Donna-Bella

Donna-Bella, pantomime en deux actes, de M. Hullin, et Voilà.... prologue de la pantomime, avec des couplets, de M. Édouard, 20 avril [1811].

Monsieur Édouard est un des pseudonymes derrière lequel se cache prolifique Brazier.

Théâtre de la Gaîté.

Titre :

Donna Bella

Genre

folie-pantomime

Nombre d'actes :

2

Musique :

oui (danse)

Date de création :

20 avril 1811

Théâtre :

Théâtre de la Gaîté

Chorégraphe(s) :

Hullin

Almanach des Muses 1812.

Journal de Paris, n° 112 du lundi 22 Avril 1811, p. 792-793 :

[Le titre de la pièce n'a pas de rapport avec la belladone, il désigne simplement une « belle dame », et loin d'être un somnifère, la pantomime de Hullin est pleine d'une « originalité constamment vive et piquante ». Le critique nous met également en garde : « ni enlèvemens, ni combats », il ne s'agit pas d'un mélodrame; et « la fable en est d'une extrème simplicité ». Elle raconte l'histoire d'une jeune fille dotée « de la plus ardente imagination » qui est amoureuse d'un homme qu'elle a imaginé et peint. Son père veut la marier (occasion de mettre en scène une belle fête), mais la jeune fille se montre si réticente qu'il cherche à comprendre, et obtient la clé du mystère : il voit le portrait tracé par sa fille, y reconnaît un ami, lui-même amoureux de donna Bella. Le beau jeune homme vient incognito à la fête donnée par le père de Donna Bella, elle l'entend chanter la romance qui l'avait tant émue autrefois, et elle tombe sans connaissance. Sa raison est ébranlée, impossible de la distraire, jusqu'à ce que le beau jeune homme apparaît : il est bien celui qui a inspiré le tableau, et il gagne la main de la belle donna. La pantomime est un grand succès. Il faudrait simplement la réduire un peu. Sinon, tout est très bien : « les décorations, les costumes, les jeux, les changemens à vue, les ballets ». Les enfants Hullin ont dansé avec leur père, qui est aussi le créateur du ballet. Note finale moins positive : la pièce est précédée d'un prologue que le ceitique trouve de mauvais goût, et dont il ne veut rien dire.]

I.re représentation de Donna Bella, ou Les Illusions de l'Amour, pantomime en 2 actes.

Tous les médecins et les apothicaires savent que la bella-donna est un de nos plus puissans narcotiques. On pourroit, d'après cela, se figurer que la pièce dont nous avons à rendre compte a endormi quelques personnes. Ce seroit une conjecture aussi fausse que maligne ; l'auteur n'a point administré de remède assoupissant aux spectateurs, il les a, au contraire, tenus bien éveillés par l'originalité constamment vive et piquante des ballets dont sa pantomine est entremelée. Il ne faut donc voir dans le titre de cette pantomine, que le nom flatteur d'une belle dame, et ce nom est parfaitement justifié par les charmes de la jeune actrice* qui remplit le principal rôle :

« La beauté dans sa fleur brille sur son visage. »

Il n'y a dans la pièce ni enlèvemens, ni combats ; la fable en est d'une extrème simplicité.

Donna Bella, fille du baron de Telasco, s'abandonne aux écarts de la plus ardente imagination, et devient passionnément amoureuse d'un personnage idéal, dont elle a tracé le portrait ; elle adore en secret ce tableau, représentant un beau jeune homme ; mais le désespoir de pouvoir jamais rencontrer dans le monde un mortel parfaitement semblable à cette figure fantastique, la fait tomber depuis quelques jours dans une sombre mélancolie.

Cependant le baron de Telasco veut marier sa fille ; il l'a promise au chevalier Don Carlos, qui, dans le même jour, arrive au château, où l'on a préparé des fêtes magnifiques. Donna Bella, forcée de recevoir la visite d'un homme qu'elle n'aime point, ne peut déguiser la douleur qu'elle éprouve ; Don Carlos s'apperçoit de son trouble ; il veut en pénétrer la cause : une suivante indiscrette l'informe de tout et lui fait voir le mystérieux portrait. Il le considère avec surprise, et croit y reconnoître les traits d'un de ses intimes amis, le jeune comte Sebastiano. C'est en effet ce beau seigneur que Donna Bella a vu en rêve, et qu'elle a représenté de souvenir. Heureusement Don Carlos est un homme sage, il prend le parti de dissimuler.

De son côté, Sebastiano est amoureux de Donna Bella, il se déguise en troubadour et vient chanter une romance sous les fenêtres de sa belle. Celle ci l'apperçoit, reconnoît en lui le divin objet dont l'existence lui paroissoit chimérique ; son imagination travaille et s'exalte, et l'infortunée tombe presque aussitôt dans une sorte de délire.

Les fêtes commencent. Toujours déguisé en troubadour, le jeune comte demande à faire connoître ses talens, et s'avance au milieu de l'assemblée, où il chante la même romance qui a déjà porté le trouble dans le cœur de Donna Bella. On pense bien qu'un second événement de ce genre ne peut avoir lieu sans causer quelque évanouissement ; Donna Bella tombe sans connoissance, et le plus grand désordre règne sur la scène. C'est ici que finit le premier acte.

Le second est un peu plus vide. Sebastino, reconnu par don Carlos, lui avoue qu'il est son rival ; don Carlos, aussi généreux que prudent, se désiste de toute prétention sur la maîtresse de son ami. On mande des médecins pour donner des soins à Donna Bella, dont la passion dégénère en vapeurs noires. Ces docteurs ne sont pas d'accord sur l'état de la maladie ; le comte, déguisé en Esculape, donne de l'argent à ces ignorans pour les engager à signer une ordonnance conçue en ces termes :

Pour finir sa mélancolie
Unissons amour et folie.

Ils signent ; le père de Donna Bella, promet hautement une brillante récompense à celui qui fera cesser la mélancolie de sa fille. Le théâtre change ; tout prend un air de fête sur la scène ; les habitans du village exécutent différentes sortes de jeux. Mais rien ne peut distraire Donna Bella,..... Ce bonheur étoit réservé à Sebastiano, qui, au moyen d'un changement à vue, paroît subitement en costume de comte, et gagne le prix proposé. Chacun témoigne la joie que lui inspire cet heureux événement, et un tableau général termine la pièce.

Cette pantomime , dont la représentation étoit au bénéfice de M. Hullin, et qui avoit attiré une brillante assemblée, a complètement réussi. La marche en est peut-être un peu trop lente et trop unie, elle a besoin de quelques retranchemens; mais les décorations, les costumes, les jeux, les changemens à vue, les ballets, et plus que tout cela, l'extrême gentillesse des enfans de M. Hullin, forment un spectacle charmant qui promet d'abondantes recettes.

L'auteur a été demandé, nommé et amené sur la scène. C'est ce même M. Hullin ; il a paru avec toute sa jolie famille, et ce nouveau tableau, encore plus intéressant que les autres, a excité des applaudissemens unanimes.

La représentation de cette pièce avoit été précédée d'un prologue intitulé : Voilà !......, qui a également obtenu du succès. C'est une espèce d'introduction dans laquelle tout n'est pas de bon goût, mais qui renferme des couplets assez plaisans. Nous croyons toutefois pouvoir nous dispenser d'analyser cette bagatelle.

Mémorial dramatique ou Almanach théâtral pour l’année 1812, VIe année (1812), p. 200-201 :

[Où l'on apprend ce qu'est le prologue que le critique du Journal de Paris trouvait de si mauvais goût... qu'il refusait d'en parler. Il est l'œuvre d'un Monsieur Édouard dont le critique ne dit rien. Le Mémorial dramatique, qui n'écrit pas à la suite de la première, comme le fait le critique du Journal de Paris peut se montrer plus réservé que lui: la pièce, simple tableau pour montrer la grâce des danseurs, n'a pas vraiment réussi.]

Donna Bella, folie-pantomime en 2 actes, par M. Hullin, et voilà... prologue, par M. Edouard. (20 avril.)

La mère Bonifacia a une jeune fille, Lauretta, qui aime Paulino. Cette Bonifacia est une espèce de Don Quichotte femelle ; c'est une seconde Tante Aurore avec toutes ses visions elle a l'esprit frappé des histoires de la chevalerie ; dans tout le monde elle voit des héros. La situation de Donna Bella a agi sur elle avec tant de force, qu'elle a la même mélancolie, les mêmes vapeurs, et qu'elle cherche un chevalier pour sa fille ; elle a cru le trouver dans un sot, nommé don Resinetti, qu'elle préfère à Paulino ; mais Resinetti prouve qu'il n'a ni esprit, ni talent, ni courage, et il est obligé de céder la main de Lauretta à Paulino... Et voilà.... Ce mot sert de titre au prologue, parce que Resinetti le répète sans cesse.

Quand à la pantomime, on doit moins la regarder comme une pièce régulière que comme un cadre propre à faire briller les talens de tous les danseurs que possède ce théâtre.

Le baron de Telesco destine sa fille, Donna Bella, au comte don Carlos ; mais Donna Bella, éprise du comte Sebastiano, témoigne beaucoup de froideur à son prétendu. Sebastiano, déguisé en troubadour, cherche à la voir ; il est reconnu par un valet, dont il achète le silence. Le comte don Carlos le reconnaît aussi dans une fête où cet amant figure, toujours sous son déguisement de troubadour. Donna Bella, ne pouvant calmer les mouvemens de son âme, tombe évanouie. Sa mélancolie prend un caractère alarmant ; on fait une consultation de médecins. Mais dans une pareille maladie, Sebastiano est le plus habile docteur qu'on puisse employer. On conduit Donna Bella à une féte villageoise, et on promet une récompense à quiconque pourra dissiper la douleur de la fille du baron. Le spectacle des scènes les plus burlesques et les plus folles l'égaye à peine. Sébastiano seul pourra la guérir. Heureusement Carlos est son ami, et en rival généreux, il renonce à ses prétentions. Le baron cède à la prière des amans, et les unit

Cet ouvrage n'a eu qu'un faible succès et très-peu de représentations.

* Mlle Hugens.

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