Dorphinte, ou le Bienfaisant par ostentation, comédie en trois actes et en vers, 18 frimaire an VIII (9 décembre 1799).
Théâtre Feydeau.
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Titre :
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Dorphinte, ou le Bienfaisant par ostentation
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Genre
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comédie
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Nombre d'actes :
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3
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Vers / prose
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en vers
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Musique :
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non
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Date de création :
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18 frimaire an VIII (9 décembre 1799)
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Théâtre :
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Théâtre Feydeau
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Auteur(s) des paroles :
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Courrier des spectacles, n° 1011 du 19 frimaire an 8 [10 décembre 1799], p. 2 :
[Encore un récit d’échec. La pièce, une comédie en vers (signe d’ambition de la part de l’auteur) n’a pas d’autre mérite que le style, au moins pour le début de la pièce. Sinon, « une action extrêmement froide, nul intérêt, des invraisemblances ». L’intrigue est racontée de façon détaillée, et elle ne brille en effet ni par l’originalité, ni par la cohérence, mais le critique s’arrête en plein troisième acte : il n’a pas entendu la fin, et le dénouement restera inconnu.]
Comédiens-Sociétaires de l’Odéon, théâtre Feydeau.
La comédie en trois actes et en vers, donnée hier pour la première fois à ce théâtre, n’a point eu de succès. Les sifflets ne se sont fait entendre qu’à la fin du troisième acte, grâce à la longue patience du public. Une action extrêmement froide, nul intérêt, des invraisemblances, voilà ce qui devoit immanquablement amener la chute de cet ouvrage, dont le seul mérite nous paroît être dans le style, au moins pour le premier acte.
D’Armand, après s'être marié secrètement, a abandonné sa femme et sa fille et vit dans l’opulence à Paris, sous le nom d’Orphinte, et s’efforce d’y gagner tout le monde en affectant une bienfaisance qui n’est point dans son cœur. Dermesse, fils d’un avocat, séduit par l’apparence, recommande à d’Armand une jeune orpheline, nommée Rosalie, qu’il aime et qui n’a d’autre appui qu’un vieux paysan, qui l’a recueillie depuis plusieurs années. d’Orphinte apprend qu’on l’accuse d’avoir abandonné sa femme et sa fille. Le meilleur moyen qu’il trouve pour se disculper, c’est de doter l’orpheline qu’on lui présente. Il va chez le Notaire faire dresser le contrat de mariage de Rosalie avec Dermesse fils : mais dans l’intervalle, on ne sait trop comment, Rosalie retrouve sa mère dans Mad. d’Armand, qui vient consulter Dermesse père. Ce dernier lui parle d’Orphinte qui consent à doter sa fille ; il la place dans un lieu d’où elle pourra l'entendre. Dorphinte arrive, et quoique son épouse entende en effet tout ce qu’il dit, elle ne le reconnoit pas ; elle ne le reconnoit pas plus en le voyant ; quinze ans ont vraisemblamement changé sa voix et ses traits, mais le testament du père d’Armand ne laisse aucun doute : il ne peut se défendre d’avoir abandonné sa fille et son épouse.... (Ici nous sommes à la fin du troisième acte, et les sifflets empêchent d’entendre le reste, )
Journal de Paris, n° 80, 20 frimaire an VIII, p. 364 :
[Le résumé de l’intrigue, qui ouvre le compte rendu prépare le jugement qui sera porté ensuite : la reconnaissance qui permet le dénouement est un peu moquée... La pièce n’est pas sans défauts : le principal est la mauvaise définition du caractère de Dorphinte, qui n’est pas l’ostentation, mais plutôt « une hypocrisie atroce & révoltante », et qui n’est pas assez développé (cette ostentation porte sur bien peu de choses). Le style, comme souvent, est jugé « un peu négligé »; malgré « des vers heureux & même de très-belles tirades dans le premier acte ». Le compte rendus s‘achève sur d’utiles conseils à l’auteur, invité « à être plus sévère dans la composition de ses plans & à étudier davantage le cœur humain ». Il n’a pas été demandé.]
THÉATRE LYRIQUE DE LA RUE DE FEYDEAU.
Dorphinte, bienfaisant par ostentation, est dans son intérieur méchant et avare ; il a abandonné depuis 20 ans son épouse & sa fille, &, pour se soustraire à leurs recherches, il a pris un nom qu’elles ne lui connoissent pas. Dermès (fils d’un avocat son voisin), trompé par les apparences, est devenu son zélé admirateur. Dorphinte, qui fait tout ce qu’il faut pour nourrir l’enthousiasme de ses dupes, apprend que ce jeune homme est épris d’une orpheline, & s’empresse de protéger son amour. Il offre une dot à l’aimable inconnue & l’accompagne même chez Dermès, le père, pour y proposer l’union des deux amans. Là se fait une reconnoissance imprévue par les personnages, mais bien prévue par le spectateur ; l’épouse de Dorphinte se trouve dans le même lieu pour y consulter sur les poursuites qu’elle doit faire contre son mari, & celui-ci apprend que l’orpheline dont il veut faire le bonheur par ostentation, est sa propre fille qu’il avoit sacrifiée par avarice. L’entrevue n’est ni longue, ni sentimentale ; Dorphinte, convaincu de scélératesse, s’enfuit sans rien dire, & laisse tous les personnages fort indécis sur ce qu’ils doivent faire.
Tel est à-peu-près le fonds de la pièce en 3 actes & en vers, jouée avant-hier pour la première fois sur ce théâtre, sous le titre de Dorphinte ou le Bienfaisant par ostentation. Quoique plusieurs passages aient été fort applaudis, elle n’a pas eu tous les honneurs du succès. Des défauts saillans ont provoqué la rigueur du public ; le caractère de Dorphinte n’est point précisément de l’ostentation, comme sembloit l’annoncer le second titre de l’ouvrage, c’est plutôt une hypocrisie atroce & révoltante. Ainsi l’auteur a confondu ce qui n’est qu’un ridicule outré, avec ce qui est un véritable crime. Ce caractère n’a point d’ailleurs assez de développement, puisque Dorphinte ne joue la bienfaisance que devant deux misérables personnages fort peu en état de lui faire une réputation, & l’objet de son ambition est trop peu de chose pour motiver ses efforts, puisqu’il ne postule qu’une place de chef de bureau. L’homme qui peut regarder ce poste avec un œil d’envie, n’est sûrement pas un protecteur bien fastueux, et ne devroit même pas espérer de l’obtenir en affichant de la magnificence. Passe encore, s’il s’agissoit du ministère.
Quant au style, il nous a paru un peu négligé ; mais il y a des vers heureux & même de très-belles tirades dans le premier acte, & il est aisé de sentir, en écoutant cet ouvrage, que l’auteur a un vrai talent pour la poésie didactique, poésie malheureusement peu convenable au théâtre. Nous l’engageons, au nom de son propre intérêt & de l’estime qu’il paroît mériter, à être plus sévère dans la composition de ses plans & à étudier davantage le cœur humain. Son nom ne nous est pas connu ; il n’a pas été demandé.
Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 5e année, 1799, tome IV, p. 549-550 :
[La pièce n’a pas réussi, et le critique sait pourquoi : le public « a trouvé le caractère de Dorphinte tout-à-fait manqué », il est « d'une hypocrisie révoltante », et l’échec est donc normal.]
Dorphinte, ou le Bienfaisant par ostentation.
Cette comédie en trois actes et en vers, jouée au théâtre Feydeau, le 18 frimaire , n'a point eu de succès. On a trouvé le caractère de Dorphinte tout-à-fait manqué. L'auteur en a fait un homme bienfaisant par ostentation ; mais dans son intérieur, méchant et avare. Il a depuis 20 ans abandonné son épouse et sa fille, et a pris un nom supposé pour se soustraire à leurs recherches. Il apprend qu'un jeune homme, fils de son voisin, est épris d'une jeune orpheline, et s'empresse de protéger son amour ; il offre une dot à l'aimable orpheline, mais bientôt il s'enfuit en reconnoissant sa fille, dont il vouloit faire le bonheur par ostentation, après l'avoir sacrifiée par avarice. Le caractère de Dorphinte est d'une hypocrisie révoltante; aussi la pièce a-t-elle été justement mal accueillie.
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