Le Cri de la nature, ou le Fils repentant, comédie en deux actes & en vers , mêlée d'ariettes, de C. L. Tissot, musique de Navogille, 10 brumaire an 2 [31 octobre 1793].
Théâtre du Palais-Variétés.
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Titre :
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Le Cri de la nature, ou le Fils repentant
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Genre
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comédie mêlée d’ariettes
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Nombre d'actes :
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2
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Vers / prose
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en vers
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Musique :
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ariettes
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Date de création :
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10 brumaire an 2 [31 octobre 1793]
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Théâtre :
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Théâtre du Palais Variétés
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Auteur(s) des paroles :
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C. L. Tissot
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Compositeur(s) :
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Navogille
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Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez la Citoyenne Toubon, an 3 :
Le Cri de la nature, ou le Fils repentant, comédie en deux actes et en vers, mêlée d’ariettes, Représentée pour la première fois, sur le Théâtre de la Cité Variétés, le décadi brumaire, l’an deuxième de la République Française. Par Charles-Louis Tissot, Citoyen de Dôle, Département du Jura, Musique du Citoyen Navogille.
Pater semper est pater.
[L’indication d’un compositeur sur la brochure contredit ce que le critique affirme dans l’Esprit des journaux à propos de la manière dont la musique a été adaptée à la pièce. La date du 10 brumaire an 2 correspond au 31 octobre 1793, mais les brochures n’ont pas toujours raison.]
L’Esprit des journaux français et étrangers, 1794, volume 2 (février 1794), p. 307-309 :
[Une pièce remplie des meilleurs sentiments, ce que l’auteur du compte rendu trouve très louable. Le résumé qu’il en fait s’achève sur une sentence indiscutable : « Un pere est toujours pere ». Pour faire contraste avec l’histoire attendrissante de ce père qui pardonne à son fils repenti, la pièce raconte « les amours épisodiques du fils de la fermiere & d'une jeune villageoise, qu'un libertin, nommé Victor, neveu du seigneur du village, courtise de son côté ». La fin de la pièce punit bien sûr le libertin, mais pas assez... Curieusement, le critique indique que la pièce « ne commence qu’au second acte ». Il la compare aussi, pour le fond à Œdipe à Colone. Mais elle est mal écrite, et dénuée d’intérêt. Il audrait au moins supprimer le rôle de Victor : deux caractères odieux en même temps, c’est trop ! Le vrai mérite de la pièce, finalement, c’est dans la musique que le critique la trouve : l’auteur a utilisé « les morceaux de musique les plus agréables, ou les plus beaux qu'on trouve sur la scene françoise » et les a adaptés à son œuvre. Cette forme de parodie permettrait de ressusciter des morceaux que l’échec de la pièce où ils figurent a condamnés à l’oubli. Certes, ce serait limiter la création de musique nouvelle, et ce n’est pas sans risque pour la prosodie française, mais le critique a l’air de trouver cette tentative intéressante (il ne doit pas tenir la musique nouvelle en haute estime).]
Le Cri de la nature, ou le Fils repentant, comédie en deux actes & en vers, mêlée d'ariettes ; par M. Tissot.
Un vieillard malheureux a été chassé par son fils, la honte de la nature, auquel il a tout donné en le mariant. Une villageoise & sa famille accueillent ce pere infortuné, & ont pour lui les soins les plus tendres & les plus empressés. Ce misérable fils se repent de son crime, & un remords d'autant plus poignant qu'il a été tardif, déchire son cœur. Il veut absolument retrouver son pere & le ramener chez lui, après en avoir obtenu le pardon de son horrible faute. Un ami chez lequel il vient sachant que sa fermiere a donné asyle à un vieillard malheureux, & imaginant avec raison que cet homme peut bien être celui que son ami cherche, l'attire chez lui, & facilite une entrevue au pere & au fils. Ils se reconnoissent, & l'ingrat, le monstre, que la plus grande punition auroit dû atteindre, est pardonné. Un pere est toujours pere.
Tel est le sujet du Fils repentant, dans lequel l'auteur a enchassé les amours épisoldiques du fils de la fermiere & d'une jeune villageoise, qu'un libertin, nommé Victor, neveu du seigneur du village, courtise de son côté, de la maniere la plus immorale ; mais heureusement il est couvert de honte, par le mariage des deux jeunes villageois, & par la vive, mais insuffisante semonce que lui fait son oncle.
Cette piece qui, à proprement parler, ne commence qu'au second acte, a beaucoup de ressemblance pour le fond à Œdipe à Colone. Le style en est foible, l'intérêt presque nul. Le rôle de Victor est parfaitement inutile, & si l'auteur le supprimoit, la piece y gagneroit, parce qu'on ne verroit pas dans le même cadre les caracteres les plus odieux que puisse offrir la nature corrompue, celui d'un fils ingrat & celui d'un séducteur dévergondé.
L'auteur du Cri de la nature a pourtant le mérite, peut-être plus rare qu'on ne l'imagine, d'avoir adroitement parodié les morceaux de musique les plus agréables, ou les plus beaux qu'on trouve sur la scene françoise, & d’en faire un choix rempli de goût. Si tous les poëtes employoient les mêmes moyens pour mettre les opéras en musique, nous aurions moins de musique nouvelle, quoique nous eussions plus d'opéras nouveaux ; & si nous étions exposés à voir estropier de tems-en-tems, dans ces parodies, la prosodie françoise, nous aurions la consolation de voir produire au théatre des airs charmans que nous n'entendons plus, parce que s'étant trouvés en mauvaise compagnie, dans une piece que le public a rigoureusement traitée, leurs auteurs n'ont pas eu le courage de les tirer de la poussiere ou de la boue, dans laquelle leur mauvaise étoile les a fait ensevelir.
Le Fils repentant est joué avec ensemble, l'on y reconnoît avec plaisir MM. Raffile, Villoteau & Dubreuil.
(Journal des spectacles.)
Babault, Annales dramatiques ou dictionnaire général des théâtres, tome troisième (Paris, 1809), p. 44-45 :
Cri de la Nature (le), ou le Fils repentant, comédie en deux actes, en vers, mêlée d'ariettes, par M. Tissot, 1794.
Un père, en mariant son fils, lui a remis tous ses biens, oubliant à-la-fois la nature et la reconnaissance, ce fils ingrat chasse son père et son bienfaiteur, qui bientôt a trouvé un asyle chez d'honnêtes villageois. Cependant le remirs pénètre dans le cœur de ce fils coupable. L'existence lui sera désormais insupportable, s'il ne retrouve son père, et s'il n'en obtient son pardon. Il parvient enfin, après bien des recherches, à découvrir sa retraite. Il craint sa présence, et redoute sa malédiction ; mais un ami lui facilite une entrevue avec son père, dans laquelle le vieillard, touché des larmes, du désespoir et du repentir de son fils, s'attendrit, et lui pardonne sa faute.
Tel est le fonds de cette pièce, auquel l'auteur a lié les amours épisodiques du fils de la fermière avec une jeune villageoise, que le fils du seigneur cherche à séduire ; mais fort heureusement les deux jeunes paysans se marient, et leur mariage met fin aux projets du séducteur. Au surplus, le dialogue est facile et agréable.
La base César donne d'abord la date du 31 octobre 1793 pour la création de la pièce. Puis elle indique deux représentations, les 2 et 5 novembre 1793. Et elle ne signale pas de musique (ni de compositeur).
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