Le Conspirateur confondu, ou la Patrie sauvée, pièce nationale en 3 actes et en prose de Jean Mittié, 26 février 1791.
Variétés lyriques et comiques, faubourg Saint-Germain
Almanach des Muses 1792 :
Le Conspirateur confondu, ou la Patrie sauvée, pièce nationale en 3 actes et en prose. Variétés lyriques et comiques, faubourg Saint-Germain, 26 février 1791. Paris, Garnery, in-8°.
A défaut de donner le nom de l'auteur, l'Almanach des Muses fournit une date de représentation qui ne correspond pas à celle que donne la base César. Mais le programme des théâtres de ce 26 février dans la Gazette nationale ou le Moniteur universel ne confirme pas cette date, et la date du 10 juillet n'est pas confirmée non plus. C'est le 2 mars que le tout nouveau Mercure universel fait le compte rendu de la première représentation qui « vient d'être jouée avec un grand succès ».
La date du 10 juillet pourrait bien être celle d'une reprise de la pièce créée à la fin de février, et dont le Mercure universel rend compte le 12 juillet (voir ci-dessous).
Sur la page de titre de la brochure, à Lille, chez Deperne, 1793 :
Le Conspirateur confondu, ou la Patrie sauvée, Pièce nationale en trois actes & en prose. Par M. Mittié fils, de la Société des amis de la Constitution de Paris.
Ab uno disce omnes. Virg.
Dans la Bibliothèque dramatique de M. de Soleinne, tome 2, p. 358, c'est au milieu des pièces publiées à Lille qu'il faut chercher la pièce de Mittié.
Mercure universel, tome 1, n° 2, du mercredi 2 mars 1791, p. 31 :
[La pièce a d'abord paru en brochure, avant de paraître sur la scène du tout nouveau théâtre des Variétés comiques et lyriques. Elle raconte l'histoire d'un prince fuyant la révolution, et formant une armée cachée dans la forêt. Il entre dans la ville où ests a famille et tente de convaincre son fils, qui appartient à la garde nationale de rejoindre la contre-révolution. Il échoue, et sa tentative d'attaquer les révolutionnaires tourne à sa confusion : il lutte avec des mercenaires contre des patriotes. Il tombe aux mains des patriotes, et alors qu'il s'attend à être exécuté, il est gracié, devenant le symbole de « la magnanimité de la nation ». Il se dévoue alors à la cause de la révolution. Il en vient à prêter le serment civique. La pièce n'est pas sans défauts, mais elle a aussi des qualités, « du mouvement, de la verve, du pathétique ». En particulier,l'acte deux contient « une situation vraiment théâtrale », le moment où le fils de prince se voit accusé d'être un traître en tant que fils d'un ci-devant. Elle est profitable pour tous, patriotes comme partisans de l'aristocratie : elle est source d'instruction pour tous. L'interprétation de la pièce repose sur M. Rivière, qui joue le rôle du conspirateur. Ce qu'il dit dans la pièce est « d'une force et d'une hardiesse » plus fortes que tout ce qu'on a vu sur le théâtre.]
Le Conspirateur confondu, ou la Patrie sauvée, pièce nationale en trois actes et en prose, par M. Mittié fils, de la société des amis de la constitution, avec cette épigraphe, ab uno disce omnis. A Paris , chez Garnery, rue Serpente , no. 17.
Cette pièce imprimée depuis quelques mois, vient d’être jouée avec un grand succès au théâtre des Variétés comiques et lyriques, nouvellement établi à la foire Saint Germain.
L’auteur de cette pièce en a choisi pour héros un ci-devant prince, fugitif depuis la révolution, errant de ville en ville, et formant sans cesse de nouveaux projets de contre-révolution. A la tête d’une armée qu’il tient cachée dans un bois voisin de la ville qui renferme sa femme, son fils, et ce qu'il possède de plus précieux ; il s'introduit dans sa maison sous de vils haillons ; prières, persuasion, menaces, il emploie tout pour entraîner dans son parti son fils, qui est commandant de la garde nationale ; mais il n’obtient que refus et indignation. Furieux de ne point réussir par l'adresse, il emploie la force, attaque à main armée. . . . . mais il n’a que des soldats stipendiés, et il combat des hommes libres ; il doit être vaincu, il l'est. Etonné du courage des patriotes, il n'attend que la mort pour prix de ses forfaits ; mais le peuple content de lui avoir ôté les moyens de l'asservir, consent à lui laisser la vie pour admirer la magnanimité de la nation. . . . Confondu d’un tel excès de vertu, il admire celle du peuple, confesse ses crimes, en demande pardon au ciel, au peuple.... reconnoît sa souveraineté, dévoue à la mort tous ses imitateurs, et leur prédit qu’un jour, mais trop tard peut-être, ils sentiront que tout doit plier devant la majesté de ce même peuple. Il de mande à prêter le serment ; il le fait avec l’enthousiasme de la vertu.
Quoique cette pièce ne soit pas sans défaut, on y trouve du mouvement, de la verve, du pathétique. Le second acte renferme une situation vraiment théâtrale, celle où un chef de conjurés est parvenu à rendre suspect aux citoyens le fils du ci-devant prince, en lui reprochant à la tête de sa compagnie, de tramer contre la liberté publique, puisque son père est le chef de la conjuration.
En général, les patriotes et ce qu’on désigne sous le nom d'aristocrates, feront également leur profit de la représentation de cette pièce. L’intention louable de l'auteur, et son extrême jeunesse désarment notre sévérité pour relever les taches qui dépareroient cet ouvrage, si l’instruction du peuple n’en étoit la base essentielle.
Le rôle du conspirateur est parfaitement rendu par M. Rivière. Cet acteur y développe un talent précieux, et s'est associé, pour ainsi dire, à la gloire de l'auteur, en disant sur la scène des choses d’une force et d’une hardiesse qui surpasse tout ce qu’on avoit présenté au théâtre sous le rapport de la révolution.
Mercure universel, tome 5, n° 134, du mardi 12 juillet 1791, p. 192 :
[À l'occasion d'une reprise de la pièce, un court compte rendu qui insiste sur le manque de pompe de la représentation d'une pièce reprise après quelques mois sur un nouveau théâtre. Comme la pièce esr patriotique, « elle a été applaudie avec enthousiasme ». Pas de nom d'auteur : on sait seulement qu'il est jeune... On note seulement le changement de titre : du singulier au pluriel.]
Theatre lyrique.
On se rappelle peut-être que dans le mois de mars nous avons parlé d'une pièce toute patriotique jouée avec grand succès sous le titre des Conspirateurs confondus, ou la Patrie sauvée, en trois actes et en prose. On vient de la remettre à un autre théâtre. Les rôles en sont mieux distribués. Un ci-devant qui après avoir poussé l’aristocratie jusqu’au délire. est forcé d’avouer que tout doit plier devant la majesté du peuple, est sans doute fort utile à présenter dans ces circonstances : aussi la pièce a-t-elle été applaudie avec enthousiasme. Comme elle exige un spectacle pompeux, nous invitons M. le directeur à perfectionner l’exécution de toutes les parties, pour former un ensemble digne du public. Néanmoins il a paru très-satisfait et a demandé 1'auteur. C'est un jeune homme.
Paul Eugène Jauffret, le Théâtre Révolutionnaire (1788-1799), Paris, 1869, p. 238 :
[Paul-Eugène Jauffret résume la pièce de Mittié. On sent bien que Jauffret n’est pas un chaud partisan de la Révolution.]
Nous retrouvons également une situation sur laquelle on avait déjà bâti bien des pièces, et que Mittié fils, de la société des Amis de la Constitution de Paris, traita de nouveau en trois actes et en prose, sous ce titre : le Conspirateur confondu ou la Patrie sauvée. C'était encore une banalité ; mais, quand on était un des amis de la Constitution, c'était un moyen de prouver la vigueur de ses sentiments.
Le jeune prince de....., ayant embrassé les principes de la Révolution, est devenu commandant de la garde nationale. Son père, au contraire, est allé à Coblentz. Mais il rentre, conspire, et, sous les habits d'un mendiant, se présente à sa femme et à son fils, qu'il s'efforce en vain d'entraîner dans son parti. Le jeune prince prend ses mesures pour déjouer la conspiration, dont son père lui a livré le secret. Les conjurés, de leur côté, se rassemblent. Leur chef étale des sentiments patriotiques et parvient à jeter des doutes sur ceux du jeune prince, qui, sans l'intervention de son domestique, aurait péri sous les coups des conspirateurs. L'un et l'autre se réfugient dans une maison voisine. Les conjurés y mettent le feu. Les fugitifs parviennent à gagner un couvent de moines; mais les moines sont du complot, à l'exception d'un seul, qui, s'étant rendu maître de leur secret, vient d'introduire dans le couvent une compagnie de gardes nationaux. Il va sans dire qu'on livre bataille; que le jeune prince y fait des prodiges, que les conjurés sont battus, et que la patrie est sauvée.
Dans la base César, on trouve le nom de l'auteur, Jean Corisandre Mittié le fils, et la date d'une unique représentation, le 10 juillet 1791, qui ne correspond pas à celle que propose l'Almanach des Muses.
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