilles de bon vin. Gilles survient auprès de son futur bean-pere, qui le charge de veiller sur le dépôt qui lui a été confié. Gilles reste seul, veut simplement goûter la boisson des éléphants ; mais peu-à-peu il vuide plus d'une bouteille, sans s’embarasser [sic] des cris des éléphants qui le voient, On remplace le vin par de l’eau.

Le monde arrive ; on leve le rideau, et les éléphants paroissent aux yeux du public. Leur gardien, pour rendre le plaisir plus complet leur offre une bouteille à déboucher, mais ils n’en veulent pas. Il soupçonne quelque chose d’extraordinaire, il goûte le vin, s’appercoit qu’on a mis de l’eau en place. Gilles est ivre, et veut envain s’en défendre. Il passe près des éléphants qui avec leur trompe lui jettent de l’eau. Il est baffoué [sic] et éconduit. Arlequin, qui n’a plus de rival, regagne les bonnes grâces de Cassandre, au moyen de 75 francs que son imprimeur lui a donnés pour prix de la nouvelle chanson qu’il a faite sur les éléphans.

Les couplets dont elle est composée, ainsi que beaucoup d’autres, notamment deux en l’honneur du célèbre Buffon, ont fait le plus grand plaisir.

Le Pan.          

Courrier des spectacles, n° 866 du 19 messidor an 7 [7 juillet 1799], p. 2 :

En parlant avant-hier des couplets en l’honneur de Buffon, adroitement amenés dans le vaudeville le Concert aux Eléphans, nous avons dû inspirer à nos lecteurs le désir de les connoître, nous nous faisons un plaisir de les leur donner.

Air: Femmes, voulez-vous éprouver.

Vous qui cherchez à retrouver
De Buffon les traces savantes,
Son livre en main, venez rêver,
Au milieu du Jardin des Plantes.
Il n’est pas un de ses bosquets
Qui ne redise à l’ame pure
Et la science et les bienfaits
De l’écrivain de la nature

Environné des végétaux
Dont il sçut diriger les classes,
Au doux ramage des oiseaux
Qu’il peignit avec tant de grâces,
Entre le cèdre et l’églantier,
Buffon couché sur la verdure,
Ecrivit son ouvrage entier
Sur les genoux de la nature.

En voici quelques uns de la ronde qui sert de vaudeville à la pièce.

Air: Ah ! voilà la vie, la vie, etc.

    Ça, ça, qu’on m’écoute,
    Tout homme à présent
    Plus on moins sans doute
    Tient de l’éléphant.
    Chacun a sa trompe
        Sa trompe
        Qui pompe,
    Chacun a sa trompe
        Qui pompe
        Notre argent.

    Ce gros-empirique
    Sur son cheval blanc,
    Qui vend un topique
    Pour le mal de dent,
    N'a-t-il pas sa trompe
        Sa trompe
        Qui,
etc.

    D’un tripot funeste
    Ce banquier riant,
    Qui d’un rateau leste
    Va tout balayant,
    N’a-t-il pas sa trompe,
        Sa trompe,
        Qui,
etc.

    Maint homme à sacoche
    Au Pérou se rend ;
    Mais gare a vos poches,
    Car tout en courant,
    N’a-t-il pas sa trompe,
        Sa trompe
        Qui pompe,
    N’a-t-il pas sa trompe
        Qui pompe
        Notre argent ?

La Décade philosophique, littéraire et politique, An VII, quatrième trimestre, N° 30, 30 Messidor, p. 175-177 :

Théâtre du Vaudeville.

Le Concert aux Éléphans.

Tout ce qui par sa nouveauté donne de l'amusement à un peuple curieux, tout ce qui peut amener dans le cours de la mode quelques phases nouvelles, tout ce qui provoquant des rassemblemens publics au profit de la gaieté, met en mouvement beaucoup d'individus, est par cela même du domaine du Vaudeville. A ce titre, le concert donné aux éléphans, devait fournir matière à nos joyeux picoreurs de gaieté ; et il n'a manqué, ce me semble, à la pièce nouvelle, pour avoir un très grand succès, que d'être donnée un peu plutôt, au moment où la foule se portait aux éléphans.

Elle a néanmoins réussi très-complètement comme une fort jolie parade.

Arlequin et Gilles, l'un chansonnier et l'autre marchand de coco, se disputent, suivant l'usage, la main de Colombine, fille de l'herboriste Cassandre. L'affluence qu'attirent les éléphans au jardin des Plantes, en donnant quelque vogue au marchand de tisanne, lui prête quelqu'avantage pour la fortune, auprès du père de, Colombine : mais Arlequin fait une chanson pour le concert, et de plus, son rival a commis l'imprudence de boire le vin que le cornac des éléphans leur destinait : ceux-ci pour s'en venger, couvrent le pauvre Gilles d'une honte publique, en lui lançant avec leur trompe un déluge d'eau, ce qui le rend l'objet de la risée générale, et fait triompher Arlequin.

De fort jolis couplets embellissent ce petit cadre, et déterminent le succès de l'ouvrage ; en voici sur Buffon qui pouvaient être mieux écrits, mais qui sont un hommage adroitement placé à cet homme célèbre, et qui à raison de leur à-propos et de leur intention, ont été couverts d'applaudissemens :

Air : Femmes voulez-vous éprouver.

     Vous qui cherchez à retrouver
De Buffon les traces savantes,
Son livre en main venez rêver
Au milieu du Jardin des Plantes ;
Il n'est pas un de ces bosquets
Qui ne redise à l'ame pure,
Et la science et les bienfaits
De l'Écrivain de la Nature.

     Environné de végétaux
Dont il sut diriger les classes,
Au doux ramage des oiseaux
Qu'il peignit avec tant de grâces,
Entre le cèdre et l'églantier,
Buffon, couché sur la verdure,
Ecrivit son ouvrage entier
Sur les genoux de la Nature.

Le premier de ces couplets, à l'exception de l'ame pure, qui n'est peut-être là que pour la rime, est bien fait, sur un air bien choisi, et dit bien ce qu'il doit dire le second, quoique bien plus applaudi, présente plus de négligences. Buffon, couché sur la verdure, écrivant sur les genoux de la Nature, présente d'abord une image qu'on est tenté de croire agréable, mais qui a l'oeil sévère du goût rapetisse l'objet qu'on voulait peindre, ce qui est une faute en Poésie : la Nature pour le Naturaliste qui la voit en grand, cesse d'être une beauté mortelle, ou une Diyinité sous la forme humaine, et sur les genoux de laquelle on puisse écrire ; couché sur la verdure : c'est ce premier vers qui surtout détruit le coloris du dernier, et tous ceux qui auront étudier [sic] l'art d'écrire, sentiront pourquoi : d'ailleurs on sait que Buffon composa son Histoire-Naturelle à Montbar, et qu'il n'aimait point a écrire sur la verdure, mais dans son cabinet. Cependant on doit savoir gré au public de ce mouvement naturel de justice qui le porte à chérir le souvenir des Grands-Hommes, et à partager l'enthousiasme de l'auteur qui rend hommage à leur mémoire. C'est un motif puissant d'émulation pour les amis encore vivans des Lettres, des Arts et de la gloire. Alors l'applaudissement est plutôt de sentiment que de réflexion, et la critique aurait tort de le blâmer.

L'ouvrage est des auteurs connus de la Journée de Ferney, et du C. Defougerais.

L. C.

Voltaire, ou une journée de Ferney, est l’œuvre de Piis, Barré, Radet et Desfontaines (d'après la base patrimoine de la BNF).

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 5e année, 1799, tome II, p. 237-239 :

[La pièce repose sur la présence à Paris de deux éléphants au Jardin des Plantes, et elle utilise les personnages de la commedia dell’arte. Le résumé de l’intrigue est sans surprise. Le critique rend une sentence équilibrée : « foiblesse du plan », mais « détails très-gais et spirituels ». Les couplets ont été redemandés (le compte rendu en cite trois exemples). Le compte rendu s’achève sur la liste (abondante) des auteurs (sans commentaire) et sur celle des acteurs (qui ont très bien joué).]

THÉATRE DU VAUDEVILLE.

Le Concert aux Eléphans, joué le 16 messidor, an 7.

Arlequin, marchand de chansons, et Gilles, marchand de tisanne, aiment, comme de coutume, Zéphyrine, fille de M. Cassandre, herboriste. Cassandre ne demandoit pas mieux que d'unir sa fille avec Arlequin, mais celui-ci ne trouve plus le débit de ses chansons, et M. Cassandre change avec la fortune. Ce qui cause le malheur d'Arlequin, ce sont les deux éléphans qui viennent d'arriver à Paris, et que tout le monde va voir. Gilles, qui vend de la tisanne an jardin des Plantes, rafraîchit tous les curieux, et s'enrichit. Le Cornac, qui voit le sujet de la tristesse d'Arlequin, lui donne l'idée de faire une chanson sur les éléphans. Arlequin, dont l'état est non-seulement de vendre et de chanter des vaudevilles, mais aussi d'en faire, adopte cette idée, et y réussit ; tous les curieux achètent sa chanson : il fait fortune à son tour, et épouse Zéphyrine. On doit donner, le soir même, un Concert aux Eléphans ; la chanson d'Arlequin y trouve place, et Gilles, qui s'est grisé avec le vin des éléphans, est bafoué. Les éléphans même, dont Gilles avoit rempli les bouteilles avec de la tisanne, la lui jettent au nez. Telle est l'intrigue de cette bluette ; la foiblesse du plan est compensée par des détails très-gais et spirituels. Plusieurs couplets ont été vivement applaudis et redemandés, entr'autres celui-ci:

Air : Femmes, voulez-vous éprouver, etc.

Vous qui cherchez à retrouver
De Buffon les traces savantes,
Son livre en main, venez rêver
Au milieu du Jardin des Plantes.
Il n'est pas un de ses bosquets,
Qui ne rappelle à l'ame pure
Le souvenir et les bienfaits
De l'écrivain de la nature.

Voici deux couplets du vaudeville final, qui ont été aussi redemandés :

Air : Ah, voilà la vie, etc.

Maint homme à sacoches
Au Perron se rend ;
Mais, garec à vos poches :
Car, tout en courant,
Cet homme a sa trompe
Qui pompe, (bis)
Cet homme a sa trompe
Qui pompe votre argent.

Si le Vaudeville
N'a pour instrument
Qu'un pipeau fragile,
Traitez doucement
Sa petite trompe
Qui pompe, (bis)
Sa petite trompe
Qui pompe votre argent.

La pièce est des CC. Piis, Barré, Radet, Desfontaines et Desfougeraies. Elle a été très-bien jouée par les CC. Laporte, Carpentier, Chapelle et Rozières, et par la C.e Fleury,

La base César, qui ne connaît pas les auteurs de la pièce, donne une liste fournie de représentations : 21 représentations, du 4 juillet au 5 octobre 1799.

Ajouter un commentaire

Anti-spam