Le Cordonnier Allemand, en un acte. 1er Fructidor an 6 (18 août 1798).
Théâtre du Vaudeville
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Titre :
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Cordonnier allemand (le)
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Genre
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comédie
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Nombre d'actes :
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1
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Vers / prose ?
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en prose, avec des couplets en vers
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Musique :
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vaudevilles
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Date de création :
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1er fructidor an 6 (18 août 1798)
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Théâtre :
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Théâtre du Vaudeville
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Auteur(s) des paroles :
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Almanach des Muses 1799.
Même fonds que celui des Souliers mordorés, joués autrefois avec succès au Théâtre Italien.
Quelquefois de la bonne plaisanterie ; mais trop de jeux de mots, de calembourgs.
Les auteurs qui travaillent pour ce joli théâtre ne sauraient trop se méfier d'un genre qui est absolument opposé au bon goût. Pannard, Collé, Favart ont fait des chansons et des vaudevilles, mais ils ne les ont pas hérissés de ces pointes qu'aiguisent si mal-à-propos quelques-uns de nos chansonniers du jour.
Courrier des spectacle, n° 544 du 2 fructidor an 6 (19 août 1798), p. 2 :
Théâtre du Vaudeville.
Le vaudeville donné hier pour la première fois à ce théâtre, sous le titre du Cordonnier Allemand, n’a eu qu’un demi succès ; l’auteur n’a pas été demandé.
Cette pièce est une imitation des Souliers Mordorés, opéra en trois actes, de Sedaine, donné au théâtre Italien en 1774. La seule scène piquante est celle où le Cordonnier essaie derrière un rideau une paire de souliers mordorés à sa propre femme, en s’imaginant bien qu’il en chausse une autre. Les autres scènes sont longues, languissantes et monotones.
Plusieurs saillies et quelques couplets assez plaisans ont été applaudis. En voici un que l’on a fait répéter.
Le Cordonnier.
Air : Ah ! que je sens d'impatience.
Il faut que soumise au caprice,
La forme du pied tour-à-tour,
Ou s’allonge ou se raccourcisse
Au gré de la mode du jour.
La petite maîtresse,
Dans un soulier qui blesse,
Veut qu’un grand pied paroisse
Un pied mignon.
Dans l’autre excès aussi l’on donne ;
Au petit maître du bon ton,
Il faut, nous dit-on,
Faire sans talon
Un soulier bien long,
Et sur-tout avec
Un bout fait en bec,
Qui rende le pied
Plus grand de moitié, ( trois fois )
Ainsi la forme étant toujours contrariée,
Personne n’a chaussure à son pied.
Gazette nationale, ou le moniteur universel, n° 335 (Quintidi, 5 fructidor, an 6), p. 1343 :
[Après avoir constaté l'échec de la représentation de Jacques le Fataliste, l'auteur revient à ce qu'il souhaitait évoquer:]
Nous nous appercevons un peu tard que notre intention était moins de parler d'une pièce déja oubliée que de rendre compte du vaudeville donné hier, sous le titre du Cordonnier allemand.
Le sujet n'est point neuf ; c'est celui de l'ouvrage de Sédaine, intitulé les Souliers mordorés donné d'abord au théâtre italien (Fridzieri en avait fait la musique), remis depuis au théâtre Feydeau avec une musique nouvelle, dont l'auteur le citoyen Plantade reçut des éloges mérités.
On sait que le sujet de cette bagatelle est le tour joué par un officier allemand, qui, ayant une passion pour les jolis pieds, fait une collection des souliers dérobés à ses maîtresses, et qui, tenant cachée chez lui la femme de son bottier, fait essayer à celle-ci par son mari lui-même une paire de souliers mordorés.
Ce trait n'offrait qu'une scene, celle que nous venons d'indiquer. Aussi toutes celle qui, dans la pièce nouvelle, sont employées à l'amener, sont-elles froides, insignifiantes, sans liaison entre elles, et presque sans motif.
Le desir de trouver une pointe, une saillie, un calembourg est reconnu à chaque couplet, jusqu'à chaque mot ; et ce soin particulier, cette recherche d'esprit agréable un moment et bientôt fastidieuse, ne sont jamais pris par le public pour de l'esprit véritable. Ce n'est pas qu'il n'y ait dans le Cordonnier allemand quelques couplets tournés d'une manière très-épigrammatique ; aussi ont-ils été vivement accomplis ; mais la plus part sont excessivement mal écrits, et faits d'une manière forcée. Il en est un que nous ne pouvons passer sous silence.
On concevra quel degré de confiance un auteur doit avoir dans l'indulgence du public, et quel goût il suppose aux spectateurs, quand, dans un couplet servant d'annonce, il ose dire que sa pièce, les Souliers mordorés, étant d'une étoffe qui n'a que le souffle, deviendra, si elle est traitée, sans quartier, une pantoufle........
Il le faut avouer, ce couplet vraiment curieux, et que nous croyons à peine avoir entendu, a surpris quelques éclats de rire ; mais l'erreur n'a pas été longue ; par malheur pour le couplet on l'a fait répéter, et personne n'a plus osé rire. la pièce peut, en général, avoir souffert de cette méprise ; car plus d'un spectateur s'en est vengé en résistant dès lors aux efforts faits par l'auteur pour rendre un instant de gaieté.
L'auteur n'a pas été demandé.
Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 4e année, 1798, tome III, p. 137 :
[Le compte rendu insiste sur l’absence d’originalité de la pièce, qui reprend le sujet d’un opéra comique de 1776 joué au Théâtre Feydeau en 1793 (voir dans la base César). Reprise sans grande modification de l’intrigue, changements dans le dialogue, simple ajout de couplets. Mais ces ajouts ne sont pas opportuns, l’auteur étant accusé d’abuser des calembours. Point positif, tout de même : l’interprétation.]
Le sujet du Cordonnier allemand, donné il y a quelques jours sur le théâtre du Vaudeville, est le même que celui du joli opéra des Souliers mordorés. L'auteur s'est contenté de changer le dialogue, et d'ajouter des vaudevilles ; il a fort peu touché au nœud de l'intrigue. Quelques-uns des couplets renferment d'assez bonnes plaisanteries, mais aussi beaucoup trop de calembourgs sur les mots de sans quartiers, la forme, le fond, etc. Cette pièce a été très-bien jouée. L'auteur n'a pas été demandé.
Dans la base César : auteur inconnu, 31 représentations, du 18 août 1798 au 29 septembre 1799, toutes au Théâtre du Vaudeville.
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