Les Chaises à porteurs

Les Chaises à porteurs, comédie en deux actes, de Bilderbeck, 22 janvier 1807.

Théâtre des Variétés étrangères.

La pièce est annoncée dans le Journal de Paris sous le titre de l'Enlèvement, ou les Chaises à porteur (et porteur au singulier !).

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Antoine-Augustin Renouard, 1807 

Les Chaises à porteurs, comédie en deux actes, imitée de l'allemand de Junger : Représentée, pour la première fois, sur le théâtre des Variétés Étrangères, le 22 janvier 1807.

Journal de Paris, n° 23 du 23 janvier 1807, p. 162 :

[La pièce, pourtant jouée sur le Théâtre des Variétés Étrangères, se voit contester son origine allemande : sujet trop gai, action et dialogue rapides, « les érudits » pensent que c'est une pièce française qui a été reprise et mise en deux actes au lieu de trois. On murmure même le titre de la pièce reprise. Ce qui est sûr, c'est qu'elle est piquante, au point de désarmer la critique. Les interprètes sont jugés favorablement, à l'exception d'un acteur jouant « un petit maître parisien », à qui le critique reproche de manquer de grâce et de légèreté.

L'Officier ravisseur, joué vers 1795 au Théâtre Louvois, n'a pas alissé de trace ailleurs que dans ce t article...]

Encore une jolie comédie au théâtre des Variétés Etrangères; c'est celle de l'Enlèvement, ou les chaises à porteur.

A la gaieté du sujet, à la rapidité de l'action & du dialogue, on jugeroit cette pièce de fabrication française ; aussi les érudits lui contestent déjà son origine supposée allemande, & prétendent que cette comédie nouvelle en deux actes & en prose, n'est autre chose qu'une certaine pièce en trois actes & en vers, qui fut jouée il y a douze ans, avec succès, au théâtre Louvois, sous le titre de l'Officier Ravisseur. Quoi qu'il en soit, c'est un ouvrage piquant, & pour lequel la critique se trouve désarmée par le rire. Les rôles principaux sont joués fort agréablement ; toutefois, l'acteur chargé de représenter un petit-maître parisien, mérite qu'on lui souhaite un peu plus de grâces & de véritable légèreté.

Courrier des spectacles, n° 3635 du 24 janvier 1807, p. 3-4 :

[Un long premier paragraphe est consacré à une question épineuse : une pièce allemande peut-elle être gaie, spirituelle, pleine de quiproquos ? Il semble que ce soit peu crédible pour le critique (comme pour son collègue du Journal de Paris. Mais il ne va pas jusqu'à donner un titre de pièce plagiée. Des titres ont circulé dans le public, mais au fond, qu'importe le lieu de naissance de la pièce, puisqu'elle a plu et a fait rire. La suite de l'article se limite à un résumé minutieux de l'intrigue, une longue succession de quiproquos finissant par le mariage attendu : le jeune négociant un peu volage qui devait épouser n'épouse pas (et qu'en est-il du dédit qui lui était promis ?), et c'est l'amant qui prend sa place. Aucun jugement ne vient conclure cette succession de hasards et de malentendus.]

Théâtre Molière, Variétés Etrangères.

Les Chaises à porteur.

Voici une pièce qui sort du genre ordinaire à ce théâtre : elle fait diversion aux drames dont se compose la majeure partie de son répertoire. Pas une situation lugubre, pas une phrase sentimentale, et cependant succès complet et brillant. C’est une comédie d’intrigue qui est pleine de gaieté, et dont toutes les scènes offrent des quiproquo et des traits d’esprit qui feroient la fortune d’une pièce française. La gravité allemande disparoît dans cette comédie. Les sentences dont fourmillent les ouvrages des poëtes de la Germanie ont fait place à des saillies qui ont déridé les fronts les plus sévères et assuré le succès de la pièce. C’est un feu continuel de mots heureux et de méprises piquantes qui n’a laissé au spectateur que le tems de rire et d’applaudir. On a cru cependant y retrouver des imitations de diverses comédies, jouées sur nos théâtres ; mais ici au moins le vol est assez bien déguisé, et pour cette fois peut-être ne réclamera-t-on pas dans les journaux; Cependant quelques personnes prétendent disputer à cette pièce ses titres allemands pour lui donner une origine française ; mais qu’elle soit née sur les bords de la Seine ou de la $prée , elle n’en mérite pas moins le succès qu’elle a obtenu.

Un négociant allemand s’est engagé, moyennant un dédit considérable, à donner en mariage Henriette, sa nièce et sa pupille, au jeune Linval. Ce dernier est à Paris, où il vole de conquête en conquête. Il reçoit de sa famille l’ordre de se rendre à Vienne pour conclure cette union ; mais en arrivant, il trouve 1a place occupée ; car le jeune Rosenthal a su plaire à Henriette, et la jeune personne doit être fiancée dans le jour même. Le danger est pressant. Les deux amans prennent leurs mesures, et conviennent de se trouver à un rendez-vous. Le dessein de Rosenthal est d’enlever Henriette, de la conduire chez sa tante et de l’épouser. A l’heure convenue, il arrive près du parc ; il y rencontre Linval, qui ne sait comment se faire indiquer la maison du tuteur. Rosenthal reconnoît son ami, l’embrasse, et lui confie le secret de l’enlèvement qu’il médite. Linval applaudit, et s’offre à être de moitié dans l’expédition. Cependant six heures sonnent ; Rosenthal ouvre la porte du parc et y pénètre : dans le même moment, Henriette arrive au rendez vous, et trouve Linval au lieu de son amant. La voix de son tuteur qui approche .la forçe de se cacher et de fuir avec Linval dans l’auberge où il est descendu. Elle demande à l’hôtesse une chaise à porteurs, pour retourner chez elle : Linval, instruit que l'on est à sa poursuite, l’entraîne ; et-pour la mettre à l'abri de toutes les recherches, il lui offre un asyle chez un négociant de ses amis. Dans l’intervalle, l’hôtesse fait venir des porteurs et une chaise. Le valet de Linval, qui les conduit, ne trouvant plus son maître, ni la jeune personne, se place dedans. Au même moment le tuteur arrive ; il croit sa pupille enfermée dans la chaise, ordonne aux porteurs de le suivre jusques chez lui. Rosenthal, qui s’étoit vu forcé de se cacher dans le parc, étoit fort inquiet de son amante : bientôt il la voit revenir avec Linval ; le négociant survient aussi avec la chaise à porteurs. La vue de Linval l’embarrasse ; il ne sait comment lui expliquer la fuite de sa pu pille ; enfin il ouvre la chaise, et à son grand étonnement, il en voit sortir le valet de Linval. Celui-ci prend la chose gaîment; les quiproquo se débrouillent, et Rosenthal et Henriette obtiennent le consentement du Tuteur à leur union.

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