I Due Gemelli, ou les Deux jumeaux

I Due gemelli, opéra-bouffon en deux actes, musique de M. Guglielmi, 14 janvier 1807.

Théâtre de l’Impératrice.

Titre :

Due gemelli (i), ou les Deux jumeaux

Genre

opéra bouffon

Nombre d'actes :

2

Vers / prose ?

en vers

Musique :

oui

Date de création :

14 janvier 1807

Théâtre :

Théâtre de l’Impératrice

Auteur(s) des paroles :

 

Compositeur(s) :

M. Guglielmi

A ne pas confondre avec le Due gemelle, du même compositeur.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Mad. Masson, 1807 :

I due Gemelli, dramma giocoso per musica in due atti, les Deux Jumeaux, opéra-bouffon en deux actes, Représenté pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre de l’Impératrice, le 14 janvier 1807

Sur la page suivante, en dessous de la liste des rôles, « La musica è del signor maestro. Guglielmi.

La brochure est bilingue, sur la page de gauche, le texte italien, à droite, le texte français.

L’Esprit des journaux français et étrangers, tome II, février 1807, p. 285-288 :

[Le compte rendu commence par l’indication d’un succès brillant pour un opéra qui continue la tradition de la musique italienne, même si la musique de Guglielmi n’est pas au niveau de ses illustres prédécesseurs. Moins d’éclat, de verve, d’imagination, mais elle a « le charme du naturel » et « une facilité exquise ». Elle a d’ailleurs reçu un accueil extraordinaire, du à sa qualité, mais aussi à d’excellents interprètes, dont la débutante Mme. Barilli. Le critique multiplie les expressions pour montrer l’enthousiasme du public. Bien sûr, le poème n’a pas droit au même traitement. C’est une adaptation aussi réussie que possible du sujet bien mal traité par le « poëte » italien. Le résumé de l’intrigue montre une histoire de jumeaux qui permettent de multiplier les méprises et les quiproquos, qui « n’ont rien de fort plaisant ». Le caractère de la jeune fille est « une vraie caricature essentiellement dénuée de vérité », et l’emploi d’un même acteur pour le rôle des deux jumeaux est source de difficulté de compréhension. C’est l’occasion pour le critique de rappeler combien le livret compte peu dans l’opéra-buffa, dans lequel c’est la musique qui doit être le moyen de faire comprendre l’objet de chaque scène.]

Théâtre de l'Opéra-Buffa.

Première représentation de I due Gernelli, musique de Guglielmi. Début de Mme. Barilli.

Cette représentation a été une bonne fortune pour l'administration de ce théâtre ; la nouvelle pièce et la débutante ont également obtenu et mérité un très-brillant succès. I due Gemelli est un très-agréable opéra-buffa ; la musique appartient à cette belle époque où brillèrent les Sarti, les Paësiello, les Cimarosa, dont, à force d'art, de travail et de recherche, les musiciens qui leur ont succédé ont si fort dégénéré. Guglielmi, contemporain et rival de ces grands maîtres, n'en a peut-être pas l'éclat, la verve et l'imagination, mais il compense ce désavantage par le charme du naturel, et d'une facilité exquise. Cette nouvelle pièce pourrait, à cet égard, servir de modèle. Rien de tourmenté, rien d'affecté dans cette musique ; les accompagnemens comme le chant, sans jamais paraître nuds et sans caractère, sont d'une simplicité et d'une vérité parfaites et cette simplicité est presque toujours pleine de grâce et d'élégance. La plupart des morceaux ont été vivement applaudis ; mais il en est un qui a excité un enthousiasme général, c'est le duo qui commence le finale du premier acte. Ce morceau, très-bien chanté par Mlle. Crespi et sur-tout par Mme. Barilli, est un vrai diamant : on ne saurait peindre avec plus de grace et de délicatesse la picoterie de deux jeunes sœurs se moquant avec malice de leurs prétentions réciproques. On l'a redemandé par des cris unanimes, et il a fait encore plus de plaisir à la seconde fois qu'à la première. Il serait difficile de rien comparer à ce duo ; mais je ne sais si le dernier quatuor du second acte n'est pas écrit avec autant de charme et de grace ; il est fâcheux qu'on ne l'ait entendu que lorsque l'attention était déjà un peu fatiguée : il aurait produit beaucoup plus d'impression, s'il eût été chanté pendant le premier acte ; et cet arrangement eût été très-favorable à tous égards : car, sauf ce délicieux duo et un très-bel air de Cimarosa, ce premier acte est moins fort que le second ; on trouve dans celui-ci, outre ce quatuor, un sextuor d'une très-belle facture, un air plein d'expression fort bien chanté par Bianchi, et un autre petit air très-joli, mia cara farfalletta, que Carmani a chanté d'une manière plaisante.

Le poëme, qui, même dans un opéra-buffa, n'est pas aussi indifférent pour le succès qu'on voudrait bien croire ne mérite pas autant d'éloges que la musique. Il a été aussi bien arrangé qu'il pouvait l'être, par l'homme de lettres chargé de ce soin ; mais l'auteur original n'a tiré qu'un pauvre parti de son sujet. Ce sont encore des Ménechmes : l'amant d'une jeune fille, désespéré de la voir bientôt l'épouse d'un riche rival qu'on attend, et dont il a vu le portrait, rencontre par hasard un pauvre poëte qui ressemble, trait pour trait à la figure de ce rival ; il lui remet cinquante écus pour se présenter comme l'époux attendu, et lui faciliter ensuite les moyens d'obtenir celle qu'il aime. Le poëte, qui trouve ce marché déshonorant, finit par l'accepter, se laisse revêtir d'habits magnifiques, et est agréé non-seulement par le tuteur, mais, ce qui est plus étonnant encore, par la jeune fille. Le véritable futur arrive bien-tôt, et il en résulte plusieurs méprises et quiproquo. Mais ils n'ont rien de fort plaisant. Le caractère de la jeune fille est une vraie caricature essentiellement dénuée de vérité ; elle épouse le mari ridicule qu'on lui destine, et son amant le trouve fort bon ; ce qui est au reste fort simple, quand il s'agit d'une pareille folle. Tout cela est dénué de sens, et, qui pis est, de gaîté : ce qui a nui de plus à l'effet et même à l'intelligence de la pièce, c'est que le même acteur joue les deux rôles des Ménechmes, et on a peine à découvrir, quand il paraît, quel est le rival réel ou supposé. Il est sans doute fort indifférent, dans un opéra-buffa, d'entendre ou non les paroles ; mais il est indispensable, même pour bien goûter la musique, d'avoir pour ainsi dire le premier mot de chaque scène. Ce n'est que par ce moyen qu'on peut juger jusqu'à quel point le compositeur a peint avec vérité la situation et le caractère de chaque personnage ; et le jour de cette représentation cette confusion des deux principaux personnages rendait cette attention un peu difficile.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 12e année, 1807, tome I, p. 480 :

[Ce qu’il faut retenir de cet opéra ? Qu’il continue la série de succès qui enrichissent l’Opera Buffa. Que madame Barelli a beaucoup d’atouts pour être une grande chanteuse. Sur l’opéra ? Pas grand chose, sinon une formule ambiguë : il « est aussi suivi qu'il mérite de l'être, autant par la composition que par l'exécution ».]

OPERA BUFFA,

Après avoir attiré long-temps avec les Cantatrice villane et la prova di un opéra séria, les bouffons viennent de s'assurer encore de bonnes recettes avec les Due Gemelli.

Cet opéra, de Guglielmi, est aussi suivi qu'il mérite de l'être, autant par la composition que par l'exécution. Madame Barilli, qui a débuté dans cet ouvrage, a eu le plus grand succès. Sa voix n'a pas une grande étendue, mais elle est douce et flexible, et sa méthode est excellente. Madame Barilli, jeune encore, est une excellente acquisition pour l'Opéra-Buffa.

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