Les Comédiens d'Angoulême

Les Comédiens d'Angoulême, comédie en un acte et en vers, de Charles Maurice [Descombes], 11 avril 1809.

Théâtre de l'Impératrice.

Titre :

Comédiens d’Angoulême (les)

Genre

comédie

Nombre d’actes

1

Vers / prose

en vers

Musique :

non

Date de création :

11 avril 1809

Théâtre :

Théâtre de l’Impératrice

Auteur(s) des paroles :

Charles Maurice [Descombes]

Almanach des Muses 1810.

Sujet usé, peu de gaieté, quelques représentations.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Adrien Garnier, 1809 :

Les Comédiens d'Angoulême, comédie en un acte en vers, Par Charles Maurice. Représentée pour la première fois, sur le théâtre de l'Odéon, par les comédiens ordinaires de S. M. l'Impératrice, le 10 avril 1809.

L'Esprit des journaux français et étrangers, année 1809, tome VI (juin 1809), p. 279-282 :

[Un fort long résumé de l’intrigue, intrigues, rebondissements pour arriver à un dénouement peu surprenant. Puis quelques lignes pour donner un jugement plutôt positif, malgré des réticences : « de la gaîté et de la vivacité », une « légère intrigue », des vers faciles, mais « il y en a de piquans, et même d'assez bien tournés », et cela suffit pour faire applaudir une pièce, dont l'auteur semble avoir été nommé. On comparera avec profit ce très long compte rendu avec celui, nettement plus court et plus sévère, du Magasin encyclopédique !]

Théâtre de l'Impératrice.

Les Comédiens d'Angouléme.

Le colonel d'Harcourt est attendu dans le village où il a pris naissance à quelques lieues d'Angoulême, et d'où il est parti à quinze ans comme simple soldat ; l'aubergiste, qui est aussi le bel esprit du lieu, espère bien le loger à son auberge de la Carpe-d'Or, et travaille à le fêter de son mieux : il a corrigé pour mettre à la troisième personne le veni, vidi, vici qui doit figurer sur une étoile en transparent ; il a monté une garde d'honneur de dix-sept soldats dressés par un jeune trompette amoureux de Babet. Tout est prêt ; arrivent deux personnages, l'un en officier de hussard, l'autre en habit de valet ; ce sont deux comédiens d'Angoulême. L'un des deux s'est battu le matin en duel contre un clerc de procureur, et l'a légèrement blessé ; son camarade lui a servi de témoin. Le soir, ils étaient en train de représenter le Trente, et Quarante, quand on est venu les avertir qu'on allait les arrêter ; ils se sont sauvés par un des corridors de la comédie, et dans leurs habits de comédie, à pied, sans le sou, les voilà arrivés au village, bien embarrassés de s'y procurer un gîte et à souper, et sur-tout d'échapper aux poursuites des parens du blessé, poursuites dont les effets ne pourraient être bien fâcheux, mais qui enfin leur feraient passer quelques nuits ailleurs qu'à l'auberge. Pendant qu'ils sont dans cette perplexité, l'aubergiste arrive empressé de saluer le colonel d'Harcourt. Le comédien, un peu étonné d'abord, prend son parti ; il voit qu'il s'agit de souper, et songe à profiter de l'occasion ; il se fait apporter à souper, en coupant court le plus qu'il peut aux questions de l'aubergiste qui trouve que la guerre l'a beaucoup changé. Il se divertit à forcer son ami, habillé en valet, à le servir à table, pendant que celui-ci, qui meurt de faim, aimerait beaucoup mieux s'y asseoir ; mais il faut obéir sous peine d'être découvert. On entend le tambour, on voit arriver une troupe armée ; les comédiens croient qu'on vient les arrêter, mais c'est la garde d'honneur du colonel ; à la tête est le trompette, qui complimente à sa manière le nouveau venu :

Je ne suis pas poltron, vous êtes courageux ;
Vous êtes colonel, et moi je suis trompette ;
Vous serez général, j'aspire à l'épaulette,
Et nous serons égaux tous deux en paradis.

Après cette belle pièce d'éloquence, le trompette, que le colonel a invité à boire un coup, s'assied à sa table, parce qu'il n'est pas fier, et embarrasse beaucoup le faux colonel par les questions sur les soldats et sous-officiers du régiment dont il doit reconnaître l'uniforme. Comment se porte celui-ci ? — Il est mort. — Et celui ci, et celui-là ? Ils sont presque tous morts. Enfin, le comédien colonel laisse souper le comédien valet. Pendant que celui-ci se dédommage de la contrainte où on l'a tenu, arrive un individu qui l'inquiète par son air de curiosité et d'attention.

Prenons l'air insolent, il me croira valet,

dit - il, et il commence assez bien ; mais la politesse le saisit quand l'étranger lui dit qu'il est commissaire, et commence à lui parler de certains acteurs échappés d'Angoulême, l'un en comédien et l'autre en valet. Ce commissaire est au reste très-bon homme, il consent à entrer en explication ; il aime les acteurs, et dans sa jeunesse il a pensé l'être lui-même ; mais ses parens l'ont fait entrer, au lieu de cela, à l'école de droit, et ceci a amené par hasard un si bel éloge de l'école de droit, que le parterre qui, par hasard, paraissait y prendre intérêt, l'a accueilli avec une étonnante bienveillance. Cependant le commissaire revenait toujours à ses moutons, et les comédiens d'Angoulême et la prison devenaient le refrain de ses discours d'une manière assez inquiétante, quand le comédien valet avise de loin un homme qui arrive en redingotte d'uniforme, suivi d'un valet. Eh voilà, dit-il, les gens que vous cherchez ! Cela pourrait bien être, dit le commissaire ; écoutons-les. Ils se mettent à l'écart et entendent le colonel d'Harcourt, car c'est lui-même, parler un peu emphatiquement de la guerre et de la gloire. — Entendez-vous, dit le comédien, ils font leur répétition. — C'est cela, dit le commissaire ; et là-dessus il vient très poliment proposer au colonel de le suivre. Le colonel, fort étonné d'abord, se fâche ensuite ; l'aubergiste accourt au bruit, s'emporte à son tour : le colonel d'Harcourt est arrivé, il a soupé, il a été harangué ; il a vu l'illumination et la garde d'honneur ; il loge à la Carpe d'Or. Qui peut douter à présent que ce ne soit le vrai colonel ? Le comédien hussard arrive, voit ce que c'est, et sent bien qu'il n'y a de moyen de se tirer d'affaire qu'en disant la vérité au colonel ; mais le commissaire ne veut pas perdre de vue son prisonnier, il veut qu'on aille devant le maire. Le comédien n'a garde. Eh bien, dit-il, laissez-moi le prisonniers, j'en réponds. On se retire respectueusement. Le colonel bientôt mis au fait se prête de bonne grace à servir les comédiens, et même à aller par-devant le maire à leur place ; mais le trompette arrive et saute au cou du colonel, dans lequel il reconnaît un officier à qui il a sauvé la vie. Alors tout est connu, le colonel se rend caution pour les comédiens, promet d'arranger leur affaire, les invite à venir jouer des proverbes dans le château qu'il vient d'acquérir près de Bordeaux, et fait le trompette concierge, ce qui lui assure la main de Babet. Il y a de la gaîté et de la vivacité dans la légère intrigue de cette petite pièce ; les vers n'en ont pas donné beaucoup de peine à faire ; mais il y en a de piquans, et même d'assez bien tournés. Enfin, c'est plus qu'il en faut pour amener d'assez jolis ballets qui la terminent en l'honneur de l'arrivée du colonel. Cette petite pièce a été applaudie. L'auteur est M. Charles Maurice.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 14e année, 1809, tome II, p. 398 :

[Exécution en règle de la pièce, avec pour seule explication l’attitude des spectateurs. Une quasi chute, mais pas encore totalement une chute ! Mais l'auteur a tout de même été nommé.]

ODÉON. THÉATRE DE L'IMPÉRATRICE.

Les Comédiens d'Angoulême, comédie en un acte et en prose} jouée le lundi 10 avril.

L'embarras de deux Comédiens, leur déguisement, le quiproquo qui en résulte, la gaieté d'un Colonel arrêté par les huissiers, puis reconnu, puis acquittant les dettes des deux Comédiens, tout cela a paru très-ennuyeux et très-long ; tous les spectateurs ont ou sifflé ou bâillé, la toile est tombée, et la pièce en a fait à peu près autant. M. Charles Maurice en est l'auteur.

Ajouter un commentaire

Anti-spam
 
×