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Le Congé, ou la Veille des noces

Le Congé, ou la Veille des noces ; comédie-vaudeville en un acte, de Justin [Gensoul] et Rougemont, 15 mars 1810.

Théâtre du Vaudeville.

Titre :

Congé (le), ou la Veille des noces

Genre

comédie-vaudeville

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

15 mars 1810

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Justin [Gensoul] et Rougemont

Almanach des Muses 1811.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez M.me Masson, 1810 :

Le Congé, ou la veille des noces, comédie-vaudeville, en un acte et en prose, Par MM. de Rougemont et Justin, Représentée pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre du Vaudeville, le 15 Mars 1810.

Mémorial dramatique, ou almanach théâtral pour l'an 1811, cinquième année (1811), p. 137-140 :

[Une intrigue assez compliquée, mais assez convenue : deux jeunes gens se sont incrustés chez la vieille tante d’une belle qui doit épouser un « campagnard ridicule », naturellement jaloux des deux visiteurs, et qui tente de les faire partir en jouant de leur rivalité. Après maints épisodes, un des deux épouse la nièce. Un reproche : il fallait faire trois actes au lieu d’un, il y avait assez de matière (ce conseil n'est pas si fréquent : le plus souvent les pièces sont jugées pleines de longueurs).]

Le Congé, ou la Veille des Noces, comédie-vaudeville en un acte de MM. Rougemont et Justin. (15 mars.)

Melcour et Rosambert. jeunes gens fort aimables qui voyageaient de compagnie, ayant brisé leur voiture près d'un vieux château, y ont obtenu facilement un asyle. Mlle. de Saint-Germain en est la propriétaire ; ses attraits un peu surannés n'auraient pas empêché que la voiture de ces messieurs ne fût bientôt racommodée ; mais Lucile, sa nièce, est si jolie, qu'elle a tourné la tête à nos deux voyageurs. Ils se sont bien gardés cependant de lui en rien dire ; car elle est promise à M. Desbruyères, campagnard ridicule qui s'est acquis le plus grand ascendant sur Mlle. de Saint-Germain. Ainsi le tems s'est écoulé ; il y a un mois que nos voyageurs sont au château, et nous voici à la veille des noces.

C'était le moment que M. Desbruyères attendait pour faire congédier Melcour et Rosembert dont il avait conçu quelque ombrage. Mlle. de Saint-Germain refuse d'abord de s'y prêter ; elle trouve la société des voyageurs fort agréable ; l'un des deux fait son portrait, l'autre lui chante des romances : pourquoi renvoyer deux hôtes si galans ? Cependant M. Desbruyères insiste ; il menace de rompre si on le refuse, et Mlle. de Saint-Germain lui permet d'employer tous les moyens honnêtes qu'il pourra imaginer pour mettre Melcourt et Rosembert à la porte. Le campagnard en avait déjà trouvé un fort simple. Il s'adresse d'abord à Rosembert, et lui fait entendre que les frères de Mlle.de SaintGermain arrive [sic] et qu'il faut que Melcour lui cède son appartement ; Rosembert, qui ne demande pas mieux que de rester seul au château, trouve la chose toute simple et se charge de congédier son ami. Desbruyères employe la même ruse auprès de Melcour, à cela près qu'il annonce la sœur de Mlle. de Saint-Germain au lieu de son frère, et Melcour se charge de congédier Rosambert. La scène qui suit entre les deux amis est assez plaisante. L'imbroglio dure quelque tems ; mais enfin ils s'appercoivent qu'ils sont joués tous deux par Desbruyères, et ils se promettent bien de ne pas partir. Dès la première scène, les deux amis s'étaient avoués qu'ils étaient rivaux ; et il était résulté de cet aveu une convention, en vertu de laquelle il était permis à chacun d'employer tous ses moyens pour avancer ses affaires et nuire à celles de son rival. Rosambert en profite dans cette circonstance ; il feint de s'apercevoir que Melcour change de visage ; il lui dit qu'il va se trouver mal, l'oblige de s'assoir ; et bientôt Melcour, devinant son intention, consent à passer pour très-malade. Il ne peut donc plus partir ; mais Desbruyèves prétend que Rosembert parte. Rosambert déclare alors qu'il est médecin, qu'il ne peut abandonner son ami; et pour entrer en exercice, il ordonne à Melcour la diète, la solitude, le repos, et l'enferme dans sa chambre.

La guerre ouverte des deux amis, obligés en même tems de se réunir contre Desbruyéres, les ruses de celui-ci, l'ingénuité de Lucile qui aime Melcour, les ridicules de la tante qui croit que Melcour l'adore, amènent des scènes fort plaisantes.

A peine Rosembert est-il resté maître du champ de bataille, que Lucile arrive. Rosembert se met à ses genoux ; mais il est surpris par Mlle. de Saint-Germain. Un moment après, Melcour, toujours enfermé, entend la voix de la respectable demoiselle ; il la prend pour celle de Lucile et fait sa déclaration à son tour. Mlle. de Saint-Germain ne se doute pas de la méprise et va bien vîte trouver le notaire qui doit dresser le contrat de Lucile avec Desbruyères, pour lui ordonner de dresser aussi le sien avec Melcour. Après cela viennent d'autres méprises. Rosembert découvre à Desbruyères son amour pour Lucile, parce qu'il l'en croit instruit par Mlle. de Saint-Germain. Desbruyères, persuadé que Mlle.de Saint-Germain va épouser Melcourt, renonce à la main de Lucile qui n'a d'autre fortune que celle dont sa tante voudra bien la faire hériter. Il s'attire par-là le congé définitif qu'a déjà reçu Rosembert ; et Rosembert, pour que Melcour soit congédié de même, déclare que son ami convoitait depuis long-tems la fortune de Mlle. de Saint-Germain, et que le désir de se l'approprier avait été le seul motif de son voyage. Les trois prétendans se trouvent ainsi au même point ; mais il faut ouvrir la porte au prisonnier, et le moment des explications arrive.

Melcour n'a pas de peine à se justifier d'une accusation que son ami rétracte de lui-même ; et l'ingénue Lucile, en déclarant son amour pour lui, décide aisément le choix de sa tante, qui avait cessé de protéger Desbruyères.

Ce vaudeville, qui pouvait fournir trois actes au lieu d'un, est rempli d'esprit, de scènes bien filées ; et le succès le plus brillant a couronné l'espoir des auteurs.

L'Esprit des journaux français et étrangers, année 1810, tome IV (avril 1810), p. 289-294 :

[Un compte rendu qui reprend largement celui du Mémorial dramatique, mais se montre à la fois plus précis et plus sévère à la fin... Au lieu du « succès le plus brillant », des sifflets au dénouement, dus à « tant d'invraisemblances accumulées, tant de scènes indiquées et abandonnées ». Les auteurs ont été nommés, mais leur pièce aurait eu besoin d’être bien plus travaillée, et sa place n’était apparemment pas au Vaudeville, qui exige des couplets nombreux et piquants, ce qui n’est pas le cas ici. Les auteurs se consoleront de cet échec relatif en se disant « qu'ils n'ont manqué leur tableau que pour en avoir mal choisi le cadre ».]

Le Congé ou la Veille des Noces, comédie-vaudeville en un acte de MM. Rougemont et Justin.

Melcour et Rosambert, jeunes gens fort aimables qui voyageaient de compagnie, ayant brisé leur voiture près d'un vieux château, y ont obtenu facilement un asyle. Mlle. de Saint Germain en est la propriétaire ; ses attraits un peu surannés n'auraient pas empêché que la voiture de ces messieurs ne fût bientôt raccommodée. Mais Lucile, sa nièce, est si jolie qu'elle a tourné la tête à nos deux voyageurs. Ils se sont bien gardés cependant de lui en rien dire ; car elle est promise à M. Desbruyères, campagnard ridicule qui s'est acquis le plus grand ascendant sur Mlle. de Saint-Germain. Ainsi le temps s'est écoulé ; il y a un mois que nos voyageurs sont au château, et nous voici à la veille des noces.

C'était le moment que M. Desbruyères attendait pour faire congédier Melcour et Rosambert dont il avait conçu quelque ombrage. Mlle. de Saint Germain refuse d'abord de s'y prêter ; elle trouve la société des voyageurs fort agréable ; l'un des deux fait son portrait, l'autre lui chante des romances : pourquoi renvoyer deux hôtes si galans ? Cependant M. Desbruyères insiste ; il menace de rompre si on le refuse, et Mlle. de Saint-Germain lui permet d'employer tous les moyens honnêtes qu'il pourra imaginer pour mettre Melcour et Rosambert à la porte. Le campagnard en avait déjà trouvé un fort simple. Il s'adresse d'abord à Rosambert et lui fait entendre que le frère de Mlle. de Saint-Germain arrive et qu'il faut que Melcour lui cède son appartement ; Rosambert, qui ne demande pas mieux que de rester seul au château, trouve la chose toute simple et se charge de congédier son ami. Desbruyères emploie la même ruse auprès de Melcour, à cela près qu'il annonce la sœur de Mlle. de Saint-Germain au lieu de son frère, et Melcour se charge de congédier Rosambert. La scène qui suit entre les deux amis est assez plaisante. L'imbroglio dure quelque temps ; mais enfin ils s'apperçoivent qu'ils sont joués tous deux par Desbruyères, et ils se promettent bien de ne pas partir. L'un veut briser de nouveau l'essieu de la voiture en feignant de la visiter ; l'autre veut retenir tous les chevaux et enivrer tous les postillons du voisinage ; par malheur M. Desbruyères a pourvu à tout. Il a visité lui-même la voiture, et il s'est procuré des chevaux de poste et un postillon bien à jeun ; enfin, pour éviter tout embarras et tout retard aux deux voyageurs, il envoie les domestiques du château prendre leurs malles.

Nous voici au moment décisif ; mais avant d'aller plus loin, il est bon de dire que, dès la première scène, les deux amis s'étaient avoués qu'ils étaient rivaux; et il était résulté de cet aveu une convention, en vertu de laquelle il était permis à chacun d'employer tous ses moyens pour avancer ses affaires et nuire à celles de son rival. Rosambert en profite dans cette circonstance ; il feint de s'appercevoir que Melcour change de visage ; il lui dit qu'il va se trouver mal, l'oblige de s'asseoir ; et bientôt Melcour, devinant son intention, consent à passer pour très-malade. Il ne peut donc plus partir ; mais Desbruyères prétend que Rosambert parte. Rosambert déclare alors qu'il est médecin, qu'il ne peut abandonner son ami ; et pour entrer en exercice, il ordonne à Melcour la diète, la solitude, le repos, et l'enferme.à double tour dans sa chambre.

Voilà sans doute une intrigue bien nouée ; la guerre ouverte des deux amis, obligés en même-temps de se réunir contre Desbruyères, les ruses de celui-ci, l'ingénuité de Lucile qui aime Melcour, les ridicules de la tante qui croit que Melcour l'adore : il y avait là de quoi remplir trois actes. Pourquoi les auteurs n'en ont-ils fait qu'un ? Pourquoi sur-tout en ont-ils employé la moitié à leur exposition qui pouvait se faire en deux scènes ? C'est ce que nous ne dirons pas. Ce qu'il y a de sûr, c'est qu'il fallait entasser les événemens pour sortir d'affaire dans un demi-acte. Aussi à peine Rosambert est-il resté maître du champ de bataille, que les auteurs lui envoient Lucile à qui il fait sa déclaration. Il se met à genoux, selon l'usage, et selon l'usage aussi, il est surpris par Mlle, de Saint-Germain.

Un moment après, Melcour, toujours enfermé, entend la voix de la respectable demoiselle ; il la prend pour celle de Lucile et fait sa déclaration à son tour. Mlle, de Saint-Germain ne se doute pas de la méprise et va bien vite trouver le notaire qui doit dresser le contrat de Lucile avec Desbruyères, pour lui ordonner de dresser aussi le sien avec Melcour. Après cela viennent d'autres méprises. Rosambert découvre à Desbruyères son amour pour Lucile, parce qu'il l'en croit instruit par Mlle, de Saint-Germain. Desbruyères, persuadé que Mlle. de Saint-Germain va épouser Melcour, renonce à la main de Lucile qui n'a d'autre fortune que celle dont sa tante voudra bien la faire hériter. Il s'attire par-là le congé définitif qu'a déjà reçu Rosambert ; et Rosambert, pour que Melcour soit congédié de même, déclare que son ami convoitait depuis long temps la fortune de Mlle. de Saint-Germain, et que le désir de se l'approprier avait été le seul motif de son voyage. Les trois prétendans se trouvent ainsi au même point ; mais enfin il faut bien ouvrir la porte au prisonnier et le moment des explications arrive. On en devine aisément le résultat. Melcour n'a pas de peine à se justifier d'une accusation que son ami rétracte de lui-même ; et l'ingénue Lucile, en déclarant son amour pour lui, décide aisément le choix de sa tante, qui avait cessé de protéger Desbruyères, du moment où elle avait reconnu qu'il ne voulait pas épouser sa nièce sans dot.

Tant d'invraisemblances accumulées, tant de scènes indiquées et abandonnées, ont fini par indisposer le public qui avait d'abord écouté cet ouvrage avec bienveillance, et quelques sifflets en ont troublé le dénouement. Les auteurs ont pourtant été nommés sans beaucoup de contradiction ; sans doute parce qu'on leur a su gré d'avoir conçu l'idée et presque le plan d'une comédie. Il est fâcheux que la précipitation avec laquelle on travaille aujourd'hui pour les petits théâtres, ait nui à l'exécution. Ce n'était point au Vaudeville que ce sujet devait être traité ; il demandait une forte intrigue et promettait peu de couplets ; or, chacun sait que les couplets sont l'essentiel au Vaudeville. Ceux de la pièce nouvelle n'ont rien de bien original ni de bien piquant. Il y en a sur les roses et le zéphir, sur les maris qui ont bientôt du mariage par-dessus la tête ; et tout cela n'a pas produit un bien grand effet. On peut donc raisonnablement prévoir que la pièce ne restera point au répertoire ; mais peut-être les auteurs auront-ils lieu de s'en consoler en pensant qu'ils n'ont manqué leur tableau que pour en avoir mal choisi le cadre.                      G.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 15e année, 1810, tome II, p. 163-164 :

[Après le résumé d’une intrigue peu surprenante, un jugement peu enthousiaste : « cette petite pièce est un peu froide ; elle a réussi par des détails spirituels ».]

Le Congé, ou la Veille des Noces, vaudeville en un acte, joué le 15 mars 1810.

Deux jeunes gens, Rosamberg. et Melcourt, sont tous deux amis et amoureux de Lucille, nièce d'une Mademoiselle de Saint-Germain qui les a reçus dans
son château sans les connoître. La vieille Demoiselle veut marier sa nièce à M. Desbruyères, provincial peu brillant, mais qui a assez de bon sens pour deviner les projets des deux étourdis. Il engage la tante à les congédier, et en obtient même une autorisation, quoique Mademoiselle de Saint-Germain se croye aimée de Melcourt. Malgré tout ce qu'ils ont pu dire ou faire, nos jeunes gens vont partir, mais Rosamberg suppose que Melcourt est malade et hors d'état de se mettre en route. Il se donne comme médecin, jure de ne pas abandonner son ami : les voilà de nouveau installés. Ici il s'établit une petite guerre entre les rivaux ; chacun d'eux veut rester maître du champ de bataille. Rosamberg parvient à enfermer Melcourt qui fait, au travers d'une porte, une déclaration à la tante, croyant parler à la nièce. Rosamberg croit triompher, au moment où Desbruyères renonce à Lucille, parce que le mariage projeté de la tante avec Melcourt contrarie ses intérêts : mais Melcourt est aimé de Lucille, il l'épouse, et c'est Desbruyères qui reçoit le congé qu'il croyoit donner.

Cette petite pièce est un peu froide ; elle a réussi par des détails spirituels. Les auteurs sont MM. Justin et Rougemont.

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