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Les Coups de l’amour et de la fortune ou le Siège de Barcelone

Les Coups de l’amour et de la fortune ou le Siège de Barcelone, comédie en cinq actes et en vers, de Quinault, remise en trois actes par Imbert, 10 novembre 1790.

Théâtre de la Nation.

Titre :

Coups de l’amour et de la Fortune, ou le Siège de Barcelonne

Genre

comédie

Nombre d'actes :

5, puis 3

Vers / prose ?

en vers

Musique :

non

Date de création :

10 novembre 1790

Théâtre :

Théâtre de la Nation

Auteur(s) des paroles :

Quinault et Imbert

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1790, tome XII (décembre 1790), p. 319-320 :

[La pièce n’est pas vraiment une nouveauté, puisqu’elle est une réécriture en trois actes d’une pièce de Quinault en cinq actes. Quelques défauts de convenance, un écuyer trop bouffon, sinon la pièce a réussi : intrigue singulière, dialogue allégé par rapport au modèle, bon spectacle (« un siege en forme & un grand embrâsement »), jeu des acteurs remarquable.]

THÉATRE DE LA NATION.

On a donné le mercredi 10 novembre, à ce théatre, la premiere représentation des Coups de
1'amour & de la fortune
, ou le Siege de Barcelonne, comédie en trois actes, en vers, de Quinault. Elle étoit originairement en cinq : elle a été remise en trois par feu M. Imbert. L'idée en est singulière & piquante. L'amant aimé de la princesse Aurore, le brave Roger, lui fait un présent considérable, lui sauve la vie dans un embrâsement, remporte pour elle une victoire qui lui assure le trône, & il arrive à chaque fois que tontes ces marques d'amour & de fidélité sont attribuées à son rival, soit par la ruse de celui-ci, soit par des coups de hasard qui font tomber entre ses mains des indices dont il se prévaut, & qui semblent prouver en sa faveur. A la fin, comme on s'y attend, le véritable amant est récompensé, & l'autre confondu, mais par un moyen assez bizarre & qui ne réussiroit pas dans une piece nouvelle. La bague de la princesse est tombée entre les mains d'un soldat qui l'a vendue mille écus au rival de Roger; mais la somme n'a pas été comptée, & il vient réclamer son payement, en se plaignant du peu d'exactitude des courtisans à payer leurs dettes.

Il y a dans cette piece quelques défauts de convenance, & un rôle d'écuyer dont le caractere de bouffonnerie est un peu chargé ; mais en général la singularité de l'intrigue a piqué & soutenu la curiosité, & la piece a fait grand plaisir. Le dialogue étoit très-chargé dans les cinq actes de Quinault : dans les trois actes nouvellement refondus, il est dégagé d'une infinité de fadeurs qui n'auroient pu réussir comme autrefois.

Le spectacle est très-beau & très-bien exécuté : le cadre de la piece est le Siege de Barcelonne ; on y voit un siege en forme & un grand embrâsement, au milieu duquel Roger sauve la princesse. Ce rôle est très-bien rendu par M. Sainfal, celui d'Aurore par Mde. Petit, & l'écuyer bouffon par M. la Rochelle.

(Journal de Paris.)

Paris en 1790, Voyage de Halem, traduction, introduction et notes par Arthur Chuquet [Paris, 1896], p. 342-343 :

[Halem est un de ces voyaueurs étrangers ayant raconté son séjour en FRance en 1790. Il informe notamment sur la vie culturelle à Paris, et ici, sur une représentation des Coups de l'Amour et de la Fortune ou le Siège de Barcelone. Son jugement est sévère. La note, due à l'éditeur du texte de Halem donne de nombreuses références à des extraits de journaux concernant la pièce.]

Une pièce de Quinault, retouchée par Imbert, Les Coups de l'Amour et de la Fortune ou le Siège de Barcelone, était annoncée au Théâtre de la Nation. Cela m'attirait. Je me dirigeai vers le faubourg Saint-Germain par le Pont-Neuf que je trouvai encombré de monde. Dans le voisinage de la statue de Henri IV, la garde criait « à gauche » et les passants devaient passer du trottoir sur le milieu de la chaussée. J'entendis que le peuple menaçait de mettre le feu à l'hôtel de Castries et qu'on traînait des pièces d'artillerie pour l'en empêcher, comme du reste on l'en empêcha réellement. Il y a dans l'œuvre de Quinault plus de vacarme que de jeu théâtral. Le tonnerre tombe sur un palais qui est incendié; on assiège et escalade Barcelone, etc. L'esprit du vieil amour romanesque respire dans la pièce qui n'est pas digne de l'auteur d'Armide. Le véritable amant accomplit trois fois des prouesses pour la princesse de son cœur, et trois fois un rival lui en ôte frauduleusement l'honneur. Voilà, comme disent justement les Français, des héros bêtes à force d'être langoureux. Une bague dévoile l'imposture et donne le bonheur à l'amant. Mlles Petit et Fleury faisaient les deux princesses qui se disputent le trône de Barcelone ; elles parurent en amazones avec des casquettes et leur charme y gagna. Un pas russe, sorte de menuet à la reine, qui fut dansé dans le ballet, recueillit à bon droit de grands applaudissements (2).

(2) La Chronique de Paris du 13 novembre fait justice de cette pièce qu'elle qualifie d'héroïglaciale », et la regarde comme un des ouvrages les plus fades et les plus médiocres de Quinault. « Elle ne nous paraît mériter ni le travail d'un homme de lettres (elle avait été retouchée par le poète Imbert qui venait de mourir le 23 août ; voir sur lui la longue notice de Sautreau dans le Journal de Paris du 11 octobre, et l'Eloge en tête de l'Almanach des spectacles de 1791), ni le choix des Comédiens Français qui ont cependant fait beaucoup de frais pour l'établir », et le journal ajoute qu'il avait envie de n'en pas parler, « tant elle est peu digne d'intéresser le public ». Le Moniteur du 19 novembre s'écrie pareillement : « Quelle folie que de faire représenter cette tragi-comédie de Quinault ! Il n'y a ni action, ni intrigue, ni intérêt ; tout y est vide, tout y est nul. C'était bien la peine de faire une dépense énorme pour remettre une production de la plus excessive médiocrité ! Le compte rendu du Journal de Paris (13 novembre) est bien plus indulgent. Cf. Etienne et Martainville, I, p. 190-194.

La note renvoie à Étienne et Martainville, Histoire du Théâtre français, tome 1 (à Paris, chez Barba, an 10 – 1802), p. 190-194.

Sous le titre de les Coups de 1'amour & de la fortune, ou le Siege de Barcelonne, la base César propose une pièce d’auteur inconnu, jouée au Mans en 1781, puis à un endroit inconnu en 1788. Ce n’est pas notre pièce. La pièce de Quinault, seulement intitulée les Coups de 1'amour & de la fortune, comporte une musique de M. Heudeline ; elle a été jouée dès 1656, et a été reprise au XVIIIe siècle dans divers théâtre (Rouen, Bruxelles, Caen). Sa nouvelle version (César ne parle pas de la réécriture par M. Imbert) a été jouée 3 fois les 10, 13 et 21 novembre 1790 au Théâtre de la Nation.

Dans la Gazette nationale, ou le Moniteur universel, la pièce est annoncée au Théâtre de la Nation, d'abord le 10novembre, en signalant qu'il s'agit de la première de la pièce, puis le 13, en signalant qu'il s'agit de la deuxième représentation, et en précisant qu'elle a été « retouchée par Imbert, avec tout son spectacle ».

Le site Gallica de la BNF propose le texte de la tragi-comédie de Quinault (édition de 1660, en cinq actes).

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