Don Quisciotte della Mancia, o il cavaliere errante

Don Quisciotte della Mancia, o il cavaliere errante, opéra italien, musique del Signor Tarchi, 2 août 1790.

Théâtre de Monsieur.

Titre :

Don Quisciotte della Mancia, o il cavaliere errante

Genre

opéra italien (bouffon)

Nombre d'actes :

 

Vers / prose ?

 

Musique :

oui

Date de création :

2 août 1790

Théâtre :

Théâtre de Monsieur

Auteur(s) des paroles :

 

Compositeur(s) :

Angelo Tarchi

La pièce est annoncée dans le Journal de Paris n° 213 du 31 juillet 1790, p. 872 en ces termes :

Théâtre de Monsieur, à la Salle de la foire S. Germain. Azélie, Opéra franç. & la Famille patriote, comédie. Demain la 1re représ. de Don Quisciotte della Mancia o il Cavaliere errante, Opéra bouffon, musique del Sgr. Tarchi.

« L’ouvrage intitulé il Cavaliere errante, est le premier Opéra Italien fait à Paris & pour Paris : c’est un titre pour qu’il soit traité favorablement. la Musique est du célebre Tarchi, connu en Angleterre & sur-tout en Italie, par des succès aussi nombreux que mérités. Le Poëme, comme presque tous ceux de ce genre, a besoin d’une grande indulgence : l’auteur n’a eu pour but, que de rassembler dans son ouvrage, des Sujets chers au Public ; et nommer Mad. Mandini, Mlle Baletti, MM. Rafanelly, Mandini, Viganoni, Rovedino, c’est luipromettre l’exécution la plus parfaite. Il est à desirer qu’elle soit suivie d’un succès brillant, & capable de fixer parmi nous un Compositeur fort jeune encore, & qui cependant peut être compté parmi les plus grand maîtres d’Italie.

P. S. « Les Administrateurs de ce Spectacle, pleins de zele pour tout ce qui peut être agréable au Puvlic, ont prié Mlle Parizot & M. Gavaud, de remplir deux très-petits rôles François ; & c’est avec une grace infinie qu’ils ont bien voulu s’en charger. »

Le compte rendu que ce même journal consacre à la pièce dans son numéro 216 du Mercredi 4 Août 1790, p. 888, est ce que reproduit l’Esprit des journaux français et étrangers (voir ci-dessous), à l’exception de la fin :

Nous engagerons pareillement l’Orchestre à prendre garde que très souvent il couvre les voix. Une réunion d’aussi habiles Artistes ne doit rien négliger de ce qui tend à la perfection. Mlle Baletti est étonnante dans le rôle de Rosina. La fraîcheur, la netteté & la flexibilité de sa voix ont entraîné tous les Spectateurs dans deux ariettes de bravoure, qu’elle chante avec un goût & un art de chant qui n’appartiennent qu’à elle. Nommer, pour les autres rôles, MM. Raffanelli, Mandini, Viganoni & Rovedino, c’est annoncer l’ensemble le plus parfait de tous les talent.

Mercure de France, tome CXXXIX, n° 33 du samedi 14 août 1790, p. 80 :

[Compte rendu rapide et défavorable : annoncé à grand son de trompe, ce premier opéra écrit pour le Théâtre de Monsieur, dont le titre complet est Don Quisciotte della Mancia, o il cavaliere errante, n’a pas réussi, et le « poème » se voit reprocher très classiquement « de la froideur & de la monotonie », sur un sujet (Don Quichotte, tout de même) qui vaut mieux que ce qui en a été fait. La musique est mieux jugée, mais elle n’a pas suffi pour sauver l’opéra

THÉATRE DE MONSIEUR.

On a donné avec peu de succès Il Cavaliere errante, Opéra-comique Italien, le premier Ouvrage de ce genre, qu'on ait composé exprès pour ce Théatre. L'annonce, un peu fastueuse, qui en avoit été faite, peut avoir contribué à la sévérité des Spectateurs ; mais il faut avouer aussi qu'on peut reprocher au Poëme de la froideur & de la monotonie dans un sujet qui pouvoit fournir au moins de la gaîté & des situations.

Le talent du Compositeur, Il Signor Tarchi, célèbre Musicien, n'a pu triompher de la défaveur du Poëme.

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1790, tome VIII (août 1790), p. 344-345 :

[Le propos du critique est un peu embarrassé : il s’étonne d’abord du choix curieux de donner à un opéra écrit pour Paris un livret italien, traduit d’un livret français. Il hésite ensuite entre éloge et blâme / le livret est mauvais (« ni intérêt, ni même une charpente comique », ce qui est étonnant quand on connaît le réservoir de comique que constitue le roman) ; quant à la musique, elle est pleine de réminiscences (c’est un défaut !), elle est trop complexe, elle est monotone, mais ces défauts paraissent compensés par des éléments positifs : le musicien est très jeune (il a en effet trente ans), et finalement l'œuvre plaît, on s’amuse, on ne s’ennuie pas (mais « l'on est bien aise de voir finir la piece »). Voilà qui est compliqué !]

THÉATRE DE MONSIEUR.

On a donné le 2 août, la premiere représentation de don Quisciotte della Mancia, o il cavaliere errante, opéra italien, musique del signor Tarchi.

Cette piece est le premier opéra italien fait à Paris & pour Paris. Mais ce qui paroît incroyable, c'est que ce poème étoit d'abord en françois & qu'il n'a été que traduit en italien. On n'y trouve ni intérêt, ni même une charpente comique. Don Quichotte, & son écuyer Sancho, ne sont-là que deux perſonnages acceſſoires ; & , à l'exception d'une situation où le héros de la Manche brise une lanterne magique, parce que les figures lui paroissent être des géans, on ne trouve nulle part ni les détails, ni la gaîté du roman. C'est l'histoire de l'hôtellerie où Sancho-Pança fut berné dans une couverture, & don Quichotte attaché par le bras à un balcon. Cependant, pour faire un opéra-bouffon, quelle mine plus féconde que le roman de don Quichotte ? que de, situations piquantes, que de scenes vraiment comiques, & le chevalier & son écuyer ne pouvoient-ils pas fournir ? L'embarras du choix étoit le seul qu'un auteur, travaillant sur ce sujet dût éprouver. Mais passons sur cette bizarre rapsodie. La musique del signor Tarchi renferme sans doute des beautés qui méritent que l'on encourage ce jeune compositeur ; mais il paroît tellement nourri des ouvrages des grands maîtres, qu'il lui échappe très-souvent des réminiscences ; par-tout sa verve abondante entasse phrases sur phrases , & cette multitude d'idées rend ses morceaux tellement incohérens, qu'il est impossible que la mémoire garde aucuns de ses traits, même les plus mélodieux. A ce défaut qui, cependant est beau dans un jeune-homme, se joint une monotonie de style qui rend l'ouvrage long, sans néanmoins le rendre très-ennuyeux : on s'amure , & l'on est bien aise de voir finir la piece ; telle est réimpression qu'éprouve le spectateur. Ce n'est toutefois que l'âge & les étonnantes dispositions que fait briller il fignor Tarchi, qui nous engagent à lui donner cet avis, qui prouve l'intérêt que nous prenons aux progrès d’un art dans lequel il est déja si avancé. Plusieurs morceaux justement applaudis doivent faire désirer que ce compositeur, dont les talens ont obtenu de si grands succès en Italie & en Angleterre, se fixe quelque tems à Patis, afin de contribuer, en s'exerçant sur d'autres fonds, aux plaisirs des amateurs qui habitent cette capitale.

D’après la base César, l’opéra d’Angelo Tarchi, dont le librettiste n’est pas connu, a été joué 3 fois au Théâtre de Monsieur / Théâtre Feydeau, les 2, 4 et 7 août 1790. Le titre est orthographié Don Chisciotte della Mancha, sans sous-titre.


 

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